Ce samedi 11 mai à Monaco, il y a deux semaines à Paris, se déroulent les épreuves de la Formule E, la course automobile calquée sur la Formule 1 avec des voitures propulsées par un moteur électrique. Prouesses technologique et écologique se combinent. Mais la Formule E est-elle vraiment « green friendly » comme on dit ? Rien n’est moins sûr.
La Formule E a un bel avenir devant elle. Du moins si l’on en croit son promoteur Alenjandro Agag, un homme d’affaire espagnol de 48 ans. Lancée en 2014, la petite sœur de la Formule 1 semble bien avoir trouvé sa place dans le paysage automobile, malgré deux premières saisons un peu difficiles.
Désormais, les plus grands constructeurs automobiles ont compris tout le potentiel que recelait le marché des voitures électriques et veulent leur part du gâteau. Porsche et Mercedes ont ainsi annoncé leur participation pour la prochaine saison de Formule E. Les deux écuries allemandes, qui resteront aussi en Formule 1, rejoindront d’autres grandes écuries comme BMW, Audi, Jaguar, Nissan, Citroën ou encore l’indien Mahindra.
De même les plus grandes métropoles du monde se targuent d’avoir leur Grand Prix de Formule E : Berlin, Hong-Kong, Mexico, New York, Rome, Dariya (Arabie saoudite), Marrakech (Maroc), Monaco et donc Paris ! L’an prochain, Londres et Séoul accueilleront aussi la course entre leurs murs.
Si les constructeurs et les grandes villes jettent autant leur dévolu sur la Formule E, c’est parce que cette dernière est bénéfique pour leur image. Les constructeurs mettent ainsi en avant auprès du public leurs prouesses technologiques au service de l’écologie et des énergies renouvelables. La « FE » se révèle donc être la meilleure discipline pour ces constructeurs. De même, Paris et les autres villes soignent leur image écolo en accueillant l’événement.
Originalité de la course : toutes les voitures sont les mêmes et ce sont les prouesses des pilotes qui font la différence.
Reste que le débat monte : la Formule E est-elle aussi « green friendly » qu’elle y paraît ?
Formule E à Paris : poudre aux yeux écologique ?
Pas si sûr. Juste avant l’édition de 2016 à Paris, le groupe écologiste de la ville de Paris (sollicité par nos confrères du journal L’Express) avait pesté contre un « désastre écologique ». En cause selon ces élus, les effluves « toxiques » et selon eux « cancérogènes » du revêtement de goudron qui recouvre sur quelques centaines de mètres les pavés haussmaniens du circuit.
Les habitants du quartier des Invalides se sont retrouvés en effet aux premières loges du bal incessant des camions alimentant la machine enrobeuse de bitume chaud (camions qui ne sont, eux, pas électriques et polluent forcément). Et ils n’ont pas du tout apprécié les nombreuses secousses et les nuisances sonores que tout cela induisait. Sans compter que ce bitume installé pour protéger les pavés historiques de Paris n’a été que provisoire. Il a été arraché après l’E-prix avec un deuxième bal des camions et des machines qui émettent des particules fines.
Enfin, dernier détail important : si l’énergie électrique ne rejette pas de gazs à effet de serre, l’électricité produite en France l’est en grande partie grâce au… nucléaire ! Ce qui est loin d’être neutre pour l’environnement. On sait hélas que ces déchets s’accumulent, et qu’ils peuvent rester dangereux durant des millénaires !
S’invitant dans le débat, l’ancien porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, un des candidats de La République en marche à la Mairie de Paris, a surpris son monde en annonçant que s’il était élu Maire de Paris en mars prochain, il mettrait fin à l’épreuve parisienne de la Formule E.
L’E-prix « green friendly » survivra-t-il à la politisation de ses enjeux ? Il n’ y a qu’en France que le débat trouble la montée en puissance de la Formule E.
Bilal Nedman
Chroniqueur Esprit Sports
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