Jean-Claude Moingt, vous êtes l’ancien président de la Fédération Française des Echecs, ancien champion de ce sport cérébral par excellence et aujourd’hui directeur du pôle santé et territoires de KAISSA Consulting, spécialisé en stratégies dans le secteur de la santé. Quel est le lien entre le jeu d’échecs et le monde des entreprises ?
Le joueur d’échecs et le dirigeant ou salarié d’entreprise partagent des qualités communes. La capacité d’anticipation tout d’abord. Elle est importante dans un marché concurrentiel où il faut savoir s’adapter. Savoir manier les « attaques » et la « défense », bref anticiper la stratégie de ses concurrents est un atout fondamental dans les échecs comme dans l’entreprise.
Ensuite, la prise de décisions : que l’on soit dans une bonne ou mauvaise situation, il faut jouer un coup. Quand une entreprise est en difficulté, la décision parfois difficile est toujours préférable à l’inaction. Il en va de même dans les échecs.
Les échecs sont aussi un sport qui se marie parfaitement avec les nouvelles technologies. On peut jouer en ligne avec n’importe qui dans le monde, des millions d’internautes suivent les parties des plus grands championnats en direct… Et de pouvoir s’entraîner avec des machines, très puissantes en termes de calculs, peut augmenter considérablement les performances du joueur.
C’est peut-être pour ces raisons que les échecs en entreprise sont plus répandus que ce que l’on croit, dans le secteur informatique notamment. Certains clubs d’échecs d’entreprises sont même affiliés à la Fédération Française des Échecs. C’est le cas par exemple de la Banque de France, d’Iveco ou d’Alstom. Les comités d’entreprise jouent un rôle également, même si l’activité n’est pas reconnue officiellement.
Pour toutes ces raisons, le roi des sports cérébraux a toute sa place dans les affaires mais également dans la gouvernance des collectivités publiques.
Votre entreprise co-organise les vendredi 24 et samedi 25 novembre prochains le Premier Championnat d’Europe d’Echecs des Entreprises à Asnières-sur-Seine (Paris Métropole). Pourquoi cette initiative ?
Associer les entreprises à ce type d’événements pourra injecter des nouvelles énergies dans l’écosystème des échecs qui peine à trouver son modèle économique. Nous avons donc proposé à la Fédération Française des Échecs et à la European Chess Union d’organiser cette première édition.
Le format sera assez souple, avec des parties rapides entre une quarantaine d’équipes désignées par les entreprises. Nous avons déjà vingt équipes inscrites venant de toute l’Europe, notamment de Russie, un des pays leaders dans les échecs avec la France – comme Gazprom, Sberbank, Kaspersky Lab. Des institutions comme l’Université de sciences appliquées d’Amsterdam et la Deutsche Bank Frankfurt, des entreprises comme ENGIE ou Oracle, des collectivités locales comme Asnières-sur-Seine participeront également. Les inscriptions sont ouvertes !
Justement, les échecs ne concernent pas que les entreprises. Au sein du gouvernement Macron-Philippe, il y a au moins un amateur d’échecs…
Oui, il s’agit du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a beaucoup œuvré à la pratique des échecs par les élèves lorsqu’il était Recteur des Académies de Guyane et de Créteil.
Le ministre sera donc, avec beaucoup d’amitié, le bienvenu dans notre Championnat les vendredi 24 et samedi 25 novembre à Asnières-sur-Seine.
Propos recueillis par Michel Taube et Gabriel Di Battista