Nous publions une version en français puis en japonais ci-dessous de cet article.
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Mais que font la France et les Français, les Libanais et les Brésiliens, pour défendre les droits de l’un de leurs compatriotes ? Si Carlos Ghosn avait été Allemand, Italien ou Américain, toute la communauté des cols blancs et les dirigeants politiques, et certainement au-delà, se serait mobilisée publiquement pour le défendre dès son arrestation. A quoi sert le patriotisme sinon à défendre ses concitoyens de par le monde ?
Nous n’avions pas prévu initialement de nous intéresser de près à ce fait survenu en 2018 et qui ira bien au-delà de 2019… Mais nous sommes profondément choqués de voir le relatif – pour ne pas dire total – silence des leaders économiques et politiques français. On nous parle surtout des risques qui pèsent sur l’alliance Renault Nissan Mitsubishi, probablement la véritable cible de l’arrestation fracassante de son président. Mais la protection de cette alliance, qui est dans l’intérêt de la France, ne passe-t-elle pas notamment par la défense de son artisan principal ?
Carlos Ghosn est peut-être un flambeur. Peut-être a-t-il eu la folie des grandeurs. Peut-être a-t-il voulu être trop généreux, sur les fonds de Nissan, avec l’université Saint-Joseph et d’autres institutions chrétiennes libanaises dont il était un des plus généreux mécènes ? Peut-être a-t-il consumé l’art de l’optimisation fiscale que ce monde de folie propose aux plus riches ? Peut-être sommes-nous face à une version business d’un Penelope Gate… Peut-être. Peut-être non. La justice tranchera.
A coup sûr aussi que son arrestation le 19 novembre aura joué un rôle décisif dans la légitimation du mouvement des gilets jaunes lancé deux jours plus tôt.
Un homme déjà condamné
La présomption d’innocence est cependant profondément violée par les manières qu’emploie la justice japonaise pour mettre à terre Carlos Ghosn et, ne l’oublions pas, Greg Kelly, administrateur de Nissan et homme de confiance du premier, heureusement libéré sous caution le 25 décembre dernier.
Nous avions dénoncé dans les années 2000 le système carcéral nippon lorsque nous dirigions Ensemble contre la peine de mort. Nous nous étions rendus au Japon à l’invitation du Barreau japonais pour y tenir la première conférence internationale contre la peine capitale. Et nous avions soutenus des prévenus japonais qui clamaient leur innocence. Certains étaient sortis des geôles nippones (parmi les plus cruelles du monde), innocentés après des décennies de calvaire.
Il n’y a donc pas de raison pour que nous ne protestions avec la même fermeté contre le sort réservé aujourd’hui à l’un de nos compatriotes par la justice japonaise. Nous respectons l’indépendance de l’autorité judiciaire nippone mais nous protestons contre son fonctionnement à charge.
Au Japon comme en France et dans toutes les démocraties, la détention provisoire devrait être une arme que le juge emploie avec exception… malgré la tentation d’en faire un instrument privilégié de l’obtention des aveux. D’ailleurs, selon nos informations, le fait que Carlos Ghosn ait plaidé innocent, a dû tarauder l’orgueil d’un parquet tout puissant.
Quand bien même les deux prévenus seront innocentés ou condamnés dans quelques années, leur carrière est aujourd’hui brisée. Le préjudice déjà subi est incommensurable au regard des millions d’euros peut-être (peut-être non !) détournés.
Une simple mise en examen de Carlos Ghosn n’aurait-elle point suffi à ébranler l’homme d’affaires ? La saisie préventive de ses avoirs au Japon n’aurait-elle point compensé les griefs soulevés par le procureur ? Le fait que la justice prolonge sa garde à vue une troisième fois pour des faits dont certains seraient prescrits est profondément choquant.
En l’espèce, la détention provisoire de Carlos Ghosn vaut condamnation !
