La France ne serait pas la France sans la Nouvelle-Calédonie, sans ses départements et territoires d’outre-mer. Lors d’une conférence organisée il y a dix jours à Sciences Po Paris par des étudiants calédoniens, nous avons pourtant entendu parler de décolonisation, d’émancipation. La Nouvelle-Calédonie est-elle donc encore colonisée ?
Ce référendum, c’est une longue histoire : on se rappelle Michel Rocard, Jean-Marie-Tjibaou et Jacques Lafleur qui, entourés de sages, avaient lancé il y a trente ans le processus de paix qui nous amène aujourd’hui au vote du 4 novembre. Jusqu’à la visite d’Emmanuel Macron le 5 mai 2018 au Centre culturel Tjibaou de Nouméa, pour remettre au gouvernement collégial les deux actes de prise de possession de ce territoire datant des 24 et 29 septembre 1853, au nom de Napoléon III. « En décidant de remettre ces deux actes de possession, je voulais signifier que nous ne sommes plus au temps de la possession, nous sommes au temps des choix et d’une prise de responsabilité collective », avait dit Emmanuel Macron.
L’heure du choix est donc venue. Et Edouard Philippe a joué un rôle décisif en imposant, lors de l’adoption définitive de la question qui serait posée dans le référendum, la vraie syntaxe : « voulez-vous l’indépendance ? ». Il s’agit en effet de ne pas tourner autour du pot. Car telle est la question : amis Calédoniens, voulez-vous être indépendants ? Voulez-vous rester Français ?
Certains Calédoniens rêvent d’indépendance. Par romantisme pour certains, pour mémoire de souffrances passées pour d’autres. Respect. Mais l’essentiel est ailleurs : bâtir une île prospère, pacifique, équilibrée et influente. L’or bleu et l’or vert sont des joyaux que la Nouvelle-Calédonie déploiera certainement mieux sous pavillon français, comme l’explique l’un de nos chroniqueurs, le géopoliticien et député européen Aymeric Chauprade.
Les Calédoniens sont avant tout Calédoniens, certes : ce sentiment partagé ne l’était pas il y a trente ans quand les violences ont fait couler le sang. Mais les Calédoniens sont aussi Français ! C’est en tout cas la question qu’ils se poseront demain. Un à un. La campagne référendaire a été animée comme nous le montre le reportage de l’historien Olivier Houdan.
Et ne croyons pas les sondages qui nous annoncent une issue facile. Laissons les Calédoniens décider et si la réponse est « oui à la France », alors certainement qu’à horizon de quelques années, un Etat associé ou fédéré de France (les juristes sont des inventeurs de modernité politique) naîtra d’une histoire commune aussi belle que tragique.