Opinion Sport
11H18 - vendredi 1 juillet 2016

Simon Delestre : « On est un pays de culture équestre »

 

En devenant n°1 mondial puis père, Simon Delestre a préparé de la meilleure des manières l’échéance olympique. Entretien avec un homme passé de l’ombre à la lumière.

Crédit photo : Jessica Rodrigues Agence RB Presse

Crédit photo : Jessica Rodrigues Agence RB Presse

Votre statut de n°1 a-t-il changé le regard des gens sur vous ?

Celui du grand public je pense, mais pas des proches comme les cavaliers avec lesquels je saute tous les week-ends. J’ai aussi reçu  beaucoup plus de sollicitations de journalistes, les médias ont beaucoup parlé de ça, et j’ai pris une dimension différente.

L’équitation est peu médiatisée en France, l’est-elle plus dans d’autres pays ? Lesquels ?

En Allemagne c’est le sport n°2, en Suède il passe avant le hockey sur glace. En France, cela pourrait être plus médiatisé plus car c’est la troisième fédération et même la première chez les féminines. En tant que n°1 mondial, quand je vois qu’on parle de certains sports alors qu’ils n’ont même pas 5 à 10% de nos licenciés….

Deux autres Français figurent  parmi les dix premiers mondiaux (Pénélope Leprevost 4ème, Kevin Staut 7ème) : qu’est-ce qui fait la force du saut d’obstacles tricolore ?

On est un pays de culture équestre. La France compte, nombre de bons cavaliers depuis toujours, des propriétaires et des sponsors ont aussi beaucoup investi pour les cavaliers français.

La France est aussi reconnue pour être une terre d’élevage. Les chevaux sont donc aussi bons que les cavaliers ?

Oui. Moi-même je possède une écurie et une quinzaine de personnes travaillent avec moi, mon métier premier est donc de revendre. On les achète toujours jeunes, certaines années avec les bonnes générations on peut en vendre plus, une dizaine par exemple, même si avec les chevaux ce n’est pas mathématique. Le problème est de trouver les gens qui sont capables de ne pas les vendre et de les maintenir en France.

Quel souvenir gardez-vous de Pierre Durand, le dernier champion olympique français ?

J’étais jeune mais il est resté dans les mémoires. Le sport a vraiment évolué : les chevaux, les barres, le parcours, les fiches de sécurité, ce n’est pas facile de s’identifier à une autre époque.

En 2008, les chevaux avaient été mis en quarantaine aux JO de Pékin , cette année c’est le virus zika qui attise les craintes. Seriez-vous capable de renoncer comme d’autres sportifs aux JO de Rio ?

Non. Le virus ne va pas changer notre façon de monter. On aura une « bonne » grippe mais nous serons moins impactés qu’un coureur de fond surentraîné. Je suis allé plusieurs fois à Rio, beaucoup d’amis font des allers/retours avec leur pays, et tout se passe bien.

Faites-vous fi facilement du contexte actuel brésilien, notamment au niveau politique et économique ?

Sur le plan économique, on fait partie d’une branche qui peut être impactée. J’ai moi-même des clients brésiliens, et s’ils doivent réduire leurs achats de 10%, ils le feront sur les chevaux…

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