Ancien spécialiste de l’audit en comptabilité, Abdelali Aboutaj développe Deltaline, une PME basée en Alsace depuis une quinzaine d’années, dans le domaine des transports et de la logistique. Très proche de son personnel, ce Marocain attaché aux valeurs d’ouvertures marocaines, emploie environ 70 personnes. Conscient des enjeux politiques de son pays, il se confie à cœur ouvert pour Opinion Internationale.
Quelles sont les valeurs que vous transmettez dans votre entreprise ?
Tout d’abord, il faut qu’il y ait du sens à ce que l’on fait ! Parce qu’être porteur d’une double culture, c’est pour moi un facteur positif, et donc sans s’en rendre forcément compte, nous transmettons ces valeurs de façon automatique. Je pense à la générosité, et l’empathie par exemple. Quand on emploie quelqu’un dans notre entreprise, ce n’est pas un numéro, un nom, ou une personne qui applique une tâche. Nous l’abordons dans sa globalité, une personne à part entière tout simplement, qui existe à travers ses problèmes, avec les défauts de ses qualités. Certes la cohésion de l’équipe est indispensable, sans que cela inhibe l’individu. Ainsi nous nous intéressons aux difficultés que peuvent rencontrées nos salariés, à titre d’exemple la dématérialisation, celle-ci s’accélère depuis quelques années, nous mettons donc des solutions en œuvre pour apporter des aides a ceux qui en ont besoin pour s’adapter.
En tant qu’expatrié, comment voyez-vous le Maroc de 2019 ?
J’ai quitté le Maroc il y a plus de 30 ans, donc forcément le changement est phénoménal ! Nous avons une filiale sur place, et nous pouvons traiter certains dossiers depuis la France assez facilement. Même si parfois, il y a quelques couacs (sourire), mais cela fait partie de la vie quotidienne. Mais ce qui est indéniable, c’est que les choses avancent.
Et le Maroc de demain, en 2024 par exemple ?
Tout va s’accélérer ! Car l’économie marocaine est ouverte à l’international. Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, un gros travail a été initié pour la dématérialisation des administrations,le fisc et les douanes le sont presque entièrement. Tout ce qui participe à accélère le mouvement est créateur de richesse. Pour les entreprises c’est plus qu’une nécessité.
Pour la majorité des Marocains, obtenir un extrait de naissance via Internet est devenu possible.
En résumé, nous fabriquons aujourd’hui notre demain ; et 2024 c’est pour demain.
Vous pensez finir votre carrière dans votre pays d’origine ?
J’ai déjà un pied sur place ! Et pour moi, il faut impérativement marcher sur ses deux pieds. Être présent là-bas et ici, tel est l’équilibre indispensable auquel je tiens.
Peut-on être royaliste au Maroc, et républicain en France ?
Oui ! L’Etat marocain n’est pas né avec l’indépendance, la royauté fait partie de l’histoire du Maroc, garante de l’unité nationale, elle fait l’objet d’un très grand consensus, en somme elle fait partie de nous-même. Alors quand on parle de tolérance, d’acceptation de l’autre, la construction du commun, c’est des valeurs avec lesquels j’ai grandi, toutes ces valeurs ont trouvé naturellement leur place dans le champ de la laïcité.
Etre porteur d’une double culture, c’est une fierté et une chance, n’a-t-on pas dit que la richesse est une différence.
La Fête du trône est-elle toujours aussi symbolique pour la société marocaine ?
Elle est toujours aussi forte, car c’est un moment de communion. C’est le moment où le roi pose les jalons, concernant les nouvelles politiques à développer, avec une vision sur le futur. Les Marocains ont besoin de ce moment solennel qui leur permet de fixer un cap, peu importent les générations, jeunes ou moins jeunes.
Comment résumer le Maroc en une phrase ?
J’ai envie de citer un célèbre slogan publicitaire : l’éblouissement des sens ! [Rires].
Propos recueillis par Saliou Diouf