Créée en 1978 sous l’appellation Groupement national des clubs omnisports, la FFCO a été intégrée au CNOSF vingt ans après. Preuve s’il en est de l’importance de cette fédération dans le paysage sportif français. Gérard Perreau-Bezouille, son coprésident, en détaille la mission et les objectifs.
La FFCO s’appuie plus sur le sport dit « populaire », pour représenter et défendre au niveau national des enjeux territoriaux. Est-ce à dire que vous privilégiez le sport amateur ?
On utilise l’idée de sport de tous plutôt que de sport populaire. Sous son aspect compétitif autant que pour le sport-santé, l’entretien, la découverte… Ce qui intéresse les territoires, c’est cette réponse aux besoins. Beaucoup de sports considérés comme mineurs (sans moyens, sans médiatisation…) existent sur le territoire français parce que les clubs omnisports les ont portés. Par exemple, le tir à l’arc à Nanterre (où je vis) n’aurait pas existé si le club n’avait pas entendu la demande de quatre ou cinq habitants. C’est à partir des besoins des gens qu’on peut construire une démarche sportive.
Vous avez participé la semaine dernière au salon des maires : quel rôle joue la FFCO auprès des communes de l’Hexagone ?
On se veut l’interlocuteur de proximité dans le secteur associatif. Les clubs omnisports irriguent l’animation, l’activité et les évènements d’une ville.
La refonte des régions françaises a-t-elle bouleversé le champ d’action de votre fédération ?
Non, parce qu’on n’est pas dans une structuration pyramidale avec des échelons qui servent d’écrémage dans la sélection des dirigeants. Les clubs sont des adhérents directs à la structure nationale. L’idée de base est d’irriguer le global par la proximité.
Vous êtes coprésident de la FFCO depuis 1994, quelles évolutions avez-vous pu constater en vingt-deux ans dans l’approche globale du sport ?
Il y a eu un double mouvement : le renforcement de l’esprit omnisports par le besoin de mutualiser les réponses et d’anticiper les problèmes qui peuvent se poser. Et l’éclatement des structures omnisports traditionnelles.
Selon une enquêté menée par la FFCO, 73 % des clubs et leurs dirigeants sont favorables au principe de candidature de Paris pour les JO 2024, mais seulement 29 % considèrent que cet événement aura un apport pour leur club et 50 % sont prêts à s’engager eux-mêmes. Comment expliquer ce décalage ?
Clubs et dirigeants sont attachés aux valeurs de l’olympisme (écologie, pacifisme, égalité…). Mais ils se posent des questions sur son évolution (gigantisme, aspect financier, place des entreprises…). Ils se demandent qui va payer. Si cela ne va pas tailler dans les moyens des clubs de base. Si les équipements seront réutilisables. Il y a eu les Jeux antiques 1.0, les Jeux de Coubertin avec la construction du sport moderne. Aujourd’hui, il faudrait peut-être redynamiser les JO afin qu’ils deviennent acteurs de la société.
Ces chiffres pourraient-ils évoluer si la France est choisie en septembre 2017 par le CIO pour organiser les JO dans huit ans ?
Dès la candidature, pour qu’elle soit retenue, il est souhaitable de porter des innovations, des jeux nouveaux. Regardez Los Angeles qui initie des Jeux de la démesure… Moi, je prône plutôt des jeux de la sobriété heureuse. À Barcelone en 1992, le lien construit entre sportifs, spectateurs et habitants, était très réussi. Les JO, c’est la grande fête omnisports.
Le livre récemment édité par la FFCO évoque la place des femmes et celle des territoires, mais aussi des enjeux géopolitiques et la façon de concevoir les Jeux de demain : comment appréhender ces changements ?
Les jeux de Coubertin étaient la traduction du monde basé sur les valeurs occidentales. Aujourd’hui, un tas de cultures différentes vont cohabiter, s’apporter mutuellement, construire un avenir commun qui ne sera pas un avenir de guerre. Aujourd’hui sans doute doit-on parler des enjeux de la planète et utiliser tous les moments, comme les JO, pour porter les couleurs de l’universalisme, la paix, le respect de la diversité, la tolérance. Sans Smith et Carlos en 1968, on n’aurait peut-être pas aujourd’hui Obama président des États-Unis : l’important à ce moment-là n’était pas l’aspect sportif mais le courage des ces athlètes.