Edito
17H48 - mercredi 19 juin 2019

Macron, héritier de Pompidou ? L’édito de Michel Taube

 

Il y a cinquante ans, le 20 juin 1969, Georges Pompidou accédait à la présidence de la République. Après six années à Matignon, il présida aux destinées de la France pendant cinq ans. Derrière l’apparence d’un « président tranquille », l’audace marqua ses choix pour la France.

On le sait, Georges Pompidou donna son nom à une institution culturelle longtemps controversée et aujourd’hui admirée pour son audace : le Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, également appelé « Centre Pompidou « ou « Beaubourg », du nom du plateau sur lequel l’édifice fut érigé. C’est effectivement l’architecture audacieuse du bâtiment qui défraya la chronique, qui abrite aujourd’hui l’une des trois plus importantes collections d’art moderne et contemporain au monde avec celles du Museum of Modern Art de New York et de la Tate Modern de Londres. Claude Pompidou, son épouse, adorait l’art contemporain et le couple présidentiel fut, – à sa manière et de l’Elysée – , parmi les meilleurs ministres de la culture de France (avec Malraux et Jack Lang).

Audacieuse fut également la politique du Président Georges Pompidou qui assura et assuma avec succès la transition entre deux époques. Bernard Esambert, qui conseilla en son temps l’homme d’Etat et préside aujourd’hui l’Institut Georges-Pompidou (qui organise les 20 et 21 juin un important colloque sur son actualité), nous confie : « On doit à Georges Pompidou la pérennisation de la Vème République, ce qui n’allait pas de soi après le décès de son emblématique fondateur, le général de Gaulle, homme d’État exceptionnel. On lui doit aussi la concrétisation d’une grande ambition : doter la France d’une économie forte, basée sur le développement industriel autour de grands groupes français, mais aussi d’un tissu de petites et moyennes entreprises, complément naturel et indispensable des fleurons industriels. Le résultat fut une croissance de plus de 6 % sur une période de plus de cinq ans, ce qui fut supérieur à la moyenne de l’Europe et même de l’Allemagne. Il est remarquable que le Président Pompidou ait œuvré en faveur d’une répartition équitable des gains de productivité entre les salariés et les actionnaires, et ait initié plusieurs avancées sociales. Sans oublier la création du premier ministère de l’environnement. Indéniablement, les cinq années de présidence Pompidou furent marquées par la confiance en l’avenir et l’optimisme. Georges Pompidou a laissé une empreinte culturelle et architecturale extrêmement forte avec le Centre Beaubourg, mais son legs industriel et économique est de même envergure : le nucléaire civil, Arianne, Airbus, le TGV… Tous ces programmes industriels ont participé significativement au développement et à la modernisation de la France, alors éclaireur et leader au sein de l’Europe. Tous les chefs d’État qui lui ont succédé se sont efforcés de continuer l’œuvre industrielle de Georges Pompidou. »

 

Du pompidolisme au macronisme

Malgré la maladie qui l’a emporté trop tôt, Georges Pompidou a donc été l’homme de la transition entre les deux mondes, celui de l’après-guerre et celui de la « modernité », qu’incarnera ensuite davantage Valéry Giscard d’Estaing, du moins dans la première moitié de son septennat.

Cinquante ans après, la droite centriste de Pompidou, aussi libérale que sociale, est finalement toujours au pouvoir, mais dans une forme nouvelle, mutante : le macronisme satisfait aujourd’hui l’électorat du centre, comme le fit le pompidolisme en son temps.

Au fond, la question du jour pourrait être : le macronisme serait-il l’héritier du pompidolisme ?

Emmanuel Macron et Edouard Philippe s’inscrivent dans la continuité de Georges Pompidou, si tant est que la comparaison fasse sens, tant les époques sont différentes. Trente glorieuses pour l’un, monde en crise pour l’autre… L’actuel Premier ministre, Edouard Philippe se réclame en tout cas et notamment de Pompidou auquel il fit référence dans sa Déclaration de politique générale le 12 juin 2019.

Quant à Emmanuel Macron (qui pourrait s’inspirer davantage de l’audace de Pompidou pour impulser en France une grande politique industrielle), il réinvente le centrisme : il en fait même la boussole de la vie politique française, substituant ce centre de gravité au duel éternel entre la gauche et la droite.Le pompidolisme des temps présents est logé à l’Elysée, c’est peut-être le meilleur héritage qu’ait pu laisser feu Georges Pompidou.

 

Michel Taube

 

Pour découvrir ou redécouvrir Georges Pompidou :

 

Colloque au Centre Pompidou les 20 et 21 juin : 

Avec Georges Pompidou, penser la France : Héritages et perpectives.

 

 

 

 

 


En partenariat avec l’Institut Georges-Pompidou et avec le soutien du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, Paris Match a conçu une exposition photo inédite sur le successeur du général de Gaulle. Une exposition en plein air et en libre accès à découvrir du 14 au 21 juin 2019 sur la place Stravinsky (Paris IVe).

 

 

A lire le livre « Dans l’intimité du pouvoir. La présidence de Georges Pompidou. », préfacé par Emmanuel Macron (éd. du Nouveau Monde)

 

 

 

 

 

 

 

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