Dans l’empire du soleil levant, c’est un pâle soleil couchant, celui d’un système judiciaire archaïque, qui puise dans ses racines confucéennes ancestrales, qui éclaire d’un triste jour une société japonaise par ailleurs si rayonnante…
Un combat médiatique international
Aujourd’hui, en fait depuis la première prolongation de la garde à vue de Carlos Ghosn, le combat n’est pas que judiciaire. Il est médiatique. Le parquet japonais l’a bien compris, lui qui mobilise les médias nippons à chacun de ses actes judiciaires.
Que faire, donc ? Entamer le combat médiatique. Et ce particulièrement sur le plan international, pour dénoncer ce système punitif excessif, et demander que notre compatriote en soit protégé. D’autant que nos amis japonais sont sensibles à leur image internationale.
Nous demandons aux autorités françaises, aux chefs d’entreprise du CAC 40, aux grands médias économiques, aux avocats français de Carlos Ghosn que l’on n’a étrangement pas entendu depuis son arrestation, au point de se demander si leur silence est intentionnel voire ordonné par Carlos Ghosn lui-même, de multiplier démarches et prises de position publiques pour exiger sa libération immédiate, pour dénoncer les excès du parquet, pour attirer l’attention des Japonais sur les atteintes à la sécurité des affaires et les dommages que cette arrestation excessive va occasionner à leur économie.
Osons : qu’Emmanuel Macron, le général Aoun, chef d’Etat libanais, et le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro, lequel est entré en fonction le 1er janvier, s’adressent publiquement, haut et fort – et ensemble – à leur homologue ShinzōAbe pour lui demander que le ministère de la justice nippon protège les droits du prévenu franco-libano-brésilien.
Carlos Ghosn, s’il est à terre, est un samouraï, un capitaine d’industrie français comme il en est peu dans le monde. Il a porté haut et loin l’un des fleurons de notre économie en nouant une alliance mondiale entre Renault, Nissan et Mitsubishi. Un visionnaire, un général.
Que les Japonais veuillent en finir avec l’emprise de Renault, qui n’a vendu que 3,7 millions de véhicules en 2017, sur le géant Nissan (avec ses 5,8 millions la même année) ne justifiait pas une telle mise à mort.
Ghosn, en arabe, veut dire « branche ». Va-t-on laisser tomber une si belle branche du cèdre France ? Le samouraï Ghosn ne doit pas rester seul.
Michel Taube
