Depuis le 15 mars, les partis d’opposition traditionnels sont interdits au Bénin par le nouveau code électoral et la Charte des partis politiques. Ils n’ont pu se présenter aux élections législatives qui auront lieu demain dimanche 28 avril et qui, mécaniquement donc, éliront 100% de députés de la majorité présidentielle. Le parfait hold-up politique est sur le point d’être réussi par Patrice Talon, président de la République.
Depuis plus d’un mois, les manifestations pacifiques se multiplient mais ont été dispersées de façon violente, même lorsque deux anciens chefs d’Etat sont descendus dans les rues de Cotonou pour soutenir le peuple. Amnesty International vient de s’émouvoir de ces libertés politiques entravées. Sur place, et côté société civile béninoise, Social Watch Bénin a suspendu sa participation aux activités de contrôle de la transparence des élections.
C’est tous les jours, depuis plus d’un mois, que les partis font l’objet de pressions qui les empêchent de fonctionner. Le cas de l’USL (Union Sociale Libérale) est emblématique.
Dirigé en exil depuis Paris par Sébastien Ajavon, le patron du MEDEF béninois, qui était arrivé troisième au premier tour de l’élection présidentielle de 2016, ce parti est sans cesse inquiété par les autorités béninoises. Intimidations, pressions pour « retourner politiquement » des militants, arrestations, pressions, à la faveur d’un nouveau code numérique, sur les administrateurs des comptes Whastapp (le mode principal de communication au Bénin) se succèdent.
Plusieurs coordonnateurs locaux et militants de l’USL sont traqués et certains arrêtés à Porto Novo, Allada, Cotonou, Azovè et dans d’autres parties du Bénin. Ils pourraient être jugés par la fameuse CRIET, ce tribunal d’exception créé par l’exécutif Talon et pourtant lourdement condamné par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuplesdans l’affaire Ajavon – Bénin.
A la veille de l’élection législative, et alors que la plupart des partis ont appelé les Béninois à ne pas se rendre aux urnes, le peuple est dans l’attente de savoir où Patrice Talon va l’emmener…
Opinion Internationale