Edito
13H12 - dimanche 12 mai 2019

Les otages français ont-ils été victimes indirectes de la mauvaise gouvernance de Patrice Talon ? Une enquête parlementaire saura y répondre. L’édito de Michel Taube et son intervention sur BFMTV.

 

Seule une enquête parlementaire indépendante saura dévoiler ce qui s’est passé le 1er mai lors de l’enlèvement de nos otages au nord du Bénin.

Jean-Yves Drian, ministre des affaires étrangères, a eu raison de pointer l’imprudence des deux otages français libérés, Laurent Lassimouillas et Patrick Picque, qui sont allés visiter le parc de la Pendjari au nord du Bénin… Mais pas pour les raisons invoquées par les autorités françaises !

En effet, comme l’ont déjà révélé les médias français, le parc où ont été enlevés les touristes français (et tué leur guide et chauffeur Fiacre Gbédji) n’était pas classé en zone rouge par le quai d’Orsay lorsqu’ils sont partis en vacances.

En revanche, nos compatriotes couraient un autre risque…

Ce risque, c’est celui de s’être rendus dans un pays hier démocratique, stable et pacifique mais aujourd’hui confisqué par un président de la République, Patrice Talon, devenu un talon d’Achille de plus qui fragilise la stabilité de l’Afrique ouest-francophone.

Ce n’est pas faute pour nous, depuis deux mois, d’alerter l’opinion publique sur le changement de régime actuellement à l’œuvre ! Le Bénin devient actuellement un régime autoritaire. Et les cartes du quai d’Orsay n’en ont pas tenu compte. Le pouvaient-elles ?

Il est un fait que les islamistes prospèrent dans des Etats autoritaires où les populations perdent confiance dans leurs représentants. Or aujourd’hui au Bénin l’instabilité politique d’un Etat africain impacte directement sur la vie des Français, comme on le constate tragiquement avec la mort de nos deux soldats, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello. Nous payons cher le prix d’une mauvaise gouvernance démocratique dans un pays dont nous sommes partenaire.

En effet, Opinion Internationale est en mesure de révéler que, dans le parc de la Pendjari, les fonctionnaires béninois du secrétaire général du syndicat national des Eaux et forêts, avaient été évincés et remplacés fin 2017 par un organisme sud-africain, au terme de la signature d’un contrat de gré à gré imposé aux autorités locales par l’administration centrale. Des agents publics béninois s’en étaient plaints, notamment le capitaine Patrice Trékpo, mis aux arrêts subséquemment à ses propos.

Que faisait le 1er mai cet organisme privé, nouvellement chargé depuis fin 2017 de la sécurité de toute cette grande région ? Où étaient les agents chargés de la sécurité des lieux pendant que nos futurs otages, et leur guide et chauffeur béninois Fiacre Gbédji, dont Laurent Lassimouillas a révélé qu’il a été sauvagement assassiné, découvraient une des plus belles régions d’Afrique occidentale ?

Est-ce la privatisation, contestée à l’époque par de nombreux Béninois, de la mission de sécurité d’un lieu très touristique, qui a créé les conditions possibles de la tragédie vécue depuis le 1er mai ? La question doit être posée car il y a eu mort d’hommes !

Les élections législatives du 28 avril dernier, confisquées par le pouvoir de Patrice Talon, avaient déjà causé plusieurs morts il y a quinze jours à Cotonou. La France s’était émue le 3 mai, par la voix du quai d’Orsay, d’une « participation historiquement basse ».

Mais avec cette prise d’otages le 1er mai et surtout la disparition tragique de deux militaires français, lors de leur libération, c’est aussi la France qui est à présent concernée et qui doit réclamer toute la lumière sur ce qui s’est passé le 1er mai.

Certes, le président de la République Emmanuel Macron a eu raison de publier un communiqué par lequel il « remercie également les autorités béninoises et burkinabè pour leur parfaite coopération. Il les assure de l’entière volonté de la France à les aider dans leur lutte contre le terrorisme au Sahel. »

Mais notre propos porte sur les conditions de gestion de la sécurité du parc, prisé des touristes, qui auraient pu – peut-être – permettre d’éviter le pire.

Seule une mission d’enquête parlementaire, indépendante et courageuse (car les pressions diplomatiques et politiques ne vont pas manquer pour empêcher que n’éclate la vérité), saura démêler le fil de cette tragédie bénino-française.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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