A Kigali s’ouvrent cent jours de commémoration du génocidedes Tutsis du Rwanda et le peintre anglais Bruce Clarke inaugure aujourd’hui le Jardin de la mémoire en présence, entre autres, de la Première Dame du Rwanda et de la Gouverneure générale du Canada.
Bruce Clarke qui vit en France et est actuellement exposé à la galerie à Art-Z d’Olivier Sultan à Paris, a conçu ce lieu de mémoire en partenariat avec IBUKA (l’association nationale de rescapés), la CNLG (Commission Nationale de Lutte contre le Génocide), IMBUTO Foundation, mais aussi avec des rescapés. Il nous confie :« ce jardin n’est pas un Jardin ordinaire. Chaque élément ici est une allégorie de souffrance et de refuge, du désespoir et de l’espérance. C’est un Jardin de la mémoire. Pas d’une seule mémoire, mais de beaucoup de mémoires. »
Vingt-cinq ans après, il est vrai que ce génocide fulgurant, qui a causé des centaines de milliers de morts en quelques semaines, est la proie de conflits de mémoires. La France est souvent incriminée, de façon injuste car excessive, pour sa passivité face au déclenchement de la violence en 1994. La France était présente sur place, certes, mais l’armée pouvait-elle empêcher le pire ? Qu’il y ait eu des complicités passives, notamment avec le pouvoir en place à l’époque, certainement. Et il faudra les éclairer, les expliquer. Qui n’a pas eu vent, avant qu’il ne soit trop tard, des alertes sur la planification systématique de l’élimination de la population Tutsie ?
Vingt-cinq ans après, il est temps de dépasser les querelles politiciennes pour véritablement élaborer ensemble un travail de mémoire, de pédagogie et de transmission aux jeunes générations.
A Paris, Emmanuel Macron, s’il ne s’est rendu au Rwanda pour les vingt-cinq ans du génocide, annonce l’instauration d’une Journée de commémoration en France. Cette initiative de la LICRA, reprise par le chef de l’Etat, contribue, avec l’instauration d’une commission d’historiens présidée par Vincent Duclert qui aura accès à toutes les archives, à dépassionner le travail de mémoire.
Il est grand temps que la mémoire prenne le pas sur les règlements de compte politiciens.
Michel Taube