La manifestation de ce soir dans, espérons-le, de nombreuses villes et terroirs de France, pour dire #CaSuffit et NON à l’antisémitisme, a lieu parce que tous les Français attachés aux valeurs de la République sont frappés au cœur par les atteintes aux personnes et aux symboles juifs de France.
Beaucoup de nos coreligionnaires qui ne sont pas juifs ont parfois du mal à comprendre que l’antisémitisme a ceci de particulier parmi les nombreux racismes qui minent notre société qu’il porte en lui, intrinsèquement, par essence, la haine de tous les autres et pas que celle des juifs. C’est l’histoire religieuse et politique de l’Occident et à tout le moins de l’Europe qui nous l’enseigne. Lutter contre l’antisémitisme, c’est lutter contre l’islamophobie et les attaques contre les chrétiens, contre l’homophobie, contre tous les racismes, contre le rejet de la France et de ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
C’est pour cela que seules des atteintes symboliques au judaïsme et à la présence des juifs en France et, alors même (Dieu soit loué pour les croyants) qu’aucune attaque physique recensée n’avait été constatée récemment (l’agression odieuse contre Alain Finkielkraut est intervenue après-coup), ont suffi à déclencher un opprobre national et l’annonce par 14 partis politiques des manifestations de ce soir.
C’est pour ces raisons qu’Emmanuel Macron, devrait venir ce soir à République : sa présence seule en tant que président de la République expliciterait ce message fondamental. L’antisémitisme porte atteinte à chaque Français, quelle que soit son origine, sa confession, sa différence ou sa singularité.
En choisissant de s’adresser aux Français lors du dîner du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France), institution parfaitement légitime et utile à notre pays, Emmanuel Macron enferme la lutte contre l’antisémitisme dans un dialogue de la République avec les juifs.
Certes, il faut protéger, rassurer, réconforter, soutenir les juifs de France qui se sentent humiliés, menacés, exclus comme trop d’entre eux le sont des quartiers tenus par les islamistes radicaux (qui n’ont rien à voir avec l’Islam et les musulmans de France) ou un Finkielkraut par des gilets jaunes haineux (et semble-t-il d’ailleurs aussi salafistes). C’est certainement ce que dira le président Macron demain soir devant les institutions juives de France.
Mais ce soir, sur la place de la République c’est à tous les Français que le président, par sa seule présence encore une fois, délivrerait le message adéquat : plus jamais ça !
Olivier Faure, premier secrétaire du parti socialiste, a rendu service à la République (et aux valeurs de son parti, quelque peu égarées ces dernières années) en lançant cet Appel à rassemblement.
Doit-on réveiller le souvenir de Charlie Hebdo et du Bataclan voisins, de ces 4 millions de Français qui s’étaient rassemblés sur cette même place un 11 janvier 2015 ? Ce dimanche-là, ils étaient une quarantaine de chefs d’Etat du monde entier au côté de François Hollande.
Difficile, au final, de comprendre l’absence du chef de l’Etat quand tous les partis républicains appellent unanimement à un tel rassemblement.
Monsieur Macron, le climat actuel appelle votre présence place de la République pour, à l’adresse de tous les Français, prévenir (le mot peut signifier annoncer ou empêcher) la montée du péril antisémite et de toutes les haines.
Michel Taube