La COP22 a accueilli le premier Solar@COP organisé par Terrawatt. Devant un parterre de dirigeants économiques, Isabelle Kocher, PDG d’ENGIE, Gérard Mestrallet, son prédécesseur, Pierre Gattaz, président du MEDEF, et Gilles Vermot-Desroches, directeur développement durable de Schneider Electric, Paul Simons, Deputy Executive Director de l’IEA (Agence Internationale de l’Energie), Madame Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc), a prononcé un discours très volontariste pour le développement de l’énergie et du marché du solaire en Afrique.
La COP22 sera la COP de l’action, nous a-t-on promis… L’action c’est aujourd’hui et maintenant ! Et l’énergie solaire représente l’une des évolutions technologiques les plus abouties et les plus diffusées à l’échelle de la planète. Plus d’une centaine de pays recourent à l’énergie solaire, que ce soit dans le cadre de plans sectoriels nationaux ou de systèmes palliatifs pour les régions peu desservies en infrastructures électriques.
Mais dans ce spectre, 10 pays disposent de 91% des capacités installées. Ces pays représentent 29% de la population mondiale : le tiers de la population mondiale a donc la quasi-totalité des capacités. Pourquoi ? Parce que si soleil est gratuit, l’énergie solaire, ELLE, a un coût et nécessite des investissements colossaux. Nous voulons changer de paradigme : aujourd’hui l’énergie solaire pèse pour moins de 1% de l’électricité produite dans le monde.
Le Maroc a fait le pari, en 2009, de se positionner sur ce marché avec ce qui sera à terme la plus grande ferme solaire au Monde. Pari gagné par Masen et ses partenaires qui produisent de l’électricité à un prix de sortie de 3 centimes de dollar le kilowattheure : soit aussi compétitif que le charbon, et même moins cher quand les réglementations sur les rejets seront plus strictes.
Le Maroc peut se permettre de miser sur le soleil puisqu’il jouit de 3.000 heures d’ensoleillement par an ! Il faut juste rappeler qu’en 2014, les plus importantes capacités installées dans le monde étaient en Allemagne dont le potentiel solaire est, par exemple, le quart de celui du Maroc !
Créons le marché du solaire
Il ne suffit pas d’avoir du soleil, encore faut-il pouvoir et savoir capter cette énergie !
Si nous voulons changer de paradigme, il faut, en réalité changer la manière dont nous considérons la transition énergétique : elle ne peut plus se nourrir d’idéalisme écologique. Il faut créer un véritable marché de l’offre et de la demande d’énergie solaire reposant sur plusieurs axes : tout d’abord, des politiques publiques visant le soutien de l’investissement et de l’innovation, plutôt que des subventions des prix de vente.
Ensuite, un partenariat public-privé intelligent englobant les gouvernements, les territoires, et les entreprises. N’oublions pas, par exemple, que l’énergie solaire peut être un accélérateur du développement rural. Il nous faut ensuite une production compétitive dans un cadre réglementaire LISIBLE et une électricité bon marché, distribuée au consommateur au moment où il en a besoin !
Enfin, nous avons besoin de l’émergence d’un écosystème de l’énergie solaire qui englobe aussi bien les entreprises championnes nationales et internationales que les PME et TPE, à l’image de ce qu’a initié MASEN avec le cluster solaire.
Pour une prise de conscience collective vis-à-vis de l’Afrique
Les experts mettent l’accent sur les questions de soutenabilité, de coût, de risque, de financement et d’innovations technologiques. Je voudrais pour ma part souligner l’importance d’une prise de conscience collective du rôle que l’énergie solaire peut jouer dans le développement de l’Afrique ! L’insuffisance de la consommation d’énergie dans notre continent est la cause et la conséquence de son faible développement économique.
Dans 30 ans, la population africaine aura augmenté de 71% et il faudra répondre à ses besoins croissants en énergie. Aujourd’hui déjà, les deux tiers des Africains n’ont pas accès à l’électricité…
Avec quelle énergie l’Afrique de demain sera-t-elle alimentée ? La solution de facilité serait de considérer que le continent étant riche en ressources naturelles, il s’acheminera très certainement et d’abord vers des énergies émettrices de gaz à effet de serre. Pendant ce temps, la part des renouvelables, dans le mix énergétique, restera aux alentours de 10%.
L’Afrique a des besoins énergétiques qui vont doubler en 30 ans alors qu’on lui demandera de réduire ses émissions de GES. Que va-t-elle choisir alors ? Se développer, quitte à polluer, ou être un élève modèle ? La réponse est évidente… Une autre réponse peut être apportée : celle d’aider l’Afrique à bâtir son développement sur l’énergie solaire.
Pour ce faire, tout comme la responsabilité sociale des entreprises, nous devons faire jouer la responsabilité sociale des nations. Cette responsabilité implique d’aider au renforcement des compétences, à l’acquisition des technologies et à l’accès aux financements des investissements. Et cela l’Afrique n’a pas les moyens de se l’offrir… car n’oublions pas que l’Afrique a aussi une autre facture sur les bras : celle de l’adaptation.
Nous, entrepreneurs africains, sommes prêts à relever le défi du solaire.
Madame Bensalah-Chaqroun
présidente de la CGEM