Au Canada, la direction de l’école Robert-Gravel de Montréal a provoqué l’ire des élèves en annonçant sa volonté d’ajouter au code vestimentaire le port obligatoire du soutien-gorge.
Tout a commencé avec la décision du conseil d’établissement d’imposer le port de soutiens-gorge aux élèves, au prétexte du malaise de certains enseignants, évoquant notamment des « tissus transparents qui peuvent révéler certaines choses ». Pour les élèves qui avaient déjà accepté l’interdiction des shorts, bustiers et tuniques à bretelles « spaghettis », c’en était trop !
En signe de protestation, ils se sont amusés à enfiler des soutiens-gorge par-dessus leurs vêtements, en ont pendu à leur casier avec des messages pacifiques. « C’était drôle, relate Nathalia Uribe. Les garçons participaient aussi, j’ai trouvé ça très cool qu’ils soient solidaires. » Leur mouvement s’est inspiré de la campagne « Free the Nipple » (« libérez le mamelon »), destinée à contourner l’interdiction de montrer des images de poitrines féminines.
Couvrez ce sein que je ne saurais voir
Voyant le mouvement s’amplifier, le directeur de l’école a voulu faire machine arrière. Il a donc réuni le comité exécutif du conseil d’élèves afin de discuter d’une solution concrète. À l’issue de cette concertation, une lettre a été envoyée aux parents déclarant qu’il était « opportun de reformuler le règlement pour éviter toute interprétation litigieuse ». Il fut ainsi précisé que « les sous-vêtements ou les parties du corps qui se trouvent normalement sous les sous-vêtements ne doivent pas être visibles, et ce autant chez les filles que chez les garçons ». La direction a pris soin de préciser que ce changement avait été bien accueilli à la fois par les étudiants et le corps enseignant. Adèle, une élève, le confirme : « La direction a changé le règlement, elle nous a écoutés. »
Démocratie à l’école
Au-delà de cette contestation, chacun s’est félicité de la façon dont cette affaire a été traitée. « En tant que féministe, je trouvais ça très injuste comme règlement. On ne peut pas obliger une fille à mettre une brassière, c’est son choix », affirme Nina Cooren, une élève.
Le directeur a, quant à lui, complimenté les élèves « pour leur manifestation directe pacifique et colorée […]. Nous avons été témoins collectivement d’une expression juste d’une démarche démocratique. » Les parents ont loué la réaction rapide et positive de la direction. « Ils ont pris le temps d’écouter ce que les jeunes avaient à dire, ils ont modifié le règlement en conséquence et les ont félicités pour leur prise de parole. C’était la meilleure manière de régler ça », estime Catherine Lavarenne, une mère d’élève avant d’ajouter : Vraiment, ils ont été extraordinaires. Ils ne sont pas uniquement dans une dynamique d’imposer leur pouvoir, ils prennent à cœur de former des citoyens en devenir. »