Le Maire de Paris a toujours eu des velléités de destin national… On se souvient que la capitale a déjà donné un président de la République à la France…
Anne Hidalgo, la Maire, de Paris, qui s’est fortement opposée à la candidature d’Emmanuel Macron pendant la présidentielle en soutenant Benoît Hamon, mûrit selon nous une stratégie de conquête du leadership de l’opposition des gauches sociales-démocrates à Macron. Pourquoi pas moi, doit-elle se dire…
Une fois que les Jeux Olympiques 2024 et 2028 seront attribués le 13 septembre, la trêve olympique sera rompue et la bataille politique pourra éclater au grand jour.
Mais actualité brûlante oblige, la crise des migrants, qui a connu ces dernières semaines des épisodes chauds dans Paris (pétitions contre le harcèlement des femmes, insalubrité et crise humanitaire de la porte de la Chapelle…) a permis à Anne Hidalgo de se mettre dans une posture nationale…
Concurrence politique sur fond de crise migratoire
Jeudi 6 juillet, Anne Hidalgo s’est invitée avec force dans le débat politique national et européen sur les migrants. Elle a même doublé le gouvernement.
La première maire de France et le Conseil de Paris (sans distinctions partisanes) ont présenté – lors d’une conférence de presse tenue dans le centre de “premier accueil humanitaire” dans le 18e arrondissement de la capitale, ouvert en novembre dernier – à l’attention des parlementaires et du gouvernement, une proposition de loi d’accueil et d’intégration des migrants humanitaires.
Le lendemain, vendredi 7 juillet, 2 771 migrants étaient évacués de la porte de la Chapelle par la police et répartis sur le territoire francilien.
Guéguerre politicienne sur fond de gestion d’une crise migratoire ?
Force est de constater que la Maire de Paris n’a pas voulu attendre ni l’évacuation de la porte de la Chapelle (dont elle devait être au courant lors de sa conférence de presse la veille) ni le plan national sur l’asile annoncé par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb il y a deux semaines lors de son déplacement à Calais.
La maire de Paris veut mettre la pression, suite à son appel envoyé il y a trois semaines aux ministres de la Justice, de la Cohésion des territoires et de l’Intérieur – à « faire face à l’urgence ».
Anne Hidalgo a aussi devancé le Président de la République sur ses propres exhortations, la semaine dernière au Congrès à Versailles, à mettre en place « un traitement humain et juste des demandes de protection émanant d’hommes et de femmes menacés par la guerre et la persécution ».
Une proposition de loi inspirée de l’exemple allemand
En exploitant une certaine timidité au sommet de l’Etat sur ce dossier crucial, Anne Hidalgo adopte une démarche “glocaliste” (“think global, act local”).
Que dit la proposition de loi d’Anne Hidalgo ?
En premier lieu, la maire de Paris propose l’instauration d’un principe de responsabilité des pouvoirs publics d’accueillir dignement, et dans des structures adéquates, les réfugiés. Les demandes d’asile à cet effet devront être traitées dans un délai de 6 mois.
Une deuxième ligne directrice porte sur la rationalisation au niveau national des initiatives liés à l’accueil. Formations linguistiques, hébergement, droits des mineurs : des responsabilités publiques qui pourraient, selon Mme Hidalgo, être mieux gérées grâce à une “Agence de l’accueil et de l’intégration” qui réunisse des fonctionnaires tant de l’Etat qu’en provenance des territoires. Le tout devrait s’intégrer dans une coordination européenne sur le droit d’asile, comme le Président de la République l’a proposé devant le Congrès.
L’ensemble de la proposition de loi est inspiré de l’Allemagne, qui dispose d’une “clé de répartition pour équilibrer le nombre de demandeurs d’asile sur son territoire”, selon l’adjointe à la Maire en charge de la lutte contre l’exclusion, Dominique Versini.
Anne Hidalgo sur un tremplin politique au cœur des débats qui vont marquer le quinquennat Macron ? La présidente du C40, le réseau de plus de 90 capitales mondiales engagées contre le changement climatique, retrouvera certainement Macron sur ses pas politiques, notamment lors du prochain Sommet sur le climat annoncé par le président de la République pour le 12 décembre.
Michel Taube
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