Un Autrichien, un Américain et un Philippin. Cela pourrait être le début d’une mauvaise blague de Michel Leeb. Malheureusement, la réalité est moins drôle. Malgré leur éloignement géographique, Norbert Hofer, Donald Trump, Rodrigo Duterte appartiennent à une même famille : celle du populisme.
À travers l’ascension de ces personnages politiques, nous observons la montée inexorable des populismes dans le monde.
Rodrigo « Dirty » Duterte n’a eu aucune peine à se faire élire aux Philippines. L’homme enchaîne les attaques anticléricales, plaisante sur le viol, milite pour une justice sans tribunal. Tout comme son compatriote récemment élu sénateur, le célèbre boxeur Manny Pacquiao, il milite pour la peine de mort abolie le 24 juin 2006 après des décennies de lobbying de l’Église catholique, toujours aussi puissante pourtant dans ce pays.
Norbert Hofer, du Parti autrichien de la liberté, a failli devenir le premier chef d’État européen d’extrême droite depuis la Deuxième Guerre mondiale. Anti-migrants, anti-Européen, il a dû finalement s’incliner au second tour de la présidentielle devant le Vert Alexander Van der Bellen avec tout de même 49,7 % des voix. Le faible écart, 30 000 voix, l’a d’ailleurs conduit à déposer un recours. Ce bras de fer n’a donc pas encore connu son épilogue.
Donald Trump quant à lui ne cesse de gagner en popularité aux États-Unis. Depuis le début de la campagne des primaires, les observateurs attendent en vain que le soufflé retombe. Ses nombreuses sorties continuent de lui rallier de plus en plus de soutiens. Pire, celui qui était décrié comme un populiste démagogue revêt peu à peu les habits de présidentiable et aura certainement derrière lui dans la course à la Maison-Blanche les troupes du Parti républicain.
Les opinions publiques sont déçues par les politiciens traditionnels à un point inquiétant : la victoire de Trump aux primaires républicaines est un désaveu pour ce parti. En Autriche pareil, les partis traditionnels de gouvernement n’ont même pas passé le premier tour de la présidentielle !
Ces trois politiciens se présentent eux-mêmes volontiers comme « populistes », se prétendant « hors du système ». Ils promettent de redonner le pouvoir au peuple. Mais à quel prix ? Au prix de nos libertés. Au prix de la paix civile.
Nous pourrions aussi pointer du doigt le Brexit qui est, à certains égards, une autre conquête du populisme.
Face à la montée des obscurantismes comme Daech et à l’aggravation des inégalités, les peuples cèdent de plus en plus aux sirènes de la démagogie. Or, dans ce contexte mondial tendu où nos libertés sont menacées par les extrémismes de tout poil, il faut résister et ne pas répondre à la haine par la haine.
L’heure est grave : commençons sérieusement à envisager le pire, c’est-à-dire le jour où un grand État européen, voire la première puissance mondiale, sera gouverné par un populiste nourri par des projets de haine et de rejet de l’autre. Ce scénario est-il pour 2017 ?