Alors que la France se hissait la veille à la finale de la Coupe d’Europe de football, une fusillade a sorti de sa torpeur estivale une partie du quartier du bas Belleville, le 8 juillet dernier en début d’après-midi. Enquête sur un fait divers qui est passé inaperçu dans la presse.
Un homme tire dans la rue, échanges de coups de feu avec la police, un blessé au sol, le tout à moins de 50 mètres d’une synagogue : ce qui s’est passé dans l’après-midi du 8 juillet rue Saint-Maur dans le XIe arrondissement de Paris, donne encore des frissons à ce qui ont été témoins des faits. « On a vu un homme âgé de 45-50 ans tirer à l’arme automatique depuis un appartement », explique ce témoin, qui travaille dans une société voisine qui a été évacuée par la police au moment de la fusillade. « J’ai vu un homme à terre, qui a été plus tard évacué par le Samu », raconte une autre. Le quartier est vite bouclé par les forces de police et les gens confinés dans les commerces ou évacués de leurs appartements quand cela était possible. Le bruit de la fusillade se répand alors comme une traînée de poudre dans le quartier. Mais aucun média n’est prévenu et aucune image n’est diffusée, ni dans la presse, ni sur les réseaux sociaux.
« Nous répondrons à votre demande d’information sous huit jours »
Notre confère Harold Hyman, qui habite à proximité, est lui aussi prévenu par des voisins qui ne savent pas ce qu’il se passe dans la rue. Il tente d’en savoir plus en envoyant un mail au service de presse de la Préfecture de police. En retour, il reçoit une réponse automatique : « Nous avons bien reçu votre demande d’informations, vous recevrez une réponse de notre part sous huitaine. En l’absence de réponse dans ce délai, nous vous remercions de réitérer votre demande ». Ceux qui ont assisté à ces échanges de coups de feu évoquent le stress qu’ils ont ressenti : « Notre quartier a été durement touché par les attentats il y a quelques mois, cela s’est passé à l’angle de la rue de la Fontaine au Roi, à quelques dizaines de mètres de La Bonne Bière et de Casa Nostra, on a cru à un nouvel attentat », dit sa commerçante encore sous le choc, plus d’une semaine après les faits. Un employé de la ville de Paris précise que le tireur n’utilisait pas du « petit plomb » et que les détonations répétées faisaient plutôt penser à « une arme de guerre type Kalachnikov ».
Une interpellation de braqueurs recherchés depuis un an ?
Si personne, ni à la Préfecture de police, ni à la mairie du XIe ne semble pressé de nous apprendre ce qui a bien pu se passer ce jour-là rue Saint-Maur, une source en général bien informée nous a apporté quelques informations qui pourrait laisser à penser qu’il ne s’agissait ni de l’acte d’un déséquilibré, ni l’acte d’un terroriste islamiste isolé. Selon cette source, c’est une intervention de police visant à interpeller un braqueur recherché depuis près d’un an et repéré récemment dans le secteur qui serait à l’origine de la fusillade. L’homme recherché, a été interpellé devant le 150 rue Saint-Maur. C’est à ce moment que son complice présumé, un homme d’une cinquantaine d’années selon les témoins aurait alors voulu protéger le braqueur recherché en faisant usage de son arme. Un scénario qui reste encore à confirmer et à préciser par les autorités.