Il allait de soi qu’Opinion Internationale sonde l’opinion des Français. C’est chose faite désormais avec « l’opinion de la semaine » qui paraîtra dans la rubrique « Nos années Macron » : avec l’IFOP, la Rédaction interrogera régulièrement les Français sur des enjeux de valeur au coeur de l’actualité.
Singularité de la maison, nous ajouterons à chaque fois au sondage lui-même une proposition, une idée pour faire bouger les lignes et bâtir des passerelles au cœur de l’actualité.
La question sociale, le talon d’Achille de Macron ?
Nous inaugurons le dispositif avec le discours d’Emmanuel Macron sur les banlieues prononcé le 22 mai dernier à l’Elysée. Le président de la République a-t-il répondu aux espoirs que le rapport de Jean-Louis Borloo avait initiés parmi les acteurs des territoires ? A-t-il pris la mesure des inégalités sociales qui continuent à miner les territoires défavorisés de la République ? A-t-il eu raison de proposer un florilège de mesures, de chantiers et d’initiatives qui seront affinées et évaluées par tous les acteurs dans des réunions bimestrielles plutôt qu’un plan massif et global tel que la République en a lancés depuis 40 ans ?
Pour les 1000 Français interrogés par l’IFOP*, le compte n’y est pas. Ils sont plus de 60% à considérer que le discours et les engagements du président de la République ne suffisent pas à relancer l’ascenseur social, à lutter contre les discriminations, à reconquérir les territoires perdus de la République.
On en conviendra, ces trois items couvrent trois dimensions fortes qui interagissent depuis des décennies pour nourrir des inégalités qui minent la société française et menacent la République.
Selon Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, le sondage confirme que « la question sociale, une véritable passion française, notamment dans son volet territoires, sera le juge de paix du macronisme ».
Le défi pour Emmanuel Macron est clair : convaincre davantage dans les mois qui viennent s’il veut que ses discours et surtout ses actes couvrent cette petite musique qui l’accuse d’être « le président des riches ».
Le sondage est notamment explicite sur l’homogénéité de cette position un tantinet sceptique qu’ont les Français parmi toutes les catégories sondées (à l’exception des militants et sympathisants d’En Marche évidemment, des 18-25 ans et des cadres supérieurs). Bref, pour une nette majorité de Français, le pilier social du « En même temps » macronien doit encore être musclé pour convaincre. Certains membres d’En Marche, comme la députée En Marche, Brigitte Bourguignon, l’ont bien perçu (lire l’interview de la présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale au JDD le 13 mai : « nous devons faire plus pour ceux qui ont moins »).
Mobilisation générale pour les territoires ? Une idée à saisir
Emmanuel Macron a raison de proposer une mobilisation générale de toute la société, acteurs publics et privés, pour co-construire un plan permanent de reconquête des territoires et des esprits.
Dans cette logique, Opinion Internationale publie à l’attention des nombreux acteurs engagés dans les territoires une idée : mobiliser les multiples démarches de parrainage des jeunes issus des territoires défavorisés dans ce qui constitue un vrai levier d’ascenseur social, l’acquisition des compétences. Lisez la tribune de Raymond Taube, directeur de l’Institut de Droit Pratique.
Bref, il en faudra de l’imagination, de l’énergie et des moyens pour que la France soit vraiment « une chance pour chacun », pour reprendre le sigle qui accompagnait le discours fleuve du président Macron le 22 mai.
Michel TAUBE
* : L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 23 au 24 mai 2018.