Des gilets jaunes au grand débat national : la semaine de vérité…
Cette énième semaine de vérité aura pour point d’orgue la clôture (ou presque) du Grand débat national et un week-end où les gilets jaunes comptent frapper fort quatre mois après s’être mobilisés. Opinion Internationale proposera chaque jour un article d’analyse et ponctuera cette semaine par la parution vendredi 15 mars de propositions, espérons-le, utiles.
Les gilets jaunes sont-ils [vraiment] un mouvement révolutionnaire ? Le dernier numéro de la célèbre Revue politique et parlementaire, dont Arnaud Benedetti prend la direction éditoriale, a le mérite de poser la vraie question.
L’effondrement du nombre de manifestants du samedi n’est peut-être qu’un trompe-l’œil.
Si les gilets jaunes, qui sont bien plus qu’une marque, ont pu créer un climat quasi insurrectionnel en France, faire trembler le pouvoir, fragiliser l’économie française, provoquer la rédaction de milliers de cahiers de doléances et l’organisation de réunions publiques partout en France, c’est bien qu’il se passe quelque chose.
Les gilets jaunes expriment une colère française. Et la page « gilets jaunes » n’est certainement pas tournée. Le « giletisme » est né, comme le souligne, déjà depuis novembre, le même Arnaud Benedetti.
Mais les gilets jaunes sont-ils un mouvement révolutionnaire ? Trop désorganisés, trop dispersés (le mouvement s’épuise de semaine en semaine), trop méprisants à l’endroit du politique (le président de la République, les symboles de la République…), et des petits commerçants des centres-villes qu’ils sont en train de tuer, trop « dégagistes » et pas assez dans la vision, le bâtir, l’offre d’une alternative révolutionnaire crédible. Il faut convenir que cela prend du temps de concevoir un projet pour la France…
C’est pourquoi le risque est grand que d’autres acteurs, plus futés et aguerris qu’eux, Marine Le Pen en tête, récoltent prochainement les fruits de leur colère. Nous l’avons écrit ces derniers mois.
Pour le moment, les gilets jaunes sont dans la haine plus que dans la colère, surtout certains irréductibles « porte-paroles ». Ils sont une mèche, une étincelle, plus que l’incendie lui-même.
Leur seule issue, leur seul avenir : qu’un leader sérieux sorte de ce magma, qu’une Priscillia Ludoskysache prenne le leadership, mette de l’ordre dans cet océan d’anarchie, écarte les racistes, les frexiteurs, les complotistes (à moins qu’elle ne soit elle-même de cette dernière trempe, nous n’en savons rien), adopte un projet audacieux mais crédible, rajoute une pointe d’humanisme (quand même, c’est aussi cela notre histoire et l’intérêt de nos libertés), structure la parole, les rassemblements, libère la rue (et l’économie) et investissent le débat public.
Alors, oui, un mouvement révolutionnaire naîtra.
Alors, comme en Italie, elles pourront trembler les élites. Les Macron, Le Pen et autres Mélenchon, mais aussi les syndicats et autres corps constitués, démonétisés par le dit giletisme.
Pour les gilets jaunes, l’horizon de ce mouvement révolutionnaire, ce n’est évidemment pas les élections européennes ni les municipales 2020 ! En revanche, en 2022 et avec l’élection présidentielle, alors, les gilets jaunes pourront espérer rebattre profondément les cartes de la vie politique française.
Doit-on le souhaiter ? Peu importe. C’est l’histoire en marche qui le dira !
Un Débat national pour quoi faire ?
Pour l’heure, une autre question taraude les esprits bâtisseurs : que peut-il sortir à court terme de cette colère ? C’est le défi du Grand Débat national que de tenter de transformer cette colère française en propositions pour la France.
C’est pourquoi, à partir du 15 mars, nous livrerons nos propositions, nos solutions pour redresser la France. Nous doutons franchement du mode opératoire et conclusif retenu par l’exécutif car, tout simplement, dans la logique de ce qui se passe depuis novembre, le chef de l’Etat n’aurait pas dû garder le monopole des conclusions qui en seront tirées.
Emmanuel Macron entrerait dans l’histoire de France s’il saisissait tout simplement cet instant de la vie politique française pour refonder la République en confiant aux meilleurs des Français (les talents et les compétences de notre pays ne demandent que cela) le soin de redéfinir le contrat social et républicain qui nous lie.
Alors l’étincelle jaune s’éteindra.
Sinon une prochaine tempête sociale, jaune ou autre, ne manquera pas de provoquer un incendie général.
Michel Taube
La Revue Politique et Parlementaire et l’école HEIP organisent, sous la houlette Arnaud Benedetti,une conférence publique à l’occasion de la sortie du numéro « Gilets jaunes » : un mouvement révolutionnaire ?ce mardi 12 mars 2019 de 18 h à 20 h au 37 quai de Grenelle – 75015 Paris.
Avec Alexis Bachelay, Pierre Bréchon, Bruno Cautrès, Bertrand Cavallier, Jacky Isabello, Pierre-Emmanuel Guigo, Priscillia Ludosky, Elodie Mielczareck, Benjamin Morel, Adrian Pabst, Régis Passerieux, Stéphane Rozès, Alberto Toscano.
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