Les Émirats Arabes Unis mettent en place une stratégie de développement économique très agressive avec des visées d’influence stratégique certaines à l’échelle du monde arabe et en particulier dans la région de la péninsule.
C’est particulièrement le cas en Égypte où les investissements économiques et immobiliers se sont accélérés ces dernières années avec plusieurs milliards injectés dans de plus ou moins grands projets. Récemment, des voix se sont élevées au sujet de l’expropriation de plusieurs centaines de citoyens égyptiens du quartier Maspero, un gros « bidonville » posé sur les rives du Nil. La position stratégique de ce lieu de près de 40 hectares à quelques encablures de l’hyper centre attise les convoitises des promoteurs qui envisagent d’y ériger quelques immeubles cossus.
En effet, un accord entre les dirigeants émiratis et l’autorité du Canal de Suez, signé en 2017, prévoit la création d’une zone industrielle et résidentielle intégrée.
Or il semblerait que les droits des habitants expropriés y seraient allègrement bafoués, sans compensations financières ou si peu rémunérées pour ceux qui parviendront à produire les documents notariés, justifiant de leur propriété foncière ou immobilière.
Cette stratégie émiratie d’acquisition tout azimut, répond à la volonté de mettre la main sur des pans entiers de l’économie égyptienne, par le biais du programme « Investissement » initié ces cinq dernières années. Ce sont ainsi des centaines de sociétés ou de co-entreprises, qui voient basculer dans le giron émirati, les principales composantes de l’économie égyptienne.
Des opposants, au régime du Général Président Al Sissi se font entendre, comme Samir Alish, qui qualifie ce processus « d’occupation économique » de l’Égypte. Il appelle l’opposition égyptienne à mettre de côté ses divergences partisanes et à s’unir derrière un projet politique libérant le pays de cette dépendance.
L’homme fort de l’Egypte, à qui le président Macron vient de rendre une visite d’Etat, n’est pas prêt de renier ses partenariats avec les Émirats, qui l’ont conduit à participer au quartet des pays qui imposent un blocus au Qatar. Sa politique étrangère comme ses impacts en termes de politique intérieure sont – et seront – largement influencés par la volonté d’Abou Dhabi. Les Emirats sont en effet ses bailleurs de fonds, et se portent caution auprès des grands marchands d’armes auprès desquels l’Égypte s’approvisionne, sachant que ses créances seront de toute façon payées par le riche émirat. Et comme le dit le vieil adage : qui paye décide.
Claudie Holzach