International
08H00 - dimanche 19 mai 2019

Avec des si… L’humeur de Catherine

 

… Paraît-il, on mettrait Paris en bouteille. En bouteille ? Paris ?! Pourquoi pas ? Est-ce vraiment impossible ? Plus impossible que discuter par vidéoconférence d’un hémisphère à l’autre ? Qu’en auraient pensé nos ancêtres qui épuisaient leurs chevaux de relais en relais pour porter une missive qui arrivait quand elle pouvait. Parfois jamais.

Je reprends donc : un jour, on mettra Paris en bouteille. La ville, ses monuments et tous ses habitants. Et on les enverra à l’autre bout de l’univers, peut-être même au-delà, sur une nouvelle planète, que l’on aura repérée, à l’aide d’un télescope aussi petit que puissant. Cette Terre providentielle, parce que déserte et habitable, nous attendra en orbitant autour d’un joli soleil, jeune et plein d’avenir, qui ne menacera pas de nous emporter avec lui dans son bouquet final.

Idée farfelue, direz-vous ? Délire abracadabrant ?

Point n’en faut…

En science, il suffit d’un « si » pour allumer la mèche et propager le feu, d’esprit téméraire en génie. Il suffit d’un seul « si », et les idées rebondissent, se fécondent et se multiplient de découvertes en inventions, inimaginables un instant, dépassées, le suivant, répandant sa lumière, jusqu’au jour où enfin, l’hypothèse la plus folle se concrétise sous nos yeux.

Elle est partie très loin, la Catherine, cette fois-ci.

Les circonstances s’y prêtent. Ces derniers jours, à Paris, s’est déroulé le VivaTech, rendez-vous international des leaders de l’innovation, sorte de grand salon du rêve, pardon !, de la réalité. La réalité en marche. Et j’ai choisi, en son honneur, de présenter une nouveauté qui améliorera la qualité de vie de quelques centaines de millions de personnes dans le monde (1).

J’aurais pu vous parler de ces taxis volants, développés par Lilium, une start-up allemande, que la RATP et son complice Airbus envisagent de mettre en service dans les années à venir. J’aurais pu raconter la création à Cambridge du premier organisme vivant 100 % synthétique, dont les applications tant en matière de médecine que d’énergie renouvelée seront multiples et variées. J’aurais pu aussi évoquer cette thérapie génique qui rendra la vue aux aveugles, ou d’autres inventions à vous couper le souffle. J’ai préférer opter pour une prouesse technologique qui pourtant ne paie pas de mine : une prothèse auditive.

Le premier défaut, aujourd’hui, des aides à l’audition est qu’elles ne permettent pas de différencier les sons et de les hiérarchiser. Ainsi, dans un restaurant, où les conversations se mêlent aux cliquetis des couverts, aux bruits de circulation ou de mastication, les personnes appareillées n’entendent qu’un brouhaha, et les moments de partage se transforment pour elles en calvaire. Le plus souvent, de guerre lasse, elles baissent discrètement le volume de leur sonotone, d’un coup de doigt derrière l’oreille, pour ne pas attraper une migraine en plus. Elles s’isolent dans leur monde, le nez dans leur assiette, jusqu’à la fin du repas. Le reste de la tablée ne le remarque pas. Le silence des sourds les rend invisibles.

Eh bien, notre nouvelle prothèse mettra bientôt un terme à cette situation. Comment ? C’est presque simple. À l’aide de quelques capteurs reliés au cerveau, le sonotone de demain perçoit et analyse les ondes cérébrales du sujet, et localise ainsi le centre de son attention. Ensuite, grâce à un algorithme capable de démêler les signaux acoustiques, il diminue l’intensité des sons parasitaires. Comme le ferait, spontanément, avec plus ou moins de succès suivant l’ampleur du tintamarre, le cerveau d’un bien-entendant. Et le tour est joué.

N’est-ce pas fabuleux ?

Pour répondre aux sceptiques, qui s’obstinent à n’éclairer que l’envers du progrès, j’emprunterai une phrase prononcée jeudi par Jack Ma, fondateur d’Alibaba, sur un podium du VivaTech : « Si vous voyez la révolution technologique comme un problème, c’est un problème qui ne fait que commencer. Si vous la voyez comme une opportunité, alors l’opportunité ne fait que commencer. » 

Dans leurs laboratoires de l’ombre, des bandes de scientifiques furieusement entêtés, follement passionnés, chauves ou échevelés, œuvrent sans cesse à repousser les limites de l’humanité. Un jour, au détour d’un miracle, nous rencontrons leur découverte, qui aura sauvé l’un des nôtres, allégé notre quotidien, raccourci les distances, ouvert nos horizons…

Alors disons oui aux rêveurs, encourageons nos enfants à envisager, supputer, imaginer, élucubrer, pour qu’ils puissent un jour nous surprendre et nous émerveiller.

Sans « si », on s’ennuierait, sans « si » on piétinerait, sans « si », il n’y a pas de vie.

 

Catherine Fuhg, auteure, réalisatrice

 

 

 

 

 


(1) Côté chiffres, selon l’OMS, 466 millions de personnes souffrent de surdité ou d’altération de l’audition dont 34 millions d’enfants. On estime qu’en 2050, une personne sur dix souffrira de surdité dans le monde. Les impacts sociaux avérés : solitude, isolement, frustration, dépression…

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