Demain 18 septembre, le Président de la République présentera son « Plan Hôpital » avec Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé. Lors de sa conférence de presse du 5 septembre, le Premier ministre Édouard Philippe avait laissé entrevoir les grands axes d’une réforme qui devrait aller bien au-delà du cas des seuls hôpitaux. Il s’agirait d’une véritable réorganisation du système de santé, « décloisonnant médecine de ville et hôpital » afin d’optimiser l’accès aux soins sur tout le territoire. On parle de la création d’un assistant médical qui fonctionnerait comme un sas entre le patient et l’hôpital. Le parcours de santé sera certainement au coeur du plan dévoilé demain.
Une des finalités de ce qui est annoncé comme le plus important tournant dans l’organisation du système sanitaire depuis 1958 est de prioriser la prévention et non plus seulement le curatif, comme l’avait déjà promis Emmanuel Macron alors candidat à la présidence de la République.
L’annonce de ce plan tant attendu interviendra trois jours après l’entrée en vigueur le 15 septembre 2018 de la prise en charge par l’Assurance maladie de la téléconsultation. Justement, quelle place aura la e-santé dans le plan hôpital ? Ces objectifs devraient être indissociables de la généralisation de la e-santé dans ses différentes branches. Le 29 mars dernier, lors du Sommet intelligence artificielle « AI For Humanity », Emmanuel Macron avait annoncé un plan de 1,5 milliard d’euros en faveur de l’intelligence artificielle, plan dont la santé est un volet essentiel.
Le plan hôpital répondra-t-il à l’objectif de lutter contre les fameux déserts médicaux et aux manques de médecins dans de nombreux territoires, pas seulement ruraux : l’Ile de France, qui ne se résume pas à Paris, est considérée comme un désert médical ! De vaines aides à l’installation des médecins, voire des incitations fiscales ne suffisent plus.
La e-santé nécessite-t-elle un plan spécifique ou doit-elle être un des axes stratégiques du plan qui sera annoncé demain ? Il appartient aux pouvoirs publics d’accompagner un mouvement universel et inéluctable et d’en anticiper les effets. Aux pouvoirs publics aussi de l’encadrer et de prévenir des dérives que les technologies de la santé connectée et de l’intelligence artificielle laissent légitimement craindre, comme la déshumanisation de la médecine et la perte de contrôle par le patient-citoyen de l’utilisation de ses données les plus personnelles, celle de santé.
Opinion Internationale inaugure une rubrique santé dans laquelle nous aurons notamment le loisir de décliner toutes les facettes de cette révolution balbutiante : technologique, scientifique, informatique, mais aussi et surtout politique, sociétale, économique, et même existentielle, tant le rapport à la santé et les relations entre les professionnels et les patients comme les bien-portants – nous tous en somme, en seront bouleversés.
Raymond TAUBE