« Je suis soulagé, pour moi, pour ma famille, mais aussi pour tout le peuple béninois, de voir enfin aujourd’hui mes droits pleinement reconnus. C’est une grande victoire pour la justice et la liberté au Bénin et dans toute l’Afrique. »
C’est par ces mots, les larmes dans la voix, que l’ancien candidat à la présidence de la République et président du patronat béninois, Sébastien Ajavon, a commenté la décision prise à Arusha en fin d’après-midi.
La Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) venait de condamner lourdement l’Etat du Bénin, en raison des violations manifestes des droits de l’homme commises contre Sébastien Ajavon, aujourd’hui réfugié en France.
Et l’homme rétabli dans ses droits d’ajouter : « comme le dit la Cour africaine à plusieurs reprises dans son jugement, la justice béninoise, aux ordres du président de la République Patrice Talon, n’a pas respecté « l’égalité des armes » et a violé mes droits les plus fondamentaux : présomption d’innocence, droit à la défense, égalité entre les parties, droit d’être jugé par une juridiction compétente…
La déclaration de Sébastien Ajavon à l’issue de l’audience de la CADHP
« En outre, la Cour a déclaré illégale la fermeture de la radio Soleil FM et de Sikka TV, dont j’étais (dont je suis) le président, ce qui est une grande victoire pour la liberté de la presse au Bénin.
« Le jugement de la Cour d’Arusha condamne en tous points la CRIET, cette juridiction d’exception créée pour m’abattre, et ordonne à l’Etat d’effacer tous les effets de la décision de la CRIET qui m’a condamné, rappelons-le quand même, à à vingt ans de prison, avec délivrance d’un mandat d’arrêt international qui me vaut d’être demandeur d’asile en France.
« Enfin, la Cour reconnaît que Monsieur Talon, en tant que président de la République, « a porté atteinte à ma réputation, à mon honneur et à ma dignité ».
Au terme de l’audience, Marc Bensimhon, avocat de Sébastien Ajavon, a précisé que « la Cour déclare l’Etat de Bénin coupable de toutes les violations des droits de l’Homme à l’encontre de Monsieur Sébastien Ajavon. C’est une grande victoire pour le droit et la justice qui permettra à tout citoyen africain de demander à cette juridiction supranationale de sanctionner un Etat qui violerait ses libertés fondamentales. »
La CADHP a eu la main lourde en se déclarant, à l’unanimité de ses membres, compétente, en dénonçant les « dysfonctionnements de la justice » béninoise, en ajoutant que la « présomption d’innocence a été violée tout au long de la procédure judiciaire » et en ordonnant à l’Etat de prendre toutes les mesures d’application de ce jugement dans un délai de 6 mois.
Patrice Talon, dont la majorité parlementaire s’obstine à refuser la participation de l’opposition aux prochaines législatives du 28 avril, voit un second front s’ouvrir contre ses agissements : celui de la justice internationale.
Michel Taube