En France, la communauté arménienne, auréolée de la mémoire du génocide arménien, mène depuis des décennies, un lobbying efficace pour empêcher l’opinion publique française de comprendre l’Azerbaïdjan, son rôle stratégique et son bon droit dans le conflit du Haut-Karabagh.
Bien que le peuple arménien a souffert d’un passé difficile, rendre hommage à cette mémoire, sans esprit de vengeance et en regardant l’avenir, ne doit pas exonérer de parler du présent.
Or l’Arménie est un pays qui n’est pas exsangue de problèmes. L’opinion publique européenne, prompte à s’émouvoir des dénégations et reniements de la mémoire (on l’a encore vu récemment avec la Pologne et la mémoire de la Shoah), ne s’est pas offusquée de l’installation en juin 2016 au cœur d’Erevan, la capitale arménienne, de la statue de Garegin Njdeh en présence des autorités arméniennes, dont le président Sarkissian. « Nous ne pouvons pas comprendre pourquoi la statue du général Njdeh, fondateur de la Légion arménienne de la Wehrmacht a été érigée à Erevan », a même protesté le gouvernement russe, fermement opposé à « toute renaissance, glorification ou autres manifestations du nazisme, du néo-nazisme et de l’extrémisme ». Njdeh est devenu un militant nationaliste arménien dès son plus jeune âge et est devenu l’un des chefs militaires de la première République arménienne formée en 1918 après la révolution bolchevique.
Ayant fui vers la Perse en juillet 1921, Njdeh fut un des dirigeants arméniens exilés qui ont prêté allégeance à l’Allemagne nazie en 1942. Cependant, la Légion dite arménienne n’a jamais joué un rôle majeur dans les opérations militaires de la Wehrmacht. Njeh est le fondateur d’une idéologie nationaliste qui met l’accent sur l’auto-défense armée, que le parti Républicain au pouvoir en Arménie a fait sienne. Lui rendre hommage souligne la nature fortement nationaliste et prompte à utiliser la force de l’Etat arménien aujourd’hui. Les Azéris l’ont compris à leurs dépens dans le Haut-Karabagh.
La communauté arménienne, particulièrement en France, déploie des trésors d’influence pour donner une image de l’Arménie qui occulte quelques – unes de ses aspérités comme cette statue peu glorieuse. Ce lobbying, parfois maladroitement mené par des François Rochebloine, député pendant près de 30 ans, de la 3e circonscription de la Loire, longtemps président du groupe d’amitié France-Arménie à l’Assemblée, mais également à l’origine du cercle France-Karabakh qui porte le lobbying arménien anti-Azerbaïdjan.
Mais ce qui est plus problématique, c’est que des faits, des gestes sont posés par des Français d’origine arménienne qui contreviennent au droit international et au rayonnement de la France. Ainsi des collectivités locales françaises nouent des jumelages et organisent des visites, parfois pour des groupes scolaires, dans le Haut-Karabagh, sans l’autorisation évidemment des autorités légitimes de Bakou.
Quand donc le quai d’Orsay mettra-t-il le holà à ces pratiques illégales ?
Plutôt que de dénigrer l’Azerbaïdjan et d’organiser des voyages illégaux, la communauté arménienne de France ne devrait-elle pas plutôt soutenir l’implication de Bakou dans la lutte anti-terroriste et ses excellentes relations avec Israël ?
Patrice Giovanni