Dans le salon Pompadour de l’hôtel parisien Le Meurice, Fatimata Mbaye, avocate mauritanienne engagée pour les droits des femmes dans son pays, a été honorée pour ses engagements par le Prix de la femme Goralska 2016. Le Prix vise à récompenser une femme d’exception, engagée pour améliorer les modes de vie de sa communauté et de son milieu professionnel, social et politique.
C’est la danseuse étoile et chorégraphe Marie-Agnès Gillot, dont nous publions ci-dessous le discours, qui a remis son prix à Fatimata Mbaye, aux côtés de Corinne Evens, fondatrice de la marque Goralska et de ce prix prestigieux.
Le jury*, exclusivement féminin est présidé par Monique Canto Sperber.
Dans l’entretien qu’elle a accordé à Opinion Internationale, l’avocate mauritanienne revient notamment sur le sort de Mohamed Cheikh ould Mohamed ould Mkhaitir, condamné à mort pour apostasie, et qui est dans l’attente du verdict de la Cour suprême d’ici la fin de l’année.
Discours de Marie-Agnès Gillot
« Une femme d’exception ! », voilà ce qui m’a convaincue d’être la marraine du prix Goralska donné pour sa première édition, à Fatimata MBaye.
Fatimata MBaye a été dans son pays, la Mauritanie, la première en de nombreux domaines, avec les dangers que cela représente. Toute sa vie a été consacrée à un combat, la cause de la liberté, elle y a montré une exigence et une détermination que les difficultés rencontrées sur le chemin n’ont pas entamées.
Elle a été fidèle à l’engagement professionnel d’une vie, elle a fait entendre une voix claire pour défendre les opprimés et elle a construit aussi une vie de femme et de mère. Ce sont tous ces accomplissements que le jury du prix Goralska, présidé par Monique Canto-Sperber, a su reconnaître.
Première femme avocate en son pays dès 1988, Fatima MBaye s’est consacrée à restaurer la liberté et la dignité humaine, ce qui dans son pays signifie, de manière douloureusement concrète, la lutte contre toutes les formes d’esclavage, 20% de la population étant encore dans une condition de servitude.
Dans une Mauritanie, très diverse ethniquement, elle s’est élevée contre toutes les discriminations: “I do not see myself as a black woman, a-t-elle déclaré, I could be born white, yellow, Mongolian, or Kurdish, and I would have recognized myself in each of these. For me, the value of the human being is above everything.”
A maintes reprises, sa vie a été menacée, sa liberté aussi, mais elle n’a jamais cédé, défendant ceux qui ont besoin d’elle, des personnes accusées d’apostasie jusqu’aux veuves dont les maris ont été tués lors de violences civiles.
Je vis dans un monde infiniment plus apaisé, où je n’ai rien vécu de tels risques et dangers, mais je me sens en proximité avec sa vie. Je suis une danseuse étoile à l’Opéra de Paris, dont la vie quotidienne est faite de travail et d’engagement, avec la satisfaction d’être au service de l’art et de rechercher une beauté plus grande que moi. Je suis aussi chorégraphe, et dans la danse comme dans la création, j’ai très tôt senti que la prise de risques est toujours présente.
C’est pourquoi je voudrais, en remettant ce prix Goralska, si différent de tous les autres, car placé sous le signe d’une collection de bijoux conçue par Corinne Evens en hommage à la femme moderne, ajouter à la vie que vit cette femme si belle, majestueuse et impressionnante, un moment de grâce, comme une légèreté au-delà de tous les efforts.
Je suis très heureuse, chère Fatimata MBaye, de vous remettre le prix Goralska.
Marie-Agnès Gillot
* Les membres du Jury du prix de la femme Goralska 2016 sont :
- Aude de Thuin, fondatrice du Women Forum à Deauville et responsable du Forum Women in Africa
- Franka Holtmann, Directrice Générale de l’Hôtel Meurice
- Peggy Dulany Rockfeller, Présidente de Synergos
- Karine Guldemann, Déléguée générale Fondation ELLE chez Lagardère Active
- Eléonore de la Charrière, Délégué Général de la Fondation Culture et Diversité
- Karine Ohana, Manager Partner de Ohana&Co
- Farzana Baduel, Fondatrice et CEO de Curzon PR.