La rubrique « A votre santé », animée par Raymond Taube, rédacteur en chef d’Opinion Internationale et directeur de l’IDP – Institut de Droit Pratique, vous propose désormais chaque semaine (hors vacances scolaires) des conseils bien-être pour une santé équilibrée. Une chronique de Françoise Rosenpick, docteur en pharmacie.
Le printemps est arrivé ! La nature s’éveille de son repos hivernal, les oiseaux chantent, les arbres bourgeonnent, les fleurs colorent la nature, les animaux sont amoureux et le soleil illumine nos journées… Mais pour tous ceux qui souffrent de rhinite allergique saisonnière, c’est aussi le début d’une période qui peut malheureusement s’avérer pénible voire dangereuse.
L’allergie est une réaction immunitaire à certaines substances, comme les pollens, les poils d’animaux ou certains aliments. C’est un dérèglement du système immunitaire qui ne tolère plus des substances pourtant habituellement inoffensives pour l’organisme : les allergènes.
La réaction se manifeste par des symptômes respiratoires (éternuements, constriction des voies respiratoires, larmoiement, rhinite, asthme), cutanés (urticaire, eczéma) ou généralisés… L’anaphylaxie provoque un œdème pouvant être mortel.
Ces symptômes sont provoqués par la libération d’histamine dans la circulation sanguine et représentent le moyen dont dispose l’organisme pour éliminer la substance étrangère ; ils s’accompagnent également de la libération d’immunoglobulines IgE.
Les allergies sont souvent dues à des prédispositions génétiques, mais d’autres facteurs peuvent jouer un rôle dans leur déclenchement.
Parmi les principaux responsables du déclenchement d’allergies respiratoires, la pollution de l’air figure en bonne place. Elle agit en effet à deux niveaux : d’une part en provoquant une irritation des voies respiratoires qui abaisse notre seuil de sensibilité aux allergènes présents dans l’air, d’autre part en induisant une réaction des végétaux qui vont produire du pollen plus agressif et en plus grande quantité.
La météo va aussi influencer ces phénomènes. Le soleil augmente la pollinisation et le vent assure sa dispersion. La pluie va momentanément coller le pollen au sol, mais dès le retour du soleil les grains vont à nouveau pouvoir s’envoler. L’orage quant à lui projette les grains de pollen au sol et provoque leur éclatement en petites particules qui atteindront plus facilement les bronches.
Le tabagisme, qui provoque une inflammation chronique des muqueuses respiratoires, augmente aussi la sensibilité aux allergènes.
Consommer de l’alcool, notamment du vin rouge et du vin blanc, serait un facteur aggravant des rhinites et de l’asthme allergique d’après une étude suédoise publiée en janvier 2005 dans la revue Respiratory Medicine. Les chercheurs ont montré que plus de 3% des adultes rapportaient avoir des symptômes nasaux après avoir consommé de l’alcool. Le principal étant le nez bouché et les femmes étant plus touchées que les hommes. De plus, les personnes rapportant ces symptômes étaient plus susceptibles de souffrir de rhinites allergiques, d’asthme ou de bronchite chronique.
Si le stress n’est pas à l’origine des réactions allergiques, il peut aggraver une crise allergique. Des chercheurs américains ont montré que les personnes allergiques étaient plus stressées que les autres. Bien qu’aucun lien direct n’ait été démontré, les participants souffrant d’allergies ont rapporté que leurs symptômes avaient explosé lorsqu’ils avaient eu des journées très stressantes. Ces chercheurs conseillent alors la méditation, l’arrêt du tabac et de la caféine mais aussi de prendre le temps de se détendre.
Alors que faire, lorsqu’on est sensible, pour échapper aux crises d’éternuements printanières ?
La première mesure à prendre lorsqu’on parle d’allergie est l’élimination de l’allergène. Pas facile lorsqu’il est en suspension dans l’air que l’on respire, mais on peut malgré tout prendre quelques précautions qui vont atténuer la crise. Le geste le plus simple consiste à faire des lavages du nez, des yeux et des cheveux. Ça n’a l’air de rien mais cela permet de ne pas garder les pollens et autres allergènes collés aux muqueuses. C’est particulièrement important le soir avant de se coucher. On peut aussi porter un masque pour sortir, même si c’est peu agréable. On évite aussi de vivre les fenêtres ouvertes et on n’utilise ni désodorisant ni bougie parfumée qui ne font qu’ajouter des produits irritants.
La prise d’un antihistaminique par voie orale peut permettre d’enrayer une crise débutante et elle peut être complétée par des corticoïdes locaux (gouttes nasales, collyre, spray bronchique). A prendre de préférence le soir car, même si les nouvelles molécules ont permis de diminuer les effets secondaires, il y a des risques de somnolence. Il vaut mieux ne pas attendre que la crise soit installée car la réaction allergique est comme une réaction en chaîne, il est plus facile d’empêcher son déclenchement que de l’arrêter. En cas de gêne pulmonaire, il est nécessaire de consulter.
L’intérêt des tests épidermiques allergologiques est d’identifier les allergènes auxquels vous êtes sensible. Cela va parfois permettre d’éliminer ou de limiter l’exposition à ces facteurs. Cela va surtout permettre, dans le cas des allergies saisonnières de déterminer quelle espèce vous ennuie et à quelle période elle sévit. Vous pourrez ainsi prendre un traitement préventif et éviter pour une période donnée d’aller courir ou faire la sieste sous les arbres au mauvais moment. Surtout si vous consultez le site du Réseau National de Surveillance Aérobiologique qui publie très régulièrement des bulletins allergo polliniques ainsi qu’une carte de vigilance (https://www.pollens.fr/). Au risque de me répéter, il vaut mieux prévenir que guérir. Une allergie n’est pas à priori une maladie grave, sauf quand elle dégénère en asthme ou en œdème.
La désensibilisation (immunothérapie spécifique, hyposensibilisation) est une thérapie utilisée en cas d’allergie de type I induite par IgE. Elle est réalisée lorsque la personne souffre de troubles allergiques en relation avec une allergie pollinique, une allergie aux acariens de la poussière domestique ainsi qu’en cas d’allergie aux animaux ou aux moisissures.
La désensibilisation peut sauver la vie en cas d’allergie au venin d’insectes et est donc absolument recommandée.
Une dose croissante des allergènes correspondants est injectée sous la peau ou prise sous forme de comprimé ou encore de gouttes placées sous la langue. L’objectif est d’atteindre une protection immunologique permettant d’éviter d’autres réactions allergiques. Le corps est en quelque sorte « habitué à l’allergène ».
Une désensibilisation est réussie (environ 80% des cas) lorsque les troubles diminuent fortement ou, dans le meilleur des cas, disparaissent totalement.
Bon, malgré tout, le printemps est une période merveilleuse après la morosité de l’hiver.
Bonne semaine à tous !
Françoise Rosenpick
Docteur en pharmacie