Les Israéliens rebattront-ils d’eux-mêmes les cartes du Moyen-Orient ? C’est aller un peu vite en besogne mais, pour la première fois, un sondage annonce Benyamin Netanyahou en seconde position aux élections législatives anticipées du 9 avril prochain.
Plus exactement, l’alliance bleu – blanc (aux couleurs du drapeau israélien) de centre droit entre d’anciens généraux (Benny Gantz, Moshe Yaalon et Gaby Ashkenazy) regroupés dans Hossen LeIsraël (« résilience pour Israël ») et le leader centriste Yair Lapid au sein de Yesh Atid (« il ya un futur ») dépasse le Likoud de l’actuel premier ministre de six points dans un sondage publié en début de semaine par le journal israélien Yedihot Arahonot.
Benyamin Netanyahou, pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir, a passé une alliance contre nature avec deux partis d’extrême droite dont l’un, Force juive, est ouvertement raciste et accusé de complicité de terrorisme, notamment par des organisations juives américaines respectées. Ce coup de poker provoque des vagues dans l’opinion israélienne.
Les choses s’accélèrent aussi sur le plan judiciaire : d’après nos informations, Benyamin Netanyahou serait sur le point d’être inculpé par le procureur général Avichai Mandelblit pour des faits de corruption dans quatre affaires différentes.
Le chef d’Etat israélien a donc décidé d’écourter le voyage qu’il effectue actuellement en Russie pour préparer sa défense. Il a déjà dit que dans l’hypothèse de ces inculpations, il se maintiendrait dans la course. Toutes choses égales par ailleurs, le syndrome de l’entêtement Fillon fera-t-il chuter le tigre israélien ?
Ce qui était inenvisageable il y a encore quelques semaines serait-il en train de se mettre en place ? Une alternance politique après dix ans consécutifs au pouvoir par le même homme est aujourd’hui possible. Même si, et c’est le plus important, le scrutin proportionnel intégral obligera une fois de plus à des alliances avec de petits partis. Et Benyamin Netanyahou, qui excelle dans cet art, pourrait se maintenir, même en arrivant second.
A moins que, comme l’a laissé entendre Benny Gantz, le Likoud se sépare d’un Netanyaou empêtré dans ses problèmes judiciaires et s’entende avec l’alliance bleu-blanc. Ce scénario permettrait enfin de voir émerger une majorité de gouvernement libérée du chantage et de l’emprise de groupuscules très à droite.
Le futur gouvernement israélien pourrait enfin adopter une politique internationale plus ouverte…
Il est désormais permis d’envisager, d’espérer pour certains, de craindre pour d’autres, que Benny Gantz soit le prochain chef de gouvernement.
Une chose est sûre : une fois de plus, Israël a rendez-vous avec son destin.
Michel Taube