L’industrie au sens large – industrie manufacturière, de production d’énergie, base industrielle des services, mais aussi réseaux de communication, d’énergie et de transport – est une clef de la production responsable et durable de richesse.
La disparition de grands sites industriels, les délocalisations et les disparitions d’emploi sont regrettées, l’usine est décriée. Son image n’est souvent pas très bonne, et vécue comme peu motivante par les jeunes : travail physiquement éprouvant quand il n’est pas dangereux pour la santé, production source de pollutions et facteur de surconsommation des ressources de la terre… La révolution industrielle du XIXe, qui a porté les développements du siècle suivant, est pourtant source de l’idée de progrès. Une idée qui reste présente, mais se retourne. Ce qui amène l’industrie à être souvent dans une logique de défense, au lieu d’apparaître comme actrice d’une transition utile, qui doit même s’accélérer.
Et pourtant !
Climat, migrations, santé, environnement, démographie, besoins de mobilité… inclusion sociale, épanouissement, talents… L’usine du futur peut répondre à tout cela, c’est une question autant politique qu’économique. Les grands enjeux mondiaux et locaux ont besoin de solutions très opérationnelles. Des opportunités technologiques sont d’ores et déjà en capacités de répondre à tous ces défis, et l’Usine Extraordinaire (exposition au Grand Palais du 22 au 24 novembre 2018) va accélérer la création et le développement de nouvelles alliances pour le bien commun.
L’industrie, dans toutes ses dimensions a besoin de se montrer pour se réconcilier avec la société, et être attractive pour les plus jeunes. C’est pour cela qu’a été créé en 2017 la « French Fab », le mouvement français qui a pour but de fédérer les industriels et de renforcer la promotion de l’industrie française à l’étranger.
Une aventure humaine… Au-delà de l’emploi
C’est une double demande sociétale à l’entreprise, et particulièrement à l’industrie : à la fois maîtriser tous les impacts négatifs, sociaux comme environnementaux, et aussi apporter des solutions. L’industrie n’est pas qu’une addition de machines et de process, c’est même avant tout une aventure de femmes et d’hommes qui de plus en plus cherchent dans le travail, au-delà des moyens de subsistance, sens et valeurs.
La numérisation et l’intelligence artificielle aux cotés de technologies productives nouvelles transforment l’usine, les postes de travails, les outils les compétences et les métiers. L’Usine du futur rassemble des technologies de pointes, de l’intelligence artificielle et des hommes qui lui apportent ingéniosité, créativité, talents et capacités nouvelles pour sans cesse la renouveler. Mais elle a besoin de mobiliser toutes les natures de talent, que l’on forme de nouvelles compétences et prépare de nouveaux métiers. L’imaginaire industriel a besoin d’être renouvelé pour que les jeunes y voient une réalisation et un avenir personnel. Ils ne se s’y retrouvent souvent plus, générant de vraies difficultés de recrutement pour des filières entières, avec en sus des problématiques de mixité sociale comme de genre.
La “French Fab” au service de la société du “French Impact”
Le « French Impact » est un programme d’accompagnement de projets d’innovation sociale porté par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Il s’inspire de l’initiative French Tech mais en mettant l’accent sur l’impact social et sociétal. Lancé le 18 janvier 2018, French Impact a d’abord consisté en un appel à projet à destination de structures innovantes socialement souhaitant changer d’échelle. Le gouvernement a également annoncé un fonds d’amorçage de plusieurs dizaines de millions d’euros afin de soutenir des structures de l’économie sociale et solidaire. Mais quand arrêtera-t-on de porter en silo les démarches de progrès ? Il y a urgence.
Il est temps de faire se rejoindre économie sociale et solidaire, innovation sociétale, entreprise à mission… C’est ce que souhaitent les jeunes diplômés, ils veulent être utiles à la société. Quelles que soient leurs formes juridiques, les entreprises du futur devront y répondre.
Il est temps de repenser et réorganiser toutes les formations en raisonnant en termes de compétences, de renforcement des capacités d’adaptation, et de processus d’expérience et de transformation.
Il est temps de créer et de dynamiser les alliances et actions pluriacteurs, qui croisent public et privés, économie et territoires, centres de formation et entreprises.
Il est temps de changer d’échelle et d’accélérer les transitions en alliant vision et expériences concrètes, investissement et coopération.
Gilles Berhault est Délégué général de la Fondation des Transitions
Francis Jutand est DGA de l’IMT – Institut Mines Télécom
Rejoignez l’Exposition Usine extraordinaire au Grand Palais le 23 novembre de 15 h à 18 h : LIEN
L’IMT et la Fondation des Transitions y organisent un Forum. Inscription : LIEN FORUM