Opinion Internationale organise un débat mercredi 5 octobre 2016 à l’Assemblée Nationale sur les voies et moyens de lutter contre les doctrines politico-religieuses radicales qui menacent la République et trahissent les grandes religions, particulièrement l’Islam. Faut-il une loi qui pénalise ces doctrines, comme le propose une élue de la République avec la bienveillance du premier ministre ? Ne faut-il pas une union sacrée, par de là les querelles partisanes et les primaires de tous bords ?
Puisque nous sommes en guerre, sachons clairement désigner notre ennemi, compter nos alliés et nous donner les moyens de vaincre. Parlons de nos ennemis.
Nos ennemis, ce n’est pas que Daesh, ce sont aussi et surtout les pseudo-imams (mais on en trouve aussi parmi les protestants créationnistes) qui prêchent le racisme (nous sommes tous des mécréants, pardon, des koufars…) et la haine de la modernité. Qu’ils soient des takfiristes, des salafistes politiques ou des ignorants instrumentalisés par Internet, ils sont en rupture avec la société. En République, tout prêcheur doit jurer fidélité et adhésion à la République.
Mener la guerre contre le terrorisme et la barbarie, cela consiste précisément à mener toutes les actions de prévention et de répression sécuritaires que permet l’Etat de droit, mais aussi de pouvoir se doter des moyens d’empêcher l’endoctrinement de nos jeunes.
Le 13 septembre dernier, un adolescent assassinait sa mère accusée d’être une koufar, une mécréante. Cet enfant et probablement passé entre les mains de ce genre de pseudo-imams qui profèrent depuis des années à des enfants, comme celui de Brest, que la musique est l’incarnation du diable. Ces enfants ont grandi. Ces enfants sont des adolescents, des bombes à retardement.
Rappelons ce que disait cet Imam de Brest, paraît-il aujourd’hui assagi selon certains, en pleine réorganisation selon d’autres : c’est comme si l’imam de Brest avait annoncé deux ans à l’avance l’attaque du Bataclan le 13 novembre ! Dixit : « Il y a des catégories de gens [qui persistent à écouter de la musique interdite par le prophète] qui vont être englouties par de la terre. Dans certains cas, parce qu’ils écoutaient et persistaient à écouter trop de musique, il va y avoir un tremblement de terre et ils vont être engloutis par de la terre. […] Allah va les transformer en singes et en porcs. Ceux qui ici (les enfants) aiment la musique doivent assumer les conséquences. Il faut choisir entre Sheitan (le Diable) et Allah. Voici ce qu’enseigne un Imam de France ! »
Dans son communiqué de revendication des attentats du 13 novembre, Daesh parlait de « fête de perversité » pour expliquer le choix du Bataclan. Dans sa vidéo, prêche prononcé devant une centaine d’enfants bretons, l’imam de Brest ne disait pas autre chose en parlant de certaines musiques. Il doit assumer le fait d’être sur la même ligne idéologique que les pires islamistes radicaux. Il a beau jeu de condamner aujourd’hui les attentats. Si son discours a préparé les esprits de ses jeunes et que, parmi eux, cette année, et à l’avenir, certains décident de se faire exploser dans une autre salle de spectacle que le Bataclan, il sera trop tard pour accepter ses excuses et ses pseudo-justifications.
Voici notre véritable ennemi !
Frapper Daesh en Syrie et en Irak est certes indispensable. Soutenir les rares forces terrestres qui osent l’affronter directement, comme les kurdes ou l’Armée Syrienne Libre, telle est certainement une des clés de cette guerre géopolitique.
Ceci dit, notre ennemi n’est pas là-bas. Il est malheureusement ici. Le terrain de cette guerre contre l’islamisme radical s’est déplacé en Afrique et en Europe. Nous sommes confrontés à un ennemi de l’intérieur qui est Français, qui est Belge, qui est Européen. Ce sont des citoyens européens qui se sont fait exploser sur les terrasses de Paris, au Bataclan et au Stade de France. C’est le fait le plus douloureux à accepter ! La Syrie n’a été que leur terrain d’entraînement. Leur ennemi, c’est la France, c’est l’Europe, ce sont les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. Leur ennemi, c’est aussi l’Islam moderne. Nous sommes convaincus que les Mohamed Merah, Amedy Coulibaly et autres Abdelhamid Abaaoud ont suivi sur Internet le prêche sur la musique de Rachid Abu Houdeyfa ou des prêches équivalents.
La question de savoir s’il faut une loi se résume à ceci : comment peut-on interdire définitivement ce genre de prêches qui diffusent le poison de la haine dans l’esprit de jeunes et d’ignorants. A l’Etat de droit de trouver les solutions. Protection de l’enfance, interdiction de propos racistes, les moyens existent déjà. Mettons les en musique et en plus grande clarté.
Et c’est ce dont nous débattrons le 5 octobre.
Michel Taube
Lundi 10 octobre : Compter nos alliés