Avec Corinne Diacre et Sandrine Soubeyrand, Marinette Pichon a permis au foot féminin de se faire connaître en France. Neuf ans après sa retraite sportive, la recordwoman de buts en sélection (81 buts) est restée dans le milieu pour transmettre sa passion. Entretien avec une attaquante qui a encore des buts à atteindre.
En quoi consiste le rôle de directrice générale que vous occupez depuis 2013 au sein du Football Club Féminin de Juvisy Essonne ?
Je dois essayer d’assurer le bon fonctionnement en lien avec les personnes stratégiques, (la présidente, les deux vice-présidents, le secrétaire général et le trésorier). Je suis aussi en train de passer mon diplôme de manager général au sein du CDES de Limoges.
Juvisy a remporté le championnat de France en 2006, mais depuis le titre n’a jamais échappé aux Lyonnaises, qui ont même glané un troisième ligue des champions cette année. Cette hégémonie est-elle un bien ou un mal pour le développement du football féminin en France ?
Les deux. C’est un bien car c’est un avantage au niveau médiatique et cela donne une reconnaissance à notre sport. Mais aussi un mal car certains clubs ne disposent pas des mêmes structures et sont obligés d’aller chercher des enveloppes financières auprès de nouveaux partenaires, alors que les grandes équipes chez les hommes ont aussi envie de développer leur section féminine, comme l’ont montré la récente montée en ligue 1 de Marseille et Bordeaux.
Comment jugez-vous l’évolution médiatique de la discipline depuis l’arrêt de votre carrière en 2007 ?
Elle est plutôt bonne. La campagne mondiale menée par l’équipe de France en 2011 () a permis une augmentation du nombre de licenciées, 105 000 à ce jour. Notre volonté est de passer la barre des 200 000. Chaque fois que les Bleues réussissent, elles fédèrent un engouement populaire, et nous devons continuer à nous développer grâce à des compétions médiatisées et qui donnent envie.
France 2, chaîne au sein de laquelle vous officiez en tant que consultante, va-t-elle miser encore plus sur le foot féminin ?
Il est prévu de renouveler l’engagement auprès du championnat de France, six affiches sont d’ailleurs programmées, sans compter celles de la Coupe de France. La chaîne a aussi acquis les droits pour les prochains championnats d’Europe qui se dérouleront aux Pays-Bas l’année prochaine.
Contrairement à son homologue masculine, l’équipe de France féminine s’est qualifiée pour les JO de Rio. Ne lui manque-t-il pas un grand titre pour avoir enfin la reconnaissance de ses pairs ?
Oui, un titre est incontournable pour être reconnu. Plus on a de résultats plus on est visible. Cette année la France a les armes pour rivaliser avec les grandes nations, mais elle doit aborder la compétition de manière sereine et gommer les soucis de carence offensive.
Êtes-vous parfois envieuse du succès des garçons ?
Le football féminin a un peu plus de 40 ans, il est encore jeune. On ne pourra jamais se calquer sur le modèle masculin car nous ne sommes pas préparées pour être professionnelles, c’est un problème de mentalité, d’ailleurs si vous regardez nos statuts, aucune fille n’est pro et nous sommes régies par la Ligue de foot amateur (LFA).
Qu’attendez-vous de la Coupe du Monde 2019 organisée en France ?
Je lui souhaite la même réussite en terme d’organisation que l’Euro de foot masculin. J’aimerais aussi que les filles puissent construire un groupe compétitif, sportivement et humainement. J’espère enfin des retombées économiques pour les villes, avec à la clé une belle image et une augmentation des licenciées et des bénévoles.