Opinion Internationale publie chaque jour le portrait d’une des 14 lauréates du Prix « For Women in Science Africa » L’Oréal UNESCO remis le 6 décembre à Nairobi au Kenya. Entretien exclusif avec Alexandra PALT, Directrice générale de la Fondation L’Oréal et de de la responsabilité sociale et environnementale de l’Oréal, sur les valeurs de ce Prix et de son Groupe.
La Fondation L’Oréal soutient et met en avant des femmes du monde entier qui s’engagent et excellent dans la recherche scientifique. Trois d’entre elles ont même reçu un Prix Nobel. Pourquoi avoir créé un programme spécifique pour l’Afrique sub-saharienne ?
Le programme régional Pour les Femmes et la Science Afrique sub-saharienne existe depuis 2010 et a permis de mettre en lumière et d’accompagner 140 femmes scientifiques exceptionnelles. Parmi elles, un grand nombre vient d’Afrique du Sud, un pays qui a massivement investi dans le secteur de la recherche ces dernières années. Après huit éditions en Afrique du Sud, nous avons décidé de tenir notre cérémonie 2018 à Nairobi, au Kenya, pour renforcer notre engagement envers toutes les femmes scientifiques d’Afrique sub-saharienne. Et nous irons plus loin l’an prochain, car nous allons scinder en deux ce programme : l’Afrique du Sud aura ainsi son programme de bourses nationales, et l’autre programme pour soutenir 20 jeunes brillantes chercheuses de la zone sub-saharienne. Nous voulons ainsi valoriser l’excellence scientifique des femmes d’Afrique sub-saharienne, afin de créer des modèles, d’inspirer les plus jeunes et de donner aux femmes les moyens de façonner l’avenir du continent.
Quelle est la valeur du Groupe L’Oréal qui vous pousse à soutenir ainsi des chercheuses du monde entier ?
Le programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science repose sur deux grandes valeurs fondamentales du groupe L’Oréal : la recherche scientifique et la promotion des femmes. Depuis sa création il y a vingt ans, plus de 3 100 femmes scientifiques issues de 117 pays ont été soutenues et honorées. Notre conviction est claire : le monde a besoin de la science, et la science a besoin des femmes. Il s’agit bien sûr d’un combat pour plus d’égalité, mais aussi de se donner collectivement toutes les chances d’une innovation scientifique bénéfique à tous. Car la sous-représentation des femmes dans les équipes scientifiques impacte la recherche. Les exemples sont nombreux, comme la prise en charge et la prévention moins efficaces pour les femmes lors du développement de maladies cardiovasculaires. Ou encore, plus récemment, la reproduction des stéréotypes de genre, entre autres, par les algorithmes de traduction, de reconnaissance d’image, de reconnaissance vocale de l’intelligence artificielle, secteur où l’on ne recense que 18 % de femmes.
C’est dans notre rubrique « Sois belle et ouvre-la » que posent les 14 jeunes femmes scientifiques africaines que vous avez récompensées le 6 décembre à Nairobi dans le cadre du Prix L’Oréal UNESCO Pour les Femmes et la Science. Que vous inspire cette phrase : « Sois belle et ouvre-la » ?
Je comprends le clin d’œil et j’y suis sensible. Contrairement aux stéréotypes qui empêchent de nombreuses jeunes filles de s’engager dans la recherche, ces femmes de science sont évidemment belles : leur force intellectuelle, la puissance de leur volonté et leur souhait de contribuer à une cause plus grande qu’elles-mêmes les rendent toutes magnifiques. Et aujourd’hui, ces femmes sont non seulement brillantes, ambitieuses, épanouies, mais en plus elles peuvent s’exprimer et faire entendre leur voix. Dans la science comme dans le monde, les femmes ont voix au chapitre et c’est notre mission de leur donner les moyens de mener la carrière qu’elles méritent et de contribuer à les rendre visibles pour qu’elles montrent au monde que « c’est possible » et qu’elles inspirent les jeunes générations.
Propos recueillis par Michel Taube
Les lauréates du Prix « For Women in Science Africa » L’Oréal UNESCO :
Takalani Cele – Afrique du Sud
Dr. Marilize Everts – Afrique du Sud
Charlene Goosen – Afrique du Sud
Harshna Jivan – Afrique du Sud
Dr Priscilla Kolibea Mante – Ghana