Il faut reconnaître un certain talent politique à David Cameron. En souhaitant résoudre un problème d’ordre domestique à l’intérieur de son propre parti politique, il a décidé de prendre l’initiative d’organiser un référendum sur la sortie ou le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’Union européenne (qui d’ailleurs bénéficiait d’un statut « sur mesure »).
Le Premier ministre vient sans doute de réaliser l’exploit le plus inattendu : écrire le plus mauvais scénario que l’on puisse imaginer pour la Grande-Bretagne.
Le résultat est à la hauteur du fait générateur : singulier et surprenant. Très majoritairement, la jeunesse britannique s’est prononcée pour le maintien dans l’Union (les 18-24 ans ont voté à 75 % pour le maintien).
Les plus grands espaces économiques britanniques (Londres, l’Ecosse, le Pays de Galles…) ont voté pour que la Grande-Bretagne reste ancrée dans l’Europe.
Certains territoires ont même, dès à présent, affiché leur volonté de rester au sein de l’Union (l’Irlande du Nord, l’Ecosse,…).
A sa manière le Premier ministre a fracassé l’avenir de la Grande-Bretagne en démobilisant ses forces vives et en rendant son pays désormais inaudible à l’ensemble de la communauté internationale.
Finalement, David Cameron n’a pas compris que ce référendum avait été globalement perçu par l’opinion publique anglaise comme un moyen de sanctionner son action politique.
En mélangeant tout, avec finesse et absence de vue, David Cameron a envoyé un signal fort à la jeunesse de son pays en ne répondant pas à ses aspirations et, plus fondamentalement, il a contribué à réduire la Grande-Bretagne à la seule Angleterre, ce qu’aucune contestation intérieure et ce qu’aucune puissance étrangère n’étaient arrivées à faire.
Les tergiversations actuelles du Premier ministre anglais démontrent la faiblesse de son sens politique, et surtout son incapacité à assurer les conséquences de ses options tactiques. C’est assez navrant pour un état de cette dimension.
N’est pas Churchill qui veut !
L’Europe mérite que l’on écrive désormais une vraie histoire, pas centrée autour du Brexit, qui est une erreur historique, mais sur l’avenir : la mutualisation des talents européens au service d’une ambition économique, politique, scientifique, sociale, culturelle et identitaire.
Il est grand temps de poser enfin les vraies questions et d’éviter les fausses réponses, les faux débats théologiques. La vraie réponse au Brexit, c’est l’intégration !
Loïc Tribot la Spière, délégué général du CEPS