Aujourd’hui, selon l’UNESCO, seulement 28% des chercheurs sont des femmes et seulement 3% des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués. On peut parler d’anomalie pour ne pas dire de discriminations lorsque l’on sait que les hommes et les femmes sont représentés à parts égales dans les filières scientifiques au lycée.
Depuis sa création il y a vingt ans, la Fondation L’Oréal, aux côtés de l’UNESCO, s’engage pour faire croître la part des femmes dans la recherche scientifique.
En soutenant des femmes chercheuses dans le monde entier, la Fondation déploie des efforts plus particuliers en Afrique. Ainsi, le 6 décembre, à Nairobi au Kenya, 14 lauréates du Prix « For Women in Science Africa » L’Oréal UNESCO ont été récompensées. [Vivez l’événement avec les meilleures photos de la cérémonie en fin d’article.]
Et découvrez chaque jour à la une d’Opinion Internationale le portrait d’une de ces lauréates (par ordre alphabétique de nom).
Aujourd’hui : Dr. Marilize Everts – Afrique du Sud
Dr. Marilize Everts est Doctorante au Département de génie mécanique et aéronautique, Université de Pretoria. Elle travaille sur : Transfert de chaleur et perte de charge de fluides à haute viscosité dans des tubes récepteurs solaires
Améliorer la compréhension fondamentale de la convention mixte dans les flux laminaires et transitoires
Ballerine dès l’âge de cinq ans, le Dr. Marilize Everts a pris conscience du rôle de la science dans la vie quotidienne. « L’art du ballet exigeait que je comprenne la science du corps à travers les mouvements. La précision et la technique qui en découlent sont devenues partie intégrante de mon approche de la vie quotidienne. C’est la preuve que la science est vivante et peut expliquer beaucoup de choses. D’autant qu’avec l’arrivée de la technologie, la science est passée à un niveau supérieur », explique-t-elle.
Sa curiosité pour comprendre comment les choses fonctionnent l’a d’emblée attirée vers le génie mécanique. Une discpline perçue comme une carrière pour les hommes, impliquant des voitures, de la graisse et des engrenages… Or, lors de la journée porte ouverte de l’Université de Pretoria en 2008, après avoir assisté à de nombreuses conférences sur de nombreuses filières, le déclic s’est produit lorsque le président de la faculté de génie mécanique et aéronautique a commencé sa présentation en ces termes : « Les femmes en génie mécanique… ». « J’ai été comblée de joie et d’excitation. C’est à ce moment-là que la petite ballerine a décidé de devenir ingénieur en mécanique ».
Cette filière a pourtant le plus faible pourcentage d’étudiantes dans toutes les disciplines d’ingénierie en Afrique du Sud ; et au fur et à mesure qu’elle poursuivait ses études de troisième cycle, obtenant sa maîtrise et son doctorat dans cette spécialisation, le nombre de femmes baissait. « Je suis la seule étudiante en génie mécanique à avoir obtenu un doctorat en 2018. Au lieu d’être considérée comme l’exception, l’Université de Pretoria m’a soutenue et m’a encouragé afin que je termine mes études de troisième cycle, mais aussi que je poursuivre une carrière académique ».
Pour ses recherches post doctorales, elle se consacre désormais au « transfert de chaleur et perte de charge des fluides à haute viscosité dans les tubes récepteurs solaires ». Le but est de mener des expériences de transfert de chaleur et de perte de charge avec de l’eau afin d’améliorer la compréhension fondamentale des conventions mixtes dans le développement complet de l’écoulement et celui qui s’opère dans les régimes d’écoulement laminaire et transitoire. Les corrélations développées permettront aux ingénieurs, non seulement de concevoir des échangeurs de chaleur fonctionnant en régime transitoire, mais aussi d’optimiser la conception des échangeurs de chaleur fonctionnant en flux laminaire.
Les applications de cette recherche fondamentale sont très vastes : systèmes domestiques tels que les climatiseurs dans les voitures, les bâtiments aux systèmes d’énergie renouvelable (comme l’énergie solaire), grands systèmes industriels tels que l’industrie minière… « Par exemple, si l’efficacité de l’équipement de refroidissement comme les réfrigérateurs est améliorée, il deviendra plus rentable et plus accessible aux populations pauvres, ce qui permettra aux gens de vivre en meilleure santé parce que leurs aliments restent frais plus longtemps ».
Marilize Everts a reçu plus de 20 prix et, récemment, une bourse d’études TATA Africapour les femmes dans les domaines des sciences, du génie et de la technologie. Elle participe à deux projets de recherche internationaux : Le projet ThermaSmart Horizon 2020 (pour 1,5 million d’euros), comprenant 18 universités sur les cinq continents et une collaboration financée par la Royal Society entre Imperial College London et les universités de Pretoria, Maurice et Nigeria. Elle est l’auteure de cinq publications et de 17 articles de conférence. Quatre nouveaux articles scientifiques sont en cours de publication.
Demain :
- le portrait de Charlene Goosen – Afrique du Sud
Les lauréates du Prix « For Women in Science Africa » L’Oréal UNESCO :