Difficile d’imaginer 2017 sans revenir sur toutes les surprises que 2016 nous a réservées.
Il était impossible fin 2015 de prévoir les tremblements de terre de l’année 2016…
Commençons par le vote du Brexit qui fut une vraie » douche anglaise ». Comment les Anglais, par voie référendaire, ont pu décider le 23 juin 2016 de sortir de 43 années d’adhésion à l’Union européenne ? L’Angleterre qui est devenue une plateforme de lancement pour beaucoup de jeunes entrepreneurs Européens ! Le réveil pour l’Europe fut très dur, et la crainte de la contagion s’est emparée de nos dirigeants.
Le deuxième tremblement de terre fut l’élection totalement improbable de Donald Trump comme 45ème président des Etats Unis, alors même que tous les sondages le donnaient perdant face à une Hillary Clinton devenue le symbole du « politiquement correct ». Une campagne qui a donné lieu à tous les excès et où tous les coups ont été permis.
Le troisième concernant la France avec, là encore, la victoire surprise de François Fillon, candidat à la primaire de la droite, donné également perdant par les sondeurs et par la plus grande partie de l’establishment.
La quatrième surprise fut l’issue de la guerre en Syrie et le retournement de situation en faveur de Bachar El Assad que tous nos media et une bonne partie de nos politiques donnaient partant déjà six mois après le début du conflit. On le sait, cette surprise est liée à la détermination des Russes à protéger les Syriens d’une prise de pouvoir à Damas des islamistes que nos chancelleries occidentales considéraient comme « modérés », mais qui se sont vite révélés radicaux.
Quels sont les points communs à ces évènements inattendus ? La révolte des peuples contre les élites, contre la mondialisation, contre les inégalités sociales. La prise de conscience des dangers que représentent Daesh et la montée du totalitarisme islamique. La tentation du repli sur soi et la montée des populismes face à la vague de migrants fuyant les conflits.
Comment allons nous réagir à ces bouleversements en 2017 ?
La quasi totalité de ceux qui n’ont rien vu venir et qui ne veulent toujours rien voir prédisent l’apocalypse autant pour l’avenir de l’Europe et de la démocratie que pour la paix au Proche-Orient.
Ceux-là n’ont pas changé de logiciel et considèrent Vladimir Poutine et Bachar El Assad comme nos ennemis. Ils continuent de penser selon le schéma de certains néo conservateurs américains.
Mais pour les plus optimistes, 2017 pourrait au contraire être l’année du renouveau. Tout d’abord, concernant le Moyen Orient, nous allons peut-être voir la fin d’un cauchemar qui aura duré cinq ans en Syrie et en Irak. La paix est revenue à Alep, le processus de réconciliation nationale est en route, Daesh a perdu une bonne part de ses territoires. Ironiquement, tous ceux qui ont critiqué le renfort russe ont ou vont quitter l’arène : Barack Obama, François Hollande, David Cameron. Des personnalités apparemment plus pragmatiques vont leur succéder : Donald Trump, Theresa May et probablement François Fillon.
Imaginons une alliance des Etats Unis, de la France et d’autres pays européens avec la Russie pour lutter contre ce qui est actuellement un des plus grands périls : la montée du totalitarisme islamique et de l’idéologie wahhabite.
Allons plus loin imaginons la résolution du conflit entre Israël et la Palestine par la création de deux Etats vivant côte à côte démocratiquement. La résolution votée aux Nations Unis récemment, le discours historique de John Kerry appelant Israël à renoncer à ses colonies et la conférence tenue à Paris le week-end dernier avec 75 Etats et organisations internationales représentés marquent un tournant que même l’ire de Benjamin Netanyaou et celle de Donald Trump auront du mal à effacer.
Concernant l’Europe, il n’est pas sûr que le Brexit suscite le détricotage prédit par les euro-sceptiques et encouragé par Trump, mais favorise plutôt l’émergence d’une nouvelle Europe moins bureaucratique, plus proche des peuples et soucieuse d’apporter la sécurité sur le continent.
Cela passera sans doute par une refonte des accords de Schengen afin d’assurer une meilleure protection à nos frontières. La vague d’attentats qui secoue l’Europe et la fuite en train d’Allemagne en Italie via la France du jeune Tunisien auteur de l’attentat au camion bélier à Berlin le 13 décembre viennent nous rappeler cet impératif.
Une véritable Europe de la défense peut émerger dont la France serait le pilier principal. Une Europe qui sera capable de répondre au défi du changement climatique comme la signature historique de l’accord de Paris en a ouvert la voie, face à la nouvelle Amérique de Donald Trump qui pourrait être tentée de poursuivre une politique basée sur le pétrole, contredisant sa promesse d’en finir avec un terrorisme largement inspiré et financé par les pays pétroliers.
Une Europe enfin qui sera décidée à affronter le chômage en favorisant les entrepreneurs.
L’année 2016 aura été marquée par le succès de notre diplomatie dans la lutte contre le changement climatique mais malheureusement aussi par ses errances sur la crise au Moyen Orient et les attentats qui ont suivi et qui nous menacent encore.
J’imagine et j’espère que 2017 pourra remettre la France et l’Europe au cœur de la lutte contre les véritables défis de notre temps.
Patricia Lalonde
Patricia Lalonde est chercheuse à l’Institut de Prospective et de Sécurité en Europe (IPSE), Secrétaire Générale de l’ONG MEWA engagée pour le droit des femmes et auteur de deux livres sur l’Afghanistan dont « Abdullah l’Afghan qui dit non aux talibans ».
Opinion Internationale et ses chroniqueurs vous proposent en ce mois des vœux d’imaginer les enjeux qui feront bouger l’année 2017.
Déjà paru dans la série IMAGINE 2017 :
La transition de puissance et son impact en Asie, par Barthélémy Courmont
2050 ou la vie rêvée et connectée de Dina, par Philippe Boyer
Imagine 2017 : risques économiques, nécessité des réformes en France, par Jean-Marc Daniel