De nombreuses bibliothèques seront ouvertes samedi soir le 19 janvier pour la 3ème Nuit de la lecture (cf. l’encadré). De quoi inspirer les élus nationaux et locaux pour qu’il en soit de même toute l’année…
Ouvrir plus, ouvrir mieux les bibliothèques, telle était d’ailleurs la promesse du candidat Emmanuel Macron à la présidence de la République. Cette proposition consistait à élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques municipales et universitaires en aménageant des plages en soirée et en étendant progressivement l’ouverture le dimanche sur l’ensemble du territoire.
L’enjeu est de taille : faire des bibliothèques des acteurs d’inclusion permettant de mieux lutter contre les inégalités d’accès aux savoirs et à la culture.
Or les chiffres sont sans appel : 135 sur 35 000. C’est le nombre de communes disposant d’une bibliothèque ouvrant le dimanche en France aujourd’hui. Cinq à paris, une à Bordeaux, aucune à Lyon, à Marseille et à Nantes. Quant aux bibliothèques universitaires parisiennes, seules 14 d’entre elles ouvrent le dimanche pour 669 000 étudiants…
Les bibliothèques ferment le plus souvent à 18h au moment même où les étudiants, les lycéens terminent leurs cours. Elles ouvrent moins de 40 heures par semaine dans nos plus grandes villes pendant qu’à Copenhague, elles sont ouvertes 98 heures et que les bibliothèques universitaires américaines restent ouvertes 20 h sur 24, voire 24 h sur 24 en période d’examens.
C’est bien peu. Et au moment où les doléances des Français s’expriment, forts notamment des budgets votés par le Parlement pour aider les collectivités locales à ouvrir davantage, il serait temps que la promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron devienne réalité.
« Pour faire plus, les élus locaux ont besoin de l’aide de l’Etat », insistait le rapport “Voyage au pays des bibliothèques”remis par Erik Orsenna et Noël Corbin, inspecteur général des affaires culturelles, à Emmanuel Macron en février 2018.
La dotation générale de décentralisation en faveur des bibliothèques des lois de finances 2018 et 2019 devraient permettre l’extension des horaires dans 200 à 300 bibliothèques.
Les bibliothèques ont bien changé
Dans cette attente, la transformation sur ces dix dernières années amorcée par ces lieux de lecture continue.
Autrefois dévolues, pour l’essentiel, à l’emprunt de livres, les bibliothèques sont, aujourd’hui, à la fois un lieu de travail et de formation, d’échanges et de rencontres, de détente et de loisirs mais aussi un relais efficace vers les jeunes générations des politiques d’éducation artistique et culturelle et une ouverture certaine sur le monde de l’écrit. Soutien scolaire, éducation artistique, lutte contre l’illetrisme, aides à la recherche d’emploi, écoles de la deuxième chance, prévention et lutte contre l’exclusion, les bibliothèques sont un appui formidable pour lutter contre les fractures culturelles, sociales, sociétales et numériques.
Selon le rapport d’enquête sur les publics et les usages des bibliothèques de 2016 du Ministère de la Culture, un Français sur quatre utilise régulièrement, c’est à dire au moins une fois par mois, un équipement de lecture publique – les bibliothèques sont au nombre de 7 000 en France et les points d’accès au livre au nombre de 9 000 – mais 4 millions de personnes ne fréquentent pas ou peu ces lieux de lecture. Une amplitude plus grande d’ouverture attirerait ce public délaissé.
Les jeunes aiment les bibliothèques !
Les moins de 15 ans représentent 40% du public inscrit et sont l’objet d’une politique ciblée : 92% des bibilothèques ont un partenariat avec les écoles primaires, une proportion proche de 100% pour les collectivités de plus de 5 000 habitants. Ces actions et partenariats semblent être déterminants pour les politiques de lecture publique menées sur le long terme : en effet, le taux de personnes ne s’étant jamais rendues dans une bibliothèque avant 25 ans a chuté de 10 points par rapport à 2005.
Ces différents lieux, les adultes professionnels et bénévoles (38 000 agents font fonctionner les bibliothèques et 82 000 sont bénévoles) se trouvent au cœur d’une problématique sociétale visant à construire une démocratie du savoir dans laquelle chacun doit se familiariser avec la culture écrite et faire sienne les pratiques qui en découlent, l’illetrisme devant être banni.
Le défi est d’avoir conscience de cette transformation sociétale, le passage à une culture écrite, et de permettre à chacun d’entrer en résonnance avec, de la faire sienne, de la partager et de la transmettre. Il semble primordial, dès lors, de penser, repenser, construire, re-construire, co-construire ces espaces de médiation, de mieux former les personnes à accompagner les individus éloignés de la culture écrite, bref “de faire pluset mlieux”.
Un beau défi pour le nouveau ministre de la culture, Franck Riester.
Lucie Breugghe, chef de rubrique “A nos enfants !” et Michel Taube
Samedi 19 janvier 2019, la 3ème Nuit de la Lecture sera un appel au voyage en Europe, en Outre-mer, en Afrique et en Asie.
La lecture sera en fête demain soir : 4 722 événements seront organisés par les professionnels du livre. Auteurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires, tous seront là, pour faire de cette soirée une grande fête dédiée aux livres. Des bibliothèques municipales, universitaires, des librairies mais aussi des musées, des écoles, des hôpitaux, des prisons, des lycées français à l’étranger et des Instituts français dans le monde ouvriront leurs portes pour faire partager au plus grand nombre le plaisir de lire.
Pour cette nouvelle édition de la Nuit de la Lecture, la première du nouveau ministre de la culture Franck Riester, la volonté affichée des pouvoirs publics est de généraliser la lecture pour tous, jeunes et publics éloignés de la lecture. L’accessibilité au livre et à la lecture pour tous semble être une ambition assumée par les pouvoirs publics.
Vous pouvez retrouver le programme en ligne : https://nuitdelalecture.culture.gouv.fr/L-evenement, sur les réseaux sociaux #NuitLectureet ainsi découvrir toutes ces animations gratuites de toute nature – lecture de contes, lecture dans le noir, lecture théatrale, écriture, dessin de son touloulou, jeux autour des mots, … à faire seul, entre amis, en famille, immodérement.
L.B.