En septembre 2018, est annoncée l’arrivée en France d’un nouveau vaccin contre le papillomavirus, principal responsable du cancer du col de l’utérus, mais qui concerne également les hommes en augmentant le risque de développer un cancer de l’anus ou de la gorge. Nul doute que les « anti-vaccins » aiguisent déjà leurs couteaux pour pourfendre la généralisation d’une vaccination qui a pourtant quasiment éradiqué le cancer du col de l’utérus en Australie. Ils avancent généralement deux arguments : la liberté individuelle, en l’espèce celle de refuser des vaccins prétendument dangereux, et le « racket » des laboratoires pharmaceutiques, pour reprendre le titre du brûlot coécrit en 2015 par la députée européenne écologiste Michèle Rivasi, par ailleurs biologiste de profession.
On se souvient de la polémique suscitée par la confirmation par le premier ministre Edouard Philippe le 4 juillet 2017 que onze vaccins infantiles deviendront obligatoires en 2018, alors qu’ils étaient jusqu’alors seulement recommandés.
Liberté individuelle et danger de la vaccination
La santé publique est un devoir essentiel de tout gouvernement. Elle prime la liberté individuelle, en particulier lorsque cette dernière est source de danger pour autrui. Cela est vrai en matière de sécurité routière et nul n’en discute. C’est tout aussi vrai pour ce qui concerne la vaccination.
Déjà trois morts ont été constatés en 2018 en France pour cause de rougeole alors que le vaccin existe et est fortement recommandé.
Les vaccins obligatoires ? Une vérité de La Palice que feignent d’ignorer les ayatollah de l’anti-vaccination. Que veulent-ils ? Que cherchent-ils ? Le retour en force des maladies contagieuses est une réalité.
La paupérisation sur la durée de millions d’habitants y contribue certainement.
Un rapport de la Revue médicale suisse publié en 2017 pointait aussi la vulnérabilité des migrants aux maladies infectieuses. D’autres sources font état d’une recrudescence de cas de VIH, tuberculose, gale, rougeole, typhoïde, choléra ou autre dysenterie. Dans un monde confronté à des flux migratoires croissants, la vaccination généralisée est une obligation sanitaire qui engage la responsabilité des pouvoirs publics. Nous devrions tous nous réjouir qu’ils l’assument pleinement.
On ne saurait pour autant nier que la vaccination peut induire des effets secondaires, parfois dramatiques. Mais ils sont rarissimes. Il appartient à la recherche de réduire les risques, y compris ceux liés aux excipients. Le cas de l’aluminium fait débat, à juste titre sans doute. L’efficacité du vaccin ne peut être recherchée à n’importe quel prix, en prenant des risques inacceptables au service d’une rentabilité maximale. Les laboratoires, mais aussi les pouvoirs publics, en seraient comptables. Mais d’ores et déjà, le ratio entre le risque individuel et les bienfaits collectifs de la vaccination ôte toute crédibilité au discours de certains qui se drapent dans leur savoir scientifique pour clamer que la vaccination causerait l’autisme, Alzheimer et le cancer, et plus prosaïquement, que le risque de la vaccination surpasserait celui de la non-vaccination. Ignorent-ils l’histoire et la situation sanitaire des siècles précédents ou des régioçns dans le monde où la vaccination n’est pas généralisée ?
Le prétendu racket des laboratoires
S’opposer à la vaccination de nos enfants au prétexte que cela enrichirait les laboratoires relève de l’absurdité dogmatique. Ce n’est pas la ministre de la Santé qui va se charger de la fabrication des vaccins dans sa cuisine. De même, lorsque l’on construit des hôpitaux ou des écoles, ce sont les acteurs BTP qui s’enrichissent.
Comme partout, il faut bien entendu se prémunir contre les risques de dérive. Il faut prévenir les conflits d’intérêts voire la corruption, notamment en imposant la transparence, en imposant des contrôles et en organisant la concurrence.
Dans son rapport du 2 octobre 2018, le Sénat dénonce la pénurie de vaccins et de médicaments qu’il faut notamment combattre en « renforçant l’éthique de santé publique dans la chaîne du médicament ». Cela suppose aussi un profond travail d’explication et de communication, tant des pouvoirs publics que des laboratoires.