Aujourd’hui, selon l’UNESCO, seulement 28% des chercheurs sont des femmes et seulement 3% des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués. On peut parler d’anomalie pour ne pas dire de discriminations lorsque l’on sait que les hommes et les femmes sont représentés à parts égales dans les filières scientifiques au lycée.
Depuis sa création il y a vingt ans, la Fondation L’Oréal, aux côtés de l’UNESCO, s’engage pour faire croître la part des femmes dans la recherche scientifique.
En soutenant des femmes chercheuses dans le monde entier, la Fondation déploie des efforts plus particuliers en Afrique. Ainsi, le 6 décembre, à Nairobi au Kenya, 14 lauréates du Prix « For Women in Science Africa » L’Oréal UNESCO ont été récompensées. [Vivez l’événement avec les meilleures photos de la cérémonie en fin d’article.]
Et découvrez chaque jour à la une d’Opinion Internationale le portrait d’une de ces lauréates (par ordre alphabétique de nom).
Aujourd’hui : Shalena Naidoo – Afrique du Sud
Shalena Naidoo est doctorante à la Division de virologie médicale, Université de Stellenbosch. Elle travaille sur L’impact de l’état immunitaire sur les réservoirs viraux du VIH-1 et conséquences neurocognitives chez les enfants dont la charge virale est supprimée.
Rechercher l’interaction entre le système immunitaire et le virus chez les enfants infectés par le VIH
Née dans une banlieue rurale de Durban, Shalena Naidoo a grandi à Cape Town. En dépit d’une enfance dans un milieu peu favorisé, elle a entamé des études scientifiques. « Pour moi, il était évident dès le lycée que j’allais devenir scientifique ». Ce fut néanmoins un long combat : elle a dû travailler pour subvenir à ses besoins pendant toutes ses études. Après avoir obtenu ses premiers diplômes en biologie moléculaire et biotechnologie à l’Université de Stellenbosch, elle s’y est engagée en troisième cycle dans le domaine de l’immunologie, avec une spécialisation dans la recherche liée au VIH chez les enfants.
Ses recherches de doctorat portent sur « l’impact de l’état immunitaire sur les réservoirs viraux du VIH-1 et conséquences neurocognitives chez les enfants dont la charge virale est supprimée». L’objectif est de mettre en lumière la manière dont le système immunitaire des enfants qui naissent séropositifs diffère de celui des autres ; de déterminer si les lésions infligées par le VIH persistent après des années de thérapie ; et, enfin, s’ils sont un facteur de risque de déficience du système immunitaire pouvant favoriser le développement de troubles neurocognitifs.
Son travail vise également à délimiter et à comprendre les facteurs de risque immunitaires impliqués dans le développement des déficiences neurocognitives et des autres maladies non infectieuses tout en suggérant de nouvelles thérapies pour minimiser ce risque dans l’avenir.
Sa spécialisation lui permet d’étudier les mécanismes immunitaires qui interviennent dans la progression de l’infection à VIH dès le plus jeune âge. « L’étude des composantes cellulaires de l’immunologie chez les enfants permettra d’acquérir des connaissances sur le traitement et la prise en charge clinique des enfants vulnérables infectés par la maladie. Compte tenu du taux de morbidité élevé que nous connaissons en Afrique du Sud, j’ai trouvé très utile d’apporter ces connaissances aux cliniciens ».
Comprendre les interactions entre le système immunitaire et le virus chez les enfants infectés par le VIH permettra d’acquérir des connaissances en vue de la mise au point de vaccins et éventuellement ouvrir la voie vers une guérison.
Pour cette scientifique de 33 ans qui a déjà dû relever de nombreux défis « faire mon doctorat me permet de m’épanouir vraiment ; et cela m’a donné la direction dont je manquais cruellement ». Elle regrette toutefois que les femmes tendent à « rester isolées au sein des groupes de recherche sans interaction et mutualisation de la réflexion et des outils ». Elle estime que son rôle est de faire progresser les compétences et les connaissances au sein de sa communauté par le biais du mentorat et des initiatives d’encadrement. « Il ne faut jamais cesser d’apprendre et de donner en retour ».
En 2018, Shalena Naidoo a reçu le prix Dominique Dormont lors de la Conférence sur le sida à Amsterdam. Ce prix récompense des chercheurs qui font preuve d’originalité, de rationalité, de consistance et d’une approche multidisciplinaire et intégrative dans le domaine de la recherche sur le VIH et le sida. Elle a également reçu la bourse d’études de la Conférence SIDA 2018 et celle de la Fondation pour la recherche sur la polio (PRF). Auparavant, elle avait été récompensée par la bourse d’études pour jeunes chercheurs de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), et par celle de la South African Immunology Society(SAIS), ainsi qu’une autre bourse de la SAIS pour la formation initiale en immunologie. Elle est l’auteure de huit articles scientifiques, principalement sur le VIH/sida.
Demain :
- le portrait de Olaperi Okuboyejo – Nigeria
Les lauréates du Prix « For Women in Science Africa » L’Oréal UNESCO :
Takalani Cele – Afrique du Sud
Dr. Marilize Everts – Afrique du Sud
Charlene Goosen – Afrique du Sud
Harshna Jivan – Afrique du Sud
Dr Priscilla Kolibea Mante – Ghana