« Eté 2043. Les Bleues sont championnes du monde de football. Le circuit de tennis ATP a disparu après que les plus grands champions masculins ont rejoint le circuit WTA seul à même de leur offrir des revenus substantiels. Le patinage artistique est devenu un sport mixte, sous la pression des garçons qui se plaignaient de disputer leur compétition masculine devant des tribunes vides (…) »
Pour présenter leur plateforme numérique dédiée à la femme et au sport dont le lancement officiel a eu lieu lundi 4 juillet à la mairie de Paris, les six fondateurs de Women Sports ont opté pour un humour teinté d’ironie. Une description en forme de contre-pied pour pointer du doigt l’omniprésence du sport masculin dans les médias alors que « la femme (…) s’affirme sur la scène sportive tant dans sa pratique que sur les podiums. »
Lorraine Deloison, l’une des six fondatrices à l’origine de Women Sports, dessine les contours de ce projet ambitieux.
Quelle est la genèse de Women Sports ?
On s’est retrouvés avec une « bande de routards barges » (en 2015) car on a senti une demande de la femme qui aime le sport mais qui est obligée de piocher l’info sur plusieurs sources faute de média approprié. Ce n’est donc pas un phénomène de mode, mais lancer un magazine et une plateforme en 2016 au moment de la concentration des groupes de presse est un vrai challenge !
Vous êtes l’une des deux femmes à l’origine de ce projet. Quels sont vos rôles respectifs au sein de Women Sports ?
Djedjiga Kachenoura, qui vient de la finance, se dédie à la levée de fonds pour les start up. Je me consacre à la mise en relation des marques avec des grands projets sportifs.
Pour décrire votre projet, vous parlez d’univers dédié à la femme et au sport : pour vous démarquer de « Sportiva » et plus récemment « Les sportives » qui ne traitent que de sport féminin ?
La femme veut une image et un panorama global. Il y a la pratique, la pratiquante, mais aussi la mère de famille : les trois demandent de la diversité. Il y avait un vide sidéral de la médiatisation du sport et de la femme, alors que celle-ci est totalement mature sur sa pratique sportive.
En lançant un magazine trimestriel aux côtés du site internet, vous avez souhaité un lectorat plus âgé et moins « connecté » ?
Non, on a ciblé la femme qui a envie d’être accompagnée sur de grands sujets, plus profonds, plus larges : ce n’est pas le même traitement de l’info, on prend le temps. Alors qu’internet, c’est l’immédiateté, le zapping, l’actu chaude, les résultats. Les deux sont complémentaires.
Les hommes vont-ils lire Women Sports ?
La femme reste notre cœur de cible, mais je souhaiterais qu’ils lisent Women Sports.
La mairie de Paris est-elle votre unique partenaire ?
Nous avons trois types de partenaires : institutionnels (le ministère de la Jeunesse et des Sports, le CNOSF, la mairie de Paris), économiquement fondateurs (la Française des Jeux, le Crédit Agricole, le groupe TF1), et les fédérations qui nous accompagnent dans la promotion des équipes féminines.
Vous dites que la femme est l’avenir du sport, « Les 4 saisons du sport féminin » lancées cette année vous paraissent donc aller dans le bon sens ?
Absolument. La médiatisation est passée de 7 à 14%, et on va passer à la parité des athlètes alors qu’en 1976 à Montréal on était à 12% de femmes. C’est ce genre d’obligation qui casse les codes.
La Coupe du Monde de foot féminin organisée en France en 2019 peut-elle inverser la tendance et permettre aux femmes d’être enfin médiatisées ?
Elle va être médiatisée par le groupe TF1, c’est la raison pour laquelle la chaîne souhaite nous accompagner. Le foot est une locomotive, on ne va pas aller contre, mais il n’y a pas que ça, le rugby à 7 est lui aussi en train de gagner ses lettres de noblesse.