Les vagues de chaleur inédites qui sévissent partout dans le monde font des dégâts humains et biologiques graves. Elles sont la conséquence directe du réchauffement climatique et de l’activité anthropique, celle des hommes. Continuer ainsi, c’est prendre des risques inouïs, alertent les climatologues.
En septembre 2016, au Cap, le congrès géologique mondial entérinait le début d’une situation inédite pour notre planète : le passage de l’ère de l’holocène à celle de l’anthropocène. En effet, nous sommes entrés dans une ère géologique façonnée pas tant par la nature elle même que par l’activité humaine. Et cela, nul ne peut plus l’ignorer, a un impact extraordinaire sur le climat.
D’un continent à l’autre, des chaleurs écrasantes et des situations alarmantes
Assez tristement, des régions comme le Sud de l’Europe et la Californie sont habituées des feux de forêts, qui tous les ans ravagent des hectares de végétation. La Grèce est en train de subir les pires incendies depuis 2007. La région de l’Attique, placée en état d’urgence par le Premier Ministre Alexis Tsipras, a été le théâtre de feux meurtriers cette nuit. Ces derniers, qui ont obligé les populations à se réfugier vers la mer, auraient fait une cinquantaine de morts selon la BBC. En Californie, les drapeaux rouges, synonymes de haut risque de feux de forêts, sont de sortie alors que la ville de Los Angeles a enregistré le 7 juillet la nuit la plus chaude de son histoire : 26°C. En France, Météo france nous alerte d’une possible canicule cette semaine. Le mercure devrait en effet monter jusqu’à 38°C, menaçant les régions les plus arides de s’embraser.
Qu’en est-il des autres régions du monde ? On sait le continent africain tristement affecté par la sécheresse, qui selon certains chercheurs expliquerait même certains conflits, comme la guerre fratricide qui a récemment frappé le Soudan. A l’extrême sud du continent, la merveilleuse ville du Cap n’est pas passée loin en avril dernier du “point zéro”, à savoir la pénurie d’eau. Finalement, alors que les habitants de la ville subissent des restrictions drastiques et que leur consommation est limitée à 50 litres par jour, le fameux point zéro aurait été repoussé à 2019 selon Reuters. Bref, plus qu’inquiétante, la situation est alarmante ! D’autant que l’on sait l’impact que peuvent avoir de tels événements climatiques sur les déplacements de population. Gaël Giraud rappelait justement au micro de RFI il y a quelques mois que la sécheresse qui a frappé la Syrie dans la première décennie 2000 a entraîné l’immigration d’un million de personnes vers les villes.
Mais ce qui étonne le plus ces jours-ci, c’est que ces épisodes climatiques dangereux frappent aussi la région Scandinave ou encore le Japon.
Située à l’extrême nord du continent européen, la Suède doit faire face aux effets combinés de la sécheresse et de records de température. Conséquence : ce dimanche 22 Juillet, on dénombrait encore 53 feux isolés dans le pays selon la BBC. Comme en Grèce, cette situation tout à fait inédite oblige les voisins européens (la France, l’Allemagne, la Pologne et l’Italie) à dépêcher des camions citernes et des hélicoptères pour aider à mettre fin à la catastrophe.
Au Japon, la vague de chaleur funeste qui frappe l’archipel depuis quelques jours a été qualifiée de catastrophe naturelle par les autorités. Cette situation sans précédent, qui a causé la mort de 65 personnes, a vu le mercure monter jusqu’à 40°C à Tokyo, toujours selon la BBC. Le premier ministre japonais a même dû annuler sa visite en France il y a une semaine.
Alors que selon la NASA, l’année 2017 était la deuxième année la plus chaude depuis 1880, date à laquelle la mesure du réchauffement global devint possible, qu’en sera-t-il de 2018 ?
Réagir, mais comment ?
Il faut espérer que ces épisodes de chaleur intense, qui ne cessent de se multiplier et se globaliser, affectent la conscience collective et sensibilisent les citoyens.
Mais prend-on vraiment la mesure de la gravité de la situation ? Au micro d’Europe 1 ce dimanche 22 juillet, Jean Jouzel, éminent climatologue et ancien président du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) nous alertait sur l’épée de Damoclès qui plane au dessus de nos têtes. Dans un contexte de réchauffement climatique, dit-il, “on pourrait craindre des températures records de l’ordre de 50 degrés, voire 55 degrés sur l’Est de la France”. Avant d’ajouter : “on passe dans un autre monde”. Cette dernière phrase, loin d’être laissée au hasard, doit nous faire réagir.
Les engagements pris lors de la COP 21 à Paris visent à limiter à 2°C l’augmentation de la température globale d’ici la fin du siècle. Mais alors que beaucoup s’accordent à dire que 2°C, c’est déjà trop, on se dirige inéluctablement vers une augmentation plus importante encore. Selon une étude publiée en 2017 dans la revue Nature Climate Change, la planète n’a que 5% de chance de tenir les engagements de l’accord de Paris. De là s’impose l’ultime nécessité de ralentir cette courbe.
Face à la difficulté, et parfois le manque de volonté des pouvoirs publics de mener des politiques climatiques proactives et novatrices, ces épisodes de chaleur cycliques doivent nous rappeler qu’il faut agir, à notre échelle, quand nous le pouvons. L’ancien monde, celui des révolutions industrielles et de la croissance infinie est révolu, et avec lui, ce sont nos modes de vies que l’on doit enterrer.
Agir, c’est préférer les transports en commun et le rail, nettement moins émetteurs, à la voiture. C’est éviter le gâchis alimentaire, puisque la production alimentaire est responsable de 20% des émissions de carbone selon le Shift Project, et baisser sa consommation de viande, très consommatrice d’eau.
C’est tout simplement avoir un mode de vie plus sobre. Puisque notre avenir est là : dans la sobriété de consommation et la sobriété énergétique. Sinon, tout ce que l’on fera, c’est accélérer cette crise sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Gaspard VELTEN