Ce premier épisode de canicule se termine, mais on peut raisonnablement supposer que ce n’est pas le dernier pour cet été. Pas inutile donc de faire un point sur les impacts de la chaleur sur notre organisme et sur les quelques mesures à prendre pour supporter ces températures extrêmes.
Une canicule se caractérise par une très forte chaleur, de jour comme de nuit, qui dure sur plusieurs jours. Elle est particulièrement difficile à supporter quand elle s’accompagne d’un taux élevé d’humidité et/ou d’une absence de vent. Elle entraîne aussi le plus souvent une augmentation de la pollution atmosphérique à l’ozone. En effet, l’ozone se forme à partir des oxydes d’azote émis par le trafic routier et les COV (Composés Organiques Volatils) qu’on trouve dans l’essence, les solvants, les colles. Les rayons ultraviolets et la température au-dessus de 30°C rendent cette réaction plus intense qu’en temps normal.
Comment réagit notre corps en cas de fortes chaleurs ?
L’organisme cherche à s’adapter et met en place des mécanismes de régulation thermique pour maintenir la température corporelle à 37°C : la respiration s’accélère et la transpiration augmente, la chaleur du corps est alors abaissée par évaporation de l’eau sur la peau et les muqueuses respiratoires. Le système cardiovasculaire s’adapte lui aussi en dilatant les vaisseaux sanguins situés à la surface de la peau pour refroidir le sang.
Pour que ces processus soient pleinement efficaces, l’organisme doit être régulièrement hydraté pour compenser la perte d’eau due à la production de sueur et l’air ambiant doit être brassé pour favoriser l’évaporation de la transpiration.
Si la nature est bien faite et semble avoir tout prévu, nous ne sommes toutefois pas tous égaux face aux fortes chaleurs.
Les bébés et les enfants en bas âge sont particulièrement fragiles. Jusqu’à l’âge de 4 ans, le corps des enfants contient proportionnellement plus d’eau que celui d’un adulte, et en perd davantage via la peau et l’air expiré. En outre, chez les bébés, 25 % de l’eau de l’organisme est évacuée chaque jour, pour être renouvelée (contre 6 % chez l’adulte). Ces différents facteurs accentuent le risque de déshydratation.
Les personnes âgées perçoivent moins bien la chaleur et leur sensation de soif est atténuée, même lorsqu’elles ont besoin de boire. Leur capacité à transpirer diminue également. Les personnes en perte d’autonomie doivent souvent rester dans leur lit ou leur fauteuil, et dépendent d’autrui pour les actes du quotidien. Aussi, elles adaptent plus difficilement leur comportement à la chaleur.
La chaleur peut être plus pénible à supporter ou accentuer certains symptômes chez les personnes en mauvaise santé telles que la maladie de Parkinson, une maladie cardiovasculaire, les suites d’AVC, l’asthme ; obésité, dénutrition, maladie aiguë (infection par exemple) , troubles mentaux ou du comportement, peuvent entraîner une méconnaissance des risques engendrés par la canicule.
Certains traitements médicamenteux peuvent aussi majorer les effets de la canicule, ou gêner l’adaptation du corps à la chaleur, par exemple :
- l’aspirine (à partir de 500 mg par jour), peut perturber le fonctionnement des reins (organes assurant la régulation des entrées et sorties d’eau) ;
- les diurétiques accentuent les risques de déshydratation ;
- les neuroleptiques (traitant certains troubles mentaux) modifient la régulation thermique de l’organisme dans certains cas ;
- les antimigraineux limitent la vasodilatation et peuvent réduire la transpiration.
D’une façon plus générale, toute personne prenant un traitement médicamenteux devra être vigilante car une déshydratation même légère entraînera une augmentation de la concentration en médicament dans le sang.
Et même une personne en pleine santé devra modérer ses activités car les capacités de régulation de l’organisme ne sont pas infinies. Un sportif par exemple ne pourra pas transpirer suffisamment pour compenser à la fois l’augmentation de température due à l’effort physique et celle liée à l’environnement.
Comment pouvons-nous aider notre corps à supporter ces épisodes caniculaires ?
La première chose à faire est d’essayer de limiter l’augmentation de la température dans nos intérieurs, et particulièrement dans les chambres pour garder un sommeil récupérateur. Alors, on ferme volets, fenêtres et rideaux aux heures où le soleil darde. Et, a contrario, on ouvre aux heures où les températures sont les plus fraîches (entre 2h et 10h du matin). On prend une douche à peine tiède (surtout pas glacée), on se sèche à peine et on peut mouiller ses rideaux pour rafraîchir l’atmosphère.
On boit très régulièrement dans la journée, au moins un verre toutes les heures, de préférence de l’eau, fraîche mais pas glacée pour ne pas provoquer un choc thermique sur les muqueuses digestives. Si on n’aime pas l’eau pure, on ajoute dans une carafe quelques rondelles de citron, des feuilles de menthe, des fruits coupés en morceau. On évite les boissons sucrées qui font grossir, le thé et le café qui sont diurétiques et accélèrent les pertes en eau, et l’alcool qui augmente la température corporelle.
On mange frais et gorgé d’eau : à nous tartares, soupes froides et salades de légumes ou de fruits (le concombre, la tomate, la pastèque, le melon et les fraises sont particulièrement riches en eau). Attention toutefois de ne pas abuser des crudités car une diarrhée en période de canicule serait redoutable.
On essaye de ne pas sortir entre 10h et 18h, ou alors on marche à l’ombre…
On se mouille régulièrement le visage avec un brumisateur qui reproduit le mécanisme d’évaporation de la transpiration.
On est particulièrement vigilant avec les jeunes enfants et les personnes âgées et même avec nos animaux de compagnie qui souffrent souvent encore plus que nous.
Et on peut même entrer dans un édifice religieuxfaire une petite prière pour que la chaleur ne dure pas trop, il y fait généralement bien frais…
Bon courage, et bonne semaine !
Françoise Rosenpick
Docteur en pharmacie