« Ce samedi 27 juillet, les ministres du gouvernement de la République partent en vacances pour trois semaines, soit plus que la grande majorité des Français. Le président Macron a même pris les devants en se mettant à l’abri de la canicule dès mercredi 24 juillet au soir. Comment osent-ils pareil affront, alors que le peuple étouffe de chaud, que l’économie ne finit d’être moribonde et que les braises de la contestation sociale ne demandent qu’à se raviver. Les salauds, les flemmards, les glandeurs, les planqués qui bouffent du homard sur un plage privée aux frais de la princesse que nous sommes. C’est de la provocation, de l’incitation à la révolte, un appel aux gilets jaunes à prendre le relais du maillot jaune… « Tu verras Macron, on va te les faire payer, tes vacances et celles de tes ministres. Ta réforme des retraites sonnera comme ta propre retraite, ton propre glas. »
Vraiment ?
Il est vrai que ce type de propos extravagants pourrait parfaitement être entendu dans les cortèges de Gilets jaunes, ceux en particulier qui se roulaient et se roulent toujours avec obstination dans la fange du complotisme, de la haine, du ressentiment et de la jalousie. Sans doute, la situation de la France justifierait-elle que les membres du gouvernement ne partent jamais en vacances. Mais en réalité, à aucun moment de leur mandat, un ministre ne peut avoir l’esprit totalement dégagé. Jour et nuit, sept jours sur sept et 365 jours par an, un ministre est au minimum d’astreinte, au sens du droit du travail. Et même durant ses congés effectifs, il ne peut être totalement déconnecté de ses obligations. En ce sens, nos ministres sont comme les Français puisque 70% d’entre nous confessaient ne pas arriver à décrocher du travail en vacances à cause du téléphone portable… Servitude volontaire, quand tu nous tiens…
En août prochain, tout peut arriver : une canicule encore pire que celle qui vient de s’achever ou une guerre entre les Etats-Unis et l’Iran ne peuvent être exclues. Alors les ministres et le chef de l’Etat devront être immédiatement sur le pont. Et bien entendu, ils le seront, qu’il s’agisse de cet exécutif ou de n’importe quel autre.
On ne va évidemment pas pleurer sur le sort de nos gouvernants. Aucun ministre n’a été installé de force dans son ministère, et la plupart d’entre eux pourront, si tel est leur choix, poursuivre une enrichissante carrière dans le privé, à l’issue de leur mandat. Peut-être y a-t-il quelque chose de maladroit dans la durée des congés que s’accorde l’exécutif. Mais il faut avoir conscience qu’un ministre est plus proche de la journée que de la semaine de 35 heures.
Il n’est pas dans l’intérêt des Français que notre direction politique soit assurée par des femmes et des hommes (et oui, les ministres en sont aussi) surmenés, au bout du rouleau, peut-être tentés d’user ou d’abuser de fortifiants ou produits dopants, si légaux soient-ils. Un ministre, et plus encore un président de la République, est marié avec son pays. Sa famille, c’est le gouvernement et sa vie privée passe au second plan. Beaucoup de ceux qui reprochent aux ministres de trop partir en vacances ou d’être trop rémunérés (mais bien moins que le sont les dirigeants de grandes entreprises) ne supporteraient pas leur rythme de travail. La critique est facile et souvent hypocrite.
Ce qui importe, c’est que notre gouvernement revienne de vacances requinqué et apte à faire face aux gigantesques défis qui l’attendent, et qui nous attendent. La détente est également propice à la réflexion, à la méditation, à la prise de recul, parfois à la remise en question.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, et vous tous, Français et habitants de France et de Navarre, Opinion Internationale vous souhaite d’excellentes vacances.
Mais si vous les méritez, honorables grands et éminents de France, c’est parce que nous le valons bien !
Michel Taube