Sofiane HADJI, directeur Général d’Eur’hop ! et étudiant en Master 2 Affaires Publiques à Paris Dauphine, appelle les jeunes à voter aux Européennes.
Tous scrutins confondus, les élections européennes restent le rendez-vous électoral qui connaît le plus fort taux d’abstention. Mais le pire score… concerne notre jeunesse ! Selon une étude de l’IFOP, seuls 23 % des ces mêmes jeunes français, âgés de 18 à 25 ans, prévoient de voter aux Européennes le 26 mai.
Peut-on parler d’un divorce ou simplement d’un fossé se creusant de manière quasi inexorable entre citoyens (jeuneset moins jeunes) de notre pays et institutions européennes ? La réponse du grand projet européen reste encore, pour la majorité d’entre nous, un vague concept, aussi lointain qu’incertain.
Le paradoxe résulte du faitque l’Europe paraît bien lointaine, tout en étant néanmoins présente dans le quotidien de toutes et tous. Certes, l’Europe existe un tant soit peu quand il s’agit de compétitions sportives, telle que la célèbre « Ligue des Champions » qui permet de voyager à travers l’Europe lors des grandes soirées de football, ou encore à travers notre monnaie unique, sans oublier notre mobilité avec l’espace Schengen.
Mais au-delà de ces images et de ces symboles, nous ne sommes pas capables de nous projeter dans le projet européen.
Même si nous considérons que la monnaie unique, ou encore l’espace Schengen sont ancrés dans notre vie quotidienne, l’Union européenne, en tant qu’institution émancipatrice, reste invisible dans le commun de tous. Et particulièrement dans celui des « oubliés ».
En effet, l’Europe n’est pas audible chez les jeunes résidant en banlieue, ni dans nos zones reculées (campagne et outre-mer). Nombre de programmes économiques ou sociaux proposés par l’Europe n’atteignent pas cette cible. La raison ? Le manque d’information et de pédagogie.
Les citoyennes et les citoyens ne veulent plus entendre des chiffres ou des statistiques, mais veulent voir des réalisations concrètes permettant de changer, de manière intrinsèque, leur quotidien.
Alors, comment se projeter sans informations précises, sans même être en contact avec les différents acteurs politiques ? Certains brillent par leur absentéisme, ou encore par leur présence médiatique lors de multiples reportages pré-électoraux, alors que ces derniers pourraient, tout au long de l’année, venir travailler à régénérer notre tissu social en l’espace de deux heures de TGV.
Qui connaît le Président de la Commission européenne ? Qui connaît le fonctionnement concret du système politique européen ? Qui connaît nos parlementaires européens ? Leurs prérogatives précises ? Cette connaissance est pour l’instant l’apanage d’une frange minoritaire de la population.
Nous devons redynamiser notre démocratie en donnant la parole à toutes les branches de la société. Il faut remettre au centre du jeu le citoyen, qu’il soit acteur associatif, ouvrier, chef d’entreprise, étudiant, cadre… Nous nous devons de casser cette intangible digue pour enfin réaliser le rêve d’une Europe réellement unie dans sa diversité.
Bruxelles ne doit plus être une tour d’ivoire, mais un lieu réellement accessible et connu de tous.
Place désormais aux actes. L’Europe doit être perçue comme une opportunité. Elle doit permettre l’accomplissement des citoyens, tout en demeurant un catalyseur pour l’avenir de la jeunesse européenne.
Le moment est venu de co-construire des solutions avec ceux qui décident pour nous économiquement, politiquement ainsi que culturellement parlant. Nous avons pour devoir de débattre de la place du citoyen au sein de l’Europe, des grands défis, mais aussi des préoccupations les plus fondamentales de la vie quotidienne, telles que l’emploi, le pouvoir d’achat, la solidarité…
La transition écologique pourrait, à l’image de notre précédente révolution industrielle, servir de vecteur d’initiatives pour une Europe en manque de leadership mondial. Elle permettrait d’unifier l’ensemble des peuples européens autour d’une vision commune. Car nul avenir ne se construit sans « mythe » fondateur. Et quelle plus belle perspective que la pérennisation de notre continent ? Sinon il risque fort de mériter définitivement son surnom de Vieux continent…
Inspirons-nous des réussites et laissons place à une Europe de terrain s’adressant directement aux citoyens et redonnons, ainsi, un souffle nouveau au projet européen. Par-là, nous pourrons peut-être recoudre le manteau d’Arlequin.
Le défi reste immense, mais il n’est pas insurmontable. De la réflexion à l’action, pour tous, notre action peut être l’étincelle et le début d’une belle histoire pour l’Europe de demain.
Pour ce faire, le 26 Mai, aux urnes citoyens !
Sofiane HADJI – Directeur Général d’Eur’hop ! – Étudiant en Master 2 Affaires Publiques à Paris Dauphine