Il y a soixante ans, la jeune Dawn Fraser (18 ans à l’époque) remportait la médaille d’or du 100 mètres nage libre aux Jeux Olympiques de Melbourne. Un exploit réalisé sur ses terres qu’elle allait renouveler aux JO de Rome en 1960 et Tokyo en 1964, devenant ainsi la première nageuse à s’imposer dans la même épreuve trois fois d’affilée.
Tokyo, lieu de son dernier fait d’armes dans les bassins mais de son premier méfait en dehors : le vol d’un drapeau à l’entrée du Palais de l’Empereur. Arrêtée puis contrainte à des excuses, Fraser eut la chance de voir les charges contre elles abandonnées et se vit même offrir ledit drapeau des mains de l’empereur !
Un geste peut-être dû à la décompression post-olympique après une année paradoxale qui avait débuté par le décès de sa mère. Mais un geste peu apprécié par un pays peu habitué aux frasques et si attaché aux traditions.
Trente-quatre ans après, c’est par la parole que Dawn Fraser surprit désagréablement son auditoire en dénonçant l’arrivée de réfugiés en Australie, après avoir déclaré sa flamme électorale au One Nation Party de Pauline Hanson, considéré comme très populiste.
Des propos en forme de prémices à d’autres, beaucoup plus graves, tenus en juin 2015 à l’égard de ses compatriotes tennismen Nick Kyrgios et Bernard Tomic, coupables à ses yeux de s’être « comportés en enfants à Wimbledon » et qui « devraient retourner dans le pays d’origine de leurs parents s’ils conservaient une telle attitude. »
Si Tomic (né en Allemagne) et ses parents (une mère bosniaque et un père croate) ne réagirent pas à ces propos nauséabonds, la famille de Kyrgios n’avait pas manqué de vilipender l’ex-championne. Nill, la mère d’origine malaise de Nick Kyrgios avait parlé « d’attaque hors de propos » alors que son autre fils avait affirmé qu’il se « fichait des excuses de Fraser. »
A bientôt 80 ans, la légende du sport australien n’en finit donc plus de souffler sur les braises de la polémique. Une attitude à mille lieux de la championne qu’elle fut pendant une décennie et de la pionnière qu’elle représenta pour d’autres nageuses et nageurs australiens, comme Ian Thorpe.
Dawn va-t-elle enfin se remettre à l’endroit au pays de « la tête à l’envers » (Down Under, le surnom de l’Australie) ? C’est ce que doivent lui souhaiter ses compatriotes « aussies » s’ils ne veulent pas voir la statue du commandeure couler définitivement à pic…