La Cour internationale de justice (CIJ) rendra mercredi sa décision sur le sort d’un Indien condamné à mort au Pakistan pour espionnage, une accusation rejetée par New Delhi et source de tensions entre les deux pays voisins.
Kulbhushan Sudhir Jadhav a été arrêté en mars 2016 dans la province pakistanaise instable du Baloutchistan. Les autorités pakistanaises affirment que M. Jadhav a reconnu être un espion travaillant pour le compte des services de renseignement indiens.
M. Jadhav, 48 ans, a ensuite été condamné à mort par une cour martiale en avril 2017 pour « espionnage, sabotage et terrorisme », ce qui a provoqué l’indignation en Inde.
New Delhi a toujours démenti que M. Jadhav soit un espion, accusant le Pakistan de l’avoir « enlevé en Iran où il se livrait à des activités commerciales après avoir pris sa retraite de la Marine indienne ».
L’Inde a saisi en mai 2017 la CIJ, créée après la Seconde Guerre mondiale pour régler les différends entre Etats, afin d’empêcher l’exécution. New Delhi accuse en outre Islamabad de « graves violations » de la convention de Vienne sur les relations consulaires.
La CIJ, principal organe judiciaire de l’ONU, rendra son arrêt à 15h00 (13h00 GMT) au Palais de la Paix, son siège situé à La Haye. Les décisions de la Cour sont contraignantes et ne sont pas susceptibles d’appel. La CIJ n’a cependant aucun moyen de les faire appliquer.
– Activités « terroristes » –
Pendant des audiences à la Cour en février, les représentants de l’Inde ont dénoncé une « propagande malveillante » de la part du Pakistan. Islamabad a de son côté accusé M. Jadhav d’activités « terroristes » et a affirmé que les autorités indiennes avaient commandité des activités illégales visant à créer l’anarchie au Pakistan.
Ces audiences s’étaient déroulées dans un contexte de vives tensions entre les deux pays, quelques jours après un sanglant attentat au Cachemire indien qui avait provoqué la mort de 41 paramilitaires indiens.
L’Inde et le Pakistan s’accusent régulièrement d’envoyer des espions, et il n’est pas rare qu’ils expulsent des diplomates accusés d’espionnage, notamment lorsque leurs relations se tendent. Mais cela s’est rarement soldé par des condamnations à mort ces dernières années.
M. Jadhav, fils d’un officier de police et père de deux enfants, avait rejoint en 1987 la prestigieuse Académie nationale de défense indienne et a été embauché en 1991 par la marine indienne comme ingénieur. Il aurait par la suite créé une entreprise en Iran.
La CIJ est déjà intervenu précédemment dans l’affaire et a émis une ordonnance urgente en 2017 invitant le Pakistan à surseoir à son exécution, en attendant que l’affaire soit traitée sur le fond.
Charlotte VAN OUWERKERK