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10H26 - jeudi 30 juin 2016

Francis Bacon, militant d’une seule cause : l’art

 

Ni centenaire de sa naissance, ni anniversaire de sa mort, ni autre jubilé, pourtant cette année 2016 semble vouloir célébrer Francis Bacon et son œuvre. C’est donc qu’il est dans l’air du temps, ou comme le sont les très grands : dans l’air de tous les temps.

Francis Bacon - Trois études de figures au pied d'une crucifixion (1944)

Francis Bacon – Trois études de figures au pied d’une crucifixion (1944)

Sans raison apparente, trois expositions et deux livres dédiés à Francis Bacon auront vu le jour cette année. Jusqu’en janvier 2017, il sera à l’honneur à Liverpool, Stuttgart, Monaco, Bilbao. Et pour ceux qui ne pourront se déplacer ou pour les fans, qui n’en auront jamais assez, deux catalogues magnifiques ont été édités.

Comment donc présenter celui que beaucoup reconnaissent comme l’artiste britannique le plus marquant du xxe siècle ? Que faut-il savoir de sa vie ? Lui qui avait tellement d’amis, à moins qu’il n’en ait eu qu’un seul, celui à qui il légua tout : John Edwards, son dévoué – non, jamais son amant –, constant seize ans durant. Barman analphabète qu’il avait rencontré dans son pub préféré. Que peut-on apprendre de Bacon qui explique l’essentiel : son œuvre ? Peut-il se résumer à ses penchants homosexuels ? À son enfance troublée par la violence de son père ? À son renvoi, adolescent, du domicile familial ? À son amant suicidé, la veille de sa consécration au Grand Palais à Paris ? Lui qui a inspiré un nombre incroyable de travaux, films, études, essais, peut-il se résumer à l’histoire de sa vie ? En réalité seule son œuvre raconte vraiment un artiste. Et c’est exactement ce qu’offre Le Catalogue raisonné de Francis Bacon : le portrait de l’artiste à travers l’œuvre de sa vie. La reconstituer dans son intégralité était un travail de titan que Martin Harrison a réussi à accomplir, allant jusqu’à pister et retrouver une centaine de peintures inédites. Bien sûr,  il y a ces toiles, qui resteront inaccessibles, celles que Francis Bacon a choisi de détruire lui-même, préservant ainsi à jamais un coin de lui secret.

Tellement attachant d’après tous les témoignages, Francis Bacon, l’homme et l’artiste, était plus que tout sincère. Lui dont les tableaux comptent parmi les plus cotés sur le marché de l’art ne se souciait pas d’argent. Joueur invétéré, il s’intéressait seulement à l’art et à l’amitié. Se refusant à intégrer une quelconque école, expressionniste, surréaliste, cubiste… Francis Bacon a inventé son langage, son courant. En marge ? Peut-être. Sans doute. Comme il l’était lui-même. Au lieu de tendre vers l’abstrait, comme beaucoup en son temps, il a figuré les hommes, mais déformés par son regard. Son ambition était d’atteindre ceux qui le regardaient au tréfonds de leur âme, de frapper sans passer par le chemin du rationnel. Il a créé une œuvre unique. Inimitable. Émouvante. Et c’est sans doute pourquoi il ne vieillira pas.

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Le Catalogue raisonné de Francis Bacon

Dans un coffret noir imposant, au design sobre et élégant, se serrent cinq volumes qui relatent la vie créative du peintre à travers ses peintures – dont la centaine inédite –, des esquisses et la liste exhaustive des travaux, films, essais, articles dont il a fait l’objet. 584 tableaux, 800 illustrations, 1 538 pages. Son auteur, ou devrais-je dire plutôt son réalisateur, Martin Harrison, est aussi le commissaire de l’exposition « Francis Bacon, Monaco et la culture française » qui commencera le 2 juillet et se tiendra tout l’été au Grimaldi Forum (ou Palais des congrès) de Monaco. Écrivain et photographe, Martin Harrison est considéré comme un des plus grands spécialistes de l’œuvre de Francis Bacon. Il a « sévi » comme curateur au Victoria and Albert Museum et à la National Portrait Gallery de Londres. Il a, en 2006, organisé à Düsseldorf l’exposition Bacon et a collaboré au catalogue de sa rétrospective édité à l’occasion du centenaire de sa naissance.

Le livre est disponible à la librairie Lardanchet.

L’exposition « Invisible Rooms » (les chambres invisibles) a été lancée le 28 mai au Tate de Liverpool et s’installera à la galerie nationale de Stuttgart (Staatsgalerie) à partir du 8 octobre.

Le Palais des congrès de Monaco (ou Grimaldi Forum) invite du 2 juillet au 4 septembre à « Francis Bacon, Monaco et la culture française ». Le catalogue de l’exposition est paru le 22 juin.

La galerie Guggenheim de Bilbao rendra hommage à l’artiste avec « Francis Bacon : From Picasso to Velazquez » à partir du 30 septembre.

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