JP
フランス人はカルロス・ゴーンの人権を守るために手を差し伸べるべきである
フランス人だけでなくレバノン人もブラジル人も、同胞の人権を守るために何をためらっているのだろう。もしカルロス・ゴーンがドイツ人だったりイタリア人だったり、あるいはアメリカ人だったりしたら、ホワイトカラーや政治のリーダーたち、あるいはもっと上の人たちが逮捕の直後から公の場で立ち上がっていたのではないだろうか。
愛国心が同胞を世界から守れないなら何の役に立つのだろうか。
2018年に起き、2019年以降も尾を引くことになろうこの事件を、私たちは最初から興味深く注視していたわけではない。しかしフランスの財界、政界のリーダーたちがいまだに黙り込んでいるのを見て甚だしい困惑を禁じ得ないのである。
聞こえてくるのはルノー日産三菱アライアンスが危機にさらされるのを憂うる声ばかりで、それが電撃逮捕の真相なのではないかとすら思えてくる。しかしこの国益につながるパートナーシップを守ろうとするなら、まずはそれを作り上げた仕事人を守るのが筋ではないだろうか。
ゴーン氏は確かに金遣いが荒い。名誉欲にとりつかれたと言えるのかもしれない。日産の資金を使ってサンジョゼフ大学やレバノンのキリスト教系機関に莫大な支援をする寛大な人物でありたかったのかもしれない。
狂った世界が大金持ちに提案する節税術を極めたかったのかもしれない。これらの仮説はそうかもしれないしそうでないかもしれない。我々はひょっとしたらフランソワ・フィヨン元首相が夫人に莫大な架空給与を支払った所謂“ペネロップ・ゲート“事件の経済版に立ち会っているのかもしれない。いずれ法が裁くことである。
確かなのは11月19日のゴーン氏逮捕劇がその2日前に始まった黄色いベスト運動(ガソリンの値上げなどに端を発した示威行動)を正当化したことである。
ゴーン氏はすでに罰を受けている
ゴーン氏を打ちのめすために日本の司法が取った手法は「疑わしきは罰せず」の法則から大きく外れている。12月25日に幸いにも保釈されたゴーン氏の右腕で日産取締役のグレッグ・ケリー氏も一緒だったことも忘れてはならない。
2000年代に私たちは死刑の撤廃に向けて各国が足並みをそろえる中で日本の刑制度に反対の声を上げた。日本弁護士会の招待を受けて死刑廃止への最初の国際会議を開くために日本へ赴いた。そして無実を訴える容疑者を支援し、その中の何人かは何十年にもわたる苦労の末に無罪が確定して世界でもっとも厳しい牢獄と言われる日本の拘置所を後にすることができた。
同じように、今回同胞が日本の司法から受けた処遇に対してキッパリとした態度で抗議してもよいだろう。もちろん日本の司法当局の独立性は尊重しつつその告訴の仕方に異を唱えるのである。仮釈放というものは、フランスやその他の民主主義国と同じように日本でも、たとえ容疑者の自白を獲得するための魅惑的な手段だとしても裁判官は特別の場合にのみ使うべき武器である。我々が手に入れた情報によれば、ゴーン氏が無実を主張したことで強権のはずの検察当局がひるんだという。ゴーン氏、ケリー氏の二人の容疑者に有罪または無罪の判決が下るには数年を要するのだがもうすでに彼らの職業上のキャリアは崩壊してしまった。そのことで会社や社会が受けた損害は流用された(かもしれないしそうでないかもしれない)何百万ユーロという金額よりも甚大である。
この場合ゴーン氏の勾留はすでに刑の宣告と同じなのである!
日出ずる処の帝国では、本来なら輝かしいはずの社会が昔からの儒教から受け継いだ原始的な至宝制度によって日没前のような暗い光に寂しく照らされている。
国際的なメディアの戦い
勾留が最初に延長されてからというもの、この戦いは司法上だけのものではなくメディアの戦いにもなっている。日本の検察は司法行為が日本のメディアを動員することを理解している。
ではどうすればよいのか?メディアでの戦いを始めるのだ。特に日本の過度に懲罰的な制度を告発し我らの同胞を守るために国際的なレベルでの戦いをするとよいだろう。日本では国際的にどう思われているかということを気にする人が多い。
フランス当局やCAC40(時価総額上位40銘柄)の経営者、主要経済紙、ゴーン氏の仏人弁護士たちなどの有力者にゴーン氏の一刻も早い釈放と日本の検察の行き過ぎへの告発、この逮捕がビジネスの安全性を侵害し更に日本経済に損害を与えかねないことに日本の人々が気づくよう様々な働きかけや公の立場の表明をしてもらおう。これら有力者たちの声はゴーン氏逮捕以降一切聞こえてこない。あまりにも不思議でゴーン氏の差し金かなにか意図的なものなのではないかと疑いたくなる。
マクロン仏大統領、アウンレバノン大統領、今日就任するボルソナーロブラジル新大統領は、日本の法務省がフランス人であるとともにレバノン人でありブラジル人でもあるゴーン容疑者の人権を守るよう、共に手を携えて正面から安倍晋三首相に求めていくべきである。
カルロス・ゴーンは世界でもまれにみるフランス産業界の大尉であり国の発展のために仕えるサムライである。そのゴーン氏が今打ちのめされて地に伏している。彼はルノー、日産、三菱の国際的アライアンスを築くことで我々の経済的至宝の一つを高く遠くけん引してくれた。先見の明があり大将のような存在である。
2017年に売上台数が370万台にしかならなかったルノーを同年に580台も販売した巨大な日産が買収したかったのだとしてもこのような喪失を正当化できるものではないのだ。
ゴーンとはアラブ語で「枝」を意味する。フランスという木のこんなに美しい枝を払ってしまってよいのだろうか。
(Traduit par : Yumi YOSHIDA)