Elisabeth Borne, des réformes des transports à l’écologie
La ministre des Transports Elisabeth Borne, nommée pour succéder à François de Rugy, a fait ses preuves au gouvernement en conduisant la délicate réforme de la SNCF, et a déjà piloté les dossiers écologiques sous Ségolène Royal, dont elle a dirigé le cabinet.
Cette ingénieure de 58 ans, sortie de l’Ecole Polytechnique en 1981, haute fonctionnaire marquée à gauche, est déjà la troisième à prendre en charge le maroquin de l’environnement sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, après les mandats écourtés de Nicolas Hulot puis François de Rugy.
Mme Borne gardera parallèlement le portefeuille des Transports, qu’elle pilote depuis 2017, sans pour autant reprendre le titre de ministre d’Etat de ses prédécesseurs.
Technicienne et exigeante, réputée bien connaître ses dossiers et ne se laissant pas démonter, Elisabeth Borne a, durant ses deux années aux Transports, gagné une assise certaine en menant à son terme l’une des réformes emblématiques du gouvernement Macron, celle de la SNCF.
En dépit d’une grève des cheminots historique par sa durée, la réforme, promulguée mi-2018, prévoit notamment l’ouverture à la concurrence du transport des voyageurs et la suppression à partir du 1er janvier 2020 des embauches au très protecteur statut de cheminot.
Un autre chantier d’envergure, qu’elle est en train de boucler, est le projet de loi sur les mobilités (LOM).
Ce texte, qui doit revenir en septembre en nouvelle lecture au Parlement faute d’accord entre les deux chambres, a une composante environnementale affichée: il s’agit notamment de « verdir » les transports en prenant en compte les « nouvelles mobilités » et les impératifs de lutte contre la pollution.
Le texte doit entre autres fixer un cadre pour la circulation des trottinettes électriques, rétribuer les salariés allant travailler à vélo, ou permettre aux communes de créer des « zones à faible émission » (ZFE) interdisant la circulation de certains véhicules polluants à certaines heures.
UE : l’Allemande von der Leyen, élue de justesse première femme à la tête de la Commission
L’Allemande Ursula von der Leyen est devenue mardi la première présidente de la Commission européenne mais elle a été élue d’extrême justesse par le Parlement européen, traduisant le ressentiment des eurodéputés à l’égard d’une candidate imposée par les chefs d’Etat.
Interrogée sur sa très courte victoire, elle a déclaré lors d’une brève conférence de presse : « Dans la démocratie, la majorité c’est la majorité ».
Européenne convaincue
Cette proche de la chancelière Angela Merkel, désignée le 2 juillet par les dirigeants européens lors d’un sommet de trois jours à Bruxelles, a obtenu 383 voix lors d’un vote à bulletins secrets.
Mme Merkel a aussitôt félicité une Européenne « convaincue » tandis que son prédécesseur, Jean-Claude Juncker, a déclaré qu’elle serait « une grande présidente ».
« Nous pouvons être fiers de l’Europe » a réagi le président français Emmanuel Macron qui a beaucoup oeuvré pour sa candidature. « Redoublons nos efforts pour renforcer la relation transatlantique », a pour sa part tweeté l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’UE, Gordon Sondland.
Mme von der Leyen devait recueillir une majorité absolue de 374 voix, quel que soit le nombre de votes exprimés, pour succéder en novembre à M. Juncker qui appartient à la formation de droite du PPE, comme elle.
En 2014, Ce dernier avait obtenu 422 suffrages contre 250.
Il y a deux semaines, « je n’avais pas encore de majorité, car on ne me connaissait pas. Il y avait beaucoup de ressentiment que je comprends concernant le processus du spitzenkandidat », a fait valoir celle qui est la première Allemande depuis 52 ans à prendre la direction de l’exécutif européen.
En proposant sa candidature surprise, les chefs d’Etat et de gouvernement ont en effet ignoré ce système qui fait des chefs de file élus par les familles politiques pour les élections européennes les prétendants à la présidence de la Commission.
Après 30 ans, le Soudan fait un pas crucial vers la démocratie
Les généraux au pouvoir et les meneurs de la contestation au Soudan ont signé mercredi un accord sur le partage du pouvoir, qualifié de « crucial », après des mois de manifestations marqués par la destitution du président Omar el-Béchir et une répression brutale.
Tôt mercredi, après des négociations qui ont duré toute la nuit, les deux parties ont paraphé une « déclaration politique », premier pas vers un gouvernement civil, principale revendication des contestataires.
Des discussions doivent encore avoir lieu dans les prochains jours sur d’autres points, notamment sur l' »immunité absolue » réclamée par les militaires au pouvoir et rejetée par le mouvement de contestation.
Un Conseil souverain composé de cinq militaires et six civils sera chargé de mener la transition pendant un peu plus de trois ans. Les militaires présideront cette instance pendant les premiers 21 mois, les civils prendront la relève pour les 18 mois restants.
Nouvelle ère
A l’issue de la rencontre dans un hôtel de luxe de Khartoum, le numéro 2 du Conseil militaire au pouvoir, Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemeidti », également commandant des redoutées Forces de soutien rapide (RSF), a salué un moment « historique ».
Après avoir apposé ses initiales sur le document, il a déclaré que cette signature ouvrait « une nouvelle ère prometteuse de collaboration entre les forces armées, les RSF et les dirigeants de la glorieuse révolution soudanaise ».
« Aujourd’hui, nous nous sommes accordés sur la déclaration politique », a indiqué pour sa part Ibrahim al-Amin, un des meneurs de la contestation. « Pour le document constitutionnel, nous reprendrons les négociations vendredi », a-t-il ajouté.
Alors que les généraux quittaient l’hôtel, des employés de l’hôtel et des journalistes ont scandé « gouvernement civil ». Des dizaines de personnes rassemblées dans le quartier ont repris ce slogan de la contestation.
En début d’après-midi, quelques dizaines d’étudiants ont scandé à tue-tête « révolution » et « gouvernement civil » devant leur université à Khartoum.
« En tant que citoyens, nous sommes plutôt satisfaits par cet accord. Mais nous voulons aussi venger nos martyrs », lance une étudiante, Iman Tayfor, en allusion aux manifestants tués pendant la répression du mouvement de contestation.
« On ne se taira pas tant que le gouvernement ne sera pas entièrement donné aux civils », renchérit un de ses camarade, Ahmed Abdlehalib.
Taxation du numérique : la France campe sur ses positions avant le G7 Finances
Le ministre français Bruno Le Maire a assuré que son pays ne cèderait pas sur la taxe sur les géants du numérique, même s’il s’attend à des discussions « difficiles » avec les Etats-Unis lors du G7 qui s’ouvre mercredi à Chantilly (Oise).
« Ce sera difficile, je le sais. La position américaine s’est durcie récemment », avec l’ouverture d’une enquête sur la taxe récemment approuvée par la France qui pourrait entraîner des sanctions contre Paris, a déclaré M. Le Maire à l’ouverture de la réunion annuelle des ministres des Finances des sept économies les plus avancées.
La rencontre bilatérale initialement prévue à 10H30 (08H30 GMT) entre M. Le Maire et son homologue américain Steven Mnuchin pour évoquer les différends entre les deux pays sur la taxe du numérique, devrait finalement se dérouler dans l’après-midi, a indiqué l’entourage du ministre.
Le secrétaire au Trésor est arrivé peu après 13h00 à Chantilly, en retard sur l’horaire prévu en raison d’un problème à Washington avec son avion Air France, comme l’a constaté un journaliste de l’AFP à bord.
« Je lui redirai que la France maintiendra sa taxation du numérique telle qu’elle a été adoptée par le peuple français à travers le Sénat et l’Assemblée nationale », a expliqué le ministre français.
Avant de retrouver ses collègues, M. Le Maire a réitéré son appel à chercher un « consensus » à Chantilly qui « ouvre la voie » à un accord international au sein de l’OCDE d’ici 2020.
« Je voulais dire à quel point un accord au niveau du G7 est décisif », a-t-il déclaré. « Si nous ne trouvons pas d’accord au niveau du G7 sur les grands principes de la taxation du digital aujourd’hui ou demain, franchement ce sera difficile d’en trouver un entre 129 pays à l’OCDE », a-t-il prévenu.
Selon lui, la France a d’ailleurs fait « un geste d’ouverture très important vis-à-vis » des « alliés américains » en acceptant de travailler à l’OCDE « sur la base américaine d’une taxation plus large qui touche toutes les activités numériques de toutes les entreprises ».
Le ministre français, qui a qualifié la Grande-Bretagne « d’allié très motivé » car « elle réfléchit à un dispositif similaire », a déjà indiqué plusieurs fois à son homologue américain que la France retirerait son projet de taxation dès qu’un accord mondial serait trouvé au sein de l’Organisation pour la Coopération et le développement économiques (OCDE).