A deux jours de l’échéance du dépôt des candidatures fixée au 9 septembre, s’achève le premier round de la course aux primaires de la droite « et du centre ». Du centre entre guillemets car l’UDI, censée représenter ce dit centre, a refusé de participer à ces tours préliminaires.
Que retenir de cette première phase des primaires ?
Tout d’abord que la droite peine, mais semble y arriver tout de même, à endosser les règles de respect et de fair-play de ce nouveau mode de désignation du prochain candidat à l’élection présidentielle. C’est son premier démon.
Après un premier tour de chauffe où les candidats ont montré leurs muscles pendant le week-end du 27-28 août, chacun est revenu à la raison, convaincu qu’au soir du premier tour des primaires, les ralliements des perdants seront déterminants pour désigner le candidat de toute la droite (et du centre) au second tour. Pas de code de bonne conduite mais il faut bien préparer la course à la présidentielle qui ne sera gagnée qu’en cas d’unité de la droite (et du centre).
L’économie au second plan
Nous pensions que c’est l’emploi et l’économie qui constitueraient l’enjeu principal de la confrontation entre les candidats. Le chômage n’est-il pas la plaie principale de la société française ? L’ascenseur social est en panne et personne ne sait le réparer.
A l’université d’été du MEDEF, les candidats à la candidature pour les primaires sont presque tous venus. Et ils ont rivalisé de promesses en matière d’économies sur la dépense publique. Mais pour ce qui est de libérer les énergies, d’encourager les entreprises, de libérer l’emploi et les initiatives, c’est François Fillon et Alain Juppé qui l’ont emporté à l’applaudimètre. Mais sont-ce les entreprises qui vont voter – et faire voter – les 20 et 27 novembre ?
Le drame de la politique française est que les partis politiques, comme les femmes et les hommes qui en sont les leaders, ne portent pas chacun une ligne idéologique claire. A gauche, c’est un socialiste qui s’est mué en pseudo-libéral (mais à moitié seulement, ce qui au final a déçu tout le monde), en la personne de François Hollande. A droite, un François Fillon est libéral sur le plan économique (et il l’assume), mais très conservateur sur le plan sociétal (il faut dire que Sens commun, c’est-à-dire les opposants au mariage pour tous, l’a rejoint). On a du mal à s’y retrouver. Entre libéraux et dirigistes, quelle est la cohérence des Républicains ? C’est le deuxième démon de la droite.
Le vrai clivage : apaiser ou entretenir les peurs
Et c’est encore plus trouble sur le terrain des valeurs fondamentales qui font la France. Troisième démon. Depuis fin août, on a été servi : l’identité française était dans toutes les bouches des candidats aux primaires, dans tous les esprits, sur fond d’affaire du burkini. C’est quoi l’identité française ? La France est menacée dans ses fondements ? Que faire avec les musulmans de France ? C’est, et de loin, le thème qui a mobilisé le plus l’attention des médias, de l’opinion publique… et des candidats.
En 2012, les Français ont voulu élire un président normal face à un président aux allures d’un cheval de feu qui avait un peu trop tangué vers la droite extrême, tendance Buisson. En 2016, quelques attentats terroristes plus tard, on sent bien qu’à nouveau, avec encore plus de force, ce qui sera déterminant dans le choix des Français, c’est la façon dont les candidats aux primaires décident, à la façon de Sarkozy (toujours lui), de jouer sur les peurs et de prôner une identité de crispation, ou, façon Juppé, d’apaiser les esprits, d’en appeler à une concorde collective, en prônant une identité heureuse et rassembleuse.
Celui qui remportera la primaire sera celui qui aura le mieux senti le pouls de la société française sur ces questions : les Français, écœurés et apeurés par les attentats, voudront-ils un président de combat ? Ou, inquiets de voir la montée des extrêmes, pencheront-ils pour un président d’apaisement ?
Une identité de combat contre une identité d’union, une laïcité rigide ou une laïcité ouverte : tel est selon nous l’enjeu clé qui fera le choix du prochain candidat de la droite (et du centre).
Pourquoi NKM doit-elle concourir pour les primaires ?
Un ancien dirigeant de droite avait qualifié la droite de « plus bête du monde ». C’était dans les années 80. En 2016, il est vrai que l’un des symptômes de l’incapacité de la droite (comme de la gauche) à être en phase avec la société française, c’est la difficulté qu’a Nathalie Kosciusko-Morizet à réunir les parrainages nécessaires pour sa candidature aux primaires.
Une femme, une libérale, une centriste, une jeune… Cela ne sied pas aux électeurs de la droite et du centre ? Et bien, sans parti pris, souhaitons qu’elle puisse concourir pour que véritablement les Français aient un choix les 20 et 27 novembre 2017. Alain Juppé (qui la rêve peut-être en premier ministre de son unique quinquennat s’il est élu) lui a filé un sérieux coup de main…
Des primaires pour tous les Français et non pour la droite. Car, comme nous aimons à le répéter, les 20 et 27 novembre, ce n’est pas le candidat de la droite (et du centre) qui sera désigné, mais probablement le prochain président de la République. Pour cette raison, tous les Français devraient considérer l’idée d’aller voter aux primaires des 20 et 27 novembre…
Michel Taube