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09H26 - vendredi 12 juillet 2019

Lancement du Suffren, nouveau sous-marin nucléaire discret et polyvalent

 

Une image du « Suffren » prise le 12 juillet 2019 à Cherbourg – AFP / ludovic MARIN

 

C’est le premier lancement de sous-marin français depuis plus de dix ans : Emmanuel Macron célèbre vendredi la fin de la construction du Suffren, premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), plus discrets et polyvalents.

La cérémonie sur le site de Naval Group à Cherbourg se déroulera en fin de matinée en présence du chef de l’Etat, qui prononcera à cette occasion une allocution consacrée à la Défense.

Le monstre d’acier noir de 99 mètres de long tient son nom de Pierre-André Suffren, un amiral qui s’est illustré face aux Anglais au XVIIIe siècle. Il repose en ce moment sur son dispositif de mise à l’eau, sorte d’ascenseur à bateau. La mise à l’eau proprement dite n’aura lieu que fin juillet, avec trois ans de retard, avant des essais à quai, puis en mer, et sa livraison à la Marine nationale à Toulon avant l’été 2020.

D’un coût de 9,1 milliards d’euros, le programme Barracuda, dont le Suffren est le premier exemplaire, vise à remplacer les six sous-marins de classe Rubis entrés en service à partir du début des années 1980. Un premier Rubis, le Saphir, vient de rejoindre Cherbourg pour y être désarmé.

Les Barracuda, dont le dernier devrait entrer en service en 2030, sont beaucoup plus imposants que leurs prédécesseurs (5 300 tonnes en plongée contre 2 670 pour les Rubis) et offrent un vrai saut générationnel à la Marine nationale, observe Patrick van den Ende, spécialiste des sous-marins.

« C’est un outil militaire qui arrive à un moment absolument indispensable », a estimé jeudi sur CNews le chef d’état-major interarmées, le général François Lecointre.

« On passe de la (Peugeot) 207 à la Formule 1 », se félicite le capitaine de vaisseau Bertrand Dumoulin, porte-parole de la Marine nationale.

Particularité: il n’a pas de périscope, élément emblématique de la guerre sous la mer. Pour voir ce qu’il se passe à la surface, plus de tube coulissant traversant la coque, ce qui en faisait un point de vulnérabilité, mais des caméras placées en haut d’un mât qui retransmettent les images sur les écrans des sous-mariniers.

Les SNA n’emportent pas de missiles nucléaires, contrairement aux quatre sous-marins lanceurs d’engins français (SNLE) qu’ils sont notamment chargés de protéger. Ils sont qualifiés de « sous-marins nucléaires » car leur propulsion provient d’un réacteur nucléaire compact, qui leur assure autonomie et discrétion acoustique par rapport aux sous-marins conventionnels à propulsion diesel-électrique.

 

Opération Hamilton

Cette discrétion devrait être « presque 10 fois » supérieure à celle des Rubis, selon Bertrand Dumoulin.

La mission du SNA consiste à protéger les bâtiments précieux comme les porte-avions et SNLE, traquer les sous-marins ennemis et recueillir du renseignement au plus près des côtes ennemies.

Il pourra aussi déployer des forces spéciales via un hangar de pont amovible.

« C’est une base avancée secrète et immergée pour les nageurs de combat et leur équipement, dont un mini-sous-marin », explique Bertrand Dumoulin.

Et il aura enfin la capacité de tirer des missiles de croisière navals (MdCN), d’une portée de 1 000 kilomètres, contre des cibles terrestres.

« S’il devait se reproduire un raid du type de celui que nous avons dû conduire lors de l’opération Hamilton, commandée par le président de la République l’an dernier contre des installations chimiques en Syrie, on pourrait employer ce type d’armes tirées à des centaines de kilomètres depuis le dessous de la mer », selon le général Lecointre.

Le Suffren pourra naviguer jusqu’à 70 jours en parfaite autonomie à 350 mètres de profondeur, selon la Direction générale de l’Armement.

Son lancement intervient dans un contexte d’augmentation mondiale du nombre de sous-marins (+6% en 5 ans). Il y en aujourd’hui plus de 450. Si les Etats-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni sont les seuls avec la France à être dotés de SNA, de nombreux pays renouvellent leur flotte conventionnelle (Inde, Australie) et d’autres s’en dotent pour la première fois (Malaisie, Bangladesh, Vietnam).

« En Asie du Sud et du Sud-Est, la menace chinoise incite les Etats à se doter de ces capacités parce qu’elles constituent un excellent moyen de défense, de déni d’accès et de protection des infrastructures stratégiques », explique Patrick van den Ende.

Proposé aux Pays-Bas, le Barracuda est déjà un succès à l’export dans une version à propulsion diesel-électrique : 12 exemplaires ont été vendus à l’Australie.

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