Les tensions diplomatiques entre Londres et Pékin nées du soutien apporté par le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, aux manifestants à Hong Kong, ont culminé mercredi avec la convocation de l’ambassadeur chinois, qui avait appelé à éviter toute « ingérence ».
Convoqué au ministère britannique des Affaires étrangères, l’ambassadeur chinois s’est vu signifier que les propos du porte-parole de la diplomatie chinoise sur le Royaume-Uni étaient « inacceptables et inexacts », a déclaré un porte-parole du Foreign office.
Pour Pékin, Londres « semble être encore plongé dans les fantasmes des anciens colons britanniques », avait dénoncé au cours d’un point presse Geng Shuang, un porte-parole de la diplomatie chinoise, soulignant que « le Royaume-Uni n’a plus la moindre souveraineté » sur le territoire semi-autonome.
L’attachement affirmé par le gouvernement britannique aux droits et libertés à Hong Kong, territoire traversé par de vastes manifestations depuis juin, avait provoqué la colère de Pékin.
« Je pense que la relation (entre Londres et Pékin) a souffert de l’ingérence du gouvernement britannique au sujet de Hong Kong », a déclaré l’ambassadeur chinois, Liu Xiaoming, au cours d’une conférence de presse mercredi. Il avait appelé le gouvernement britannique à « s’abstenir de nouvelles ingérences pouvant nuire encore plus à la relation » entre la Chine et le Royaume-Uni.
Liu Xiaming s’était dit « très déçu » que le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt montre son « soutien envers des gens qui contreviennent à la loi ». Jeremy Hunt avait exprimé le « soutien indéfectible » de son pays à « Hong Kong et à ses libertés » lundi, jour du 22e anniversaire de la rétrocession de ce territoire à la Chine, marqué par l’assaut du parlement local par des manifestants hostiles au gouvernement pro-Pékin de Hong Kong.
Le lendemain, le ministre avait enclenché la vitesse supérieure en menaçant la Chine de « graves conséquences » si elle ne respectait pas l’accord de 1984 entre Londres et Pékin qui a présidé à la rétrocession du territoire.
En vertu de ce texte et du principe « Un pays, deux systèmes », Hong Kong jouit d’une semi-autonomie et de libertés très étendues n’existant pas en Chine continentale et ce, en théorie, jusqu’en 2047.
Accord juridiquement contraignant
« Message au gouvernement chinois : les bonnes relations entre les pays reposent sur le respect mutuel et le respect des accords juridiquement contraignants entre eux », a tweeté M. Hunt mercredi, en réponse aux propos de l’ambassadeur chinois.
Dans un entretien avec Channel 4 news dans la soirée, M. Hunt a déclaré être « très préoccupé par la réaction en Chine aux commentaires que j’ai faits, qui étaient très simples : nous voulons rester les meilleurs amis de la Chine, nous voulons commercer avec la Chine mais nous nous attendons à ce que les pays avec lesquels nous avons des accords internationaux contraignants respectent ces accords ».
La Première ministre Theresa May a aussi fait part de « ses inquiétudes aux autorités chinoises » au sujet de Hong Kong, a-t-elle expliqué mercredi midi aux députés.
Elle s’est dite « choquée par les scènes à Hong Kong lundi et l’usage de la violence au parlement local » et a souligné que « la vaste majorité des centaines de milliers de personnes qui ont défilé l’ont fait de manière pacifique et légale ».
A l’origine de la contestation, un projet de loi du gouvernement de Hong Kong autorisant les extraditions vers la Chine continentale a été suspendu, mais la colère est maintenant dirigée vers le gouvernement hongkongais dans son ensemble, accusé de laisser Pékin rogner les libertés.
« Il est vital que le haut degré d’autonomie de Hong Kong et les droits et les libertés instaurés par la déclaration commune sino-britannique soient respectés », a jugé Theresa May.
Boris Johnson, le favori pour la remplacer à la tête du gouvernement le 23 juillet, a de son côté affirmé qu’il « se ferait un plaisir de parler au nom (des manifestants hongkongais) et de les soutenir à chaque étape ».