Est-ce dans le sang et les larmes que les femmes conquerront liberté et égalité ?
La veille du Sommet du G7 femmes organisé à Paris et à Bondy par Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’égalité femmes – hommes et à la lutte contre les discriminations, le sang a coulé : mercredi 8 mai 2019, à Kaboul en Afghanistan, l’ONG américaine Counterpart International a été visée par un attentat, causant quatre mort et une vingtaine de blessés.
Les talibans ont revendiqué leur crime en dénonçant l’un des programmes de promotion de la mixité homme – femme mené par cette association. Cet attentat est donc un nouveau fait de guerre dans le combat de civilisation qui s’impose de plus en plus comme la boussole de bon nombre des conflits et dans lequel la liberté des femmes constitue l’un des enjeux clé.
Au même moment, les mêmes talibans négocient à Doha au Qatar avec l’émissaire américain pour la paix en Afghanistan. Ce crime ne mériterait-il pas une suspension des négociations ? Question naïve ? Mais ce crime prouve combien les droits des femmes ne peuvent se contenter d’être l’affaire des sociétés civiles et de femmes militantes. La liberté des femmes ne pourra avancer sans une vision géopolitique de leur combat.
Une centaine d’organisations féministes en sont bien convaincues qui se sont réunies à l’UNESCO hier le 9 mai 2019 pour interpeller Emmanuel Macron qui présidera le G7 à Biarritz fin août. Leur Sommet W7, initié par CARE (dont trois collaborateurs ont été tués dans l’attentat de Kaboul), Equipop et une centaine d’organisations féministes, réclame un G7 féministe.
Leurs revendications ? Augmenter les budgets des organisations féministes, associer davantage les femmes aux prises de décision politiques et féminiser les politiques, toutes les politiques, des Etats. Le Canada l’an passé et la France cette année, présidents successifs du G7, les soutiennent et ont décidé de faire de l’égalité un des enjeux du Sommet des leaders du monde occidental.
Ce noble combat est loin d’être gagné quand on sait qu’en 2020, les Etats-Unis de Donald Trump (qui a détricoté l’aide américaine aux organisations de promotion des femmes dans le monde) présideront le G7 et… l’Arabie saoudite le G20. Une année noire en perspective selon une organisatrice du W7.
Mais qui ne fait pas peur à celle qui s’imposera comme l’égérie du W7, Hadja Idrissa Bah, surnommée Hadja Idy [notre photo]. Cette grande gueule (une « Sois belle et ouvre la » à elle seule !), présidente fondatrice du club des jeunes filles leaders de Guinée, ancienne présidente du Parlement guinéen des enfants, a été chaudement applaudie en clamant : « Une révolution positive des jeunes filles est en marche. Mon sexe ne doit plus être ma faiblesse mais ma force ! » Hadja Idy osa mettre les pieds dans le plat en dénonçant les chefs religieux qui minorent les femmes dans son pays, la Guinée. Et cette grande gueule, courageuse et rayonnante, d’adresser un appel vibrant à Emmanuel Macron pour que le prochain G7 soit un rendez-vous utile et pas qu’un moment de plaidoyer parmi d’autres.
Michel Taube